Bulletin of Sri Aurobindo International

Centre of Education

Bulletin du Centre International d' Éducation Sri Aurobindo

 

Février 1973

 

Contents :

Table des Matières:

The Synthesis of Yoga

The Yoga of Self-Perfection

The Divine Shakti

— Sri Aurobindo

La Synthèse des Yogas

Le Yoga de la Perfection de Soi

La Shakti Divine Personnalité

— Sri Aurobindo

Sri Aurobindo:

Thoughts and Aphorisms

Mother Answers

Questions and Answers

Notes on the Way

(Translation)

The Mother

Sri Aurobindo:

Pensées et Aphorismes

Mère Répond

Entretiens

Notes sur le Chemin

(Original) 

 — La Mère

Sri Aurobindo

Correspondence with Nirodbaran

Sri Aurobindo

Correspondance  avec Nirodbaran

Report on the Quarter

Rapport Trimestriel

Illustrations

 

The Synthesis of Yoga

 

The Synthesis of Toga

"All Life is Yoga"

 

Part IV

 

THE YOGA OF SELF-PERFECTION

 

CHAPTER XVI

 

THE DIVINE SHAKTI

 

THE relation between the Purusha and Prakriti which emerges as one advances in the Yoga of self-perfection is the next thing that we have to understand carefully in this part of the Yoga. In the spiritual truth of our being the power which we call Nature is the power of being, consciousness and will and therefore the power of self-expression and self-creation of the self, soul or Purusha. But to our ordinary mind in the ignorance and to its experience of things the force of Prakriti has a different appearance. When we look at it in its universal action outside ourselves, we see it first as a mechanical energy in the cosmos which acts upon matter or in its own created forms of matter. In matter it evolves powers and processes of life and in living matter powers and processes of mind. Throughout its operations it acts by fixed laws and in each kind of created thing displays varying properties of energy and laws of process which give its character to the genus or species and again in the individual develops without infringing the law of the kind minor characteristics and variations of a considerable consequence. It is this mechanical appearance of Prakriti which has preoccupied the modern scientific mind and made for it its whole view of Nature, and so much so that science still hopes and labours with a very small amount of success to explain all phenomena of life by laws of matter and all phenomena of mind by law of living matter. Here soul or spirit has no place and nature cannot be regarded as power of spirit. Since the whole of our existence is mechanical, physical and bounded by the biological phenomenon of a brief living consciousness and man is a creature

La Synthèse des Yoga

"Toute la Vie est un Yoga"

 

Livre IV

 

LE YOGA DE LA PERFECTION DE SOI

 

CHAPITRE  XV1

 

 LA SHAKTI DIVINE

 

LA relation qui peu à peu émerge entre le Pourousha et la Prakriti à mesure que l'on avance dans le yoga de la perfection de soi est l'autre question que nous devons comprendre soigneusement dans cette partie du yoga. En la vérité spirituelle de notre être, le pouvoir que nous appelons "la Nature" est le pouvoir d'être, de conscience et de volonté du moi, âme ou Pourousha, et, par conséquent, son pouvoir d'expression et de création. Mais, pour notre mental ordinaire dans l'ignorance et pour son expérience des choses, la force de Prakriti prend une apparence différente. Quand nous la regardons dans son action universelle, en dehors de nous, nous la voyons tout d'abord comme une énergie mécanique dans le cosmos, qui agit sur la matière ou dans les formes de la matière qu'elle a créées. Dans cette matière, elle fait apparaître des pouvoirs et des processus de vie, et, dans la matière vivante, des pouvoirs et des processus mentaux. D'un bout à l'autre de ses opérations, elle suit des lois fixes, et, pour chaque genre créé, manifeste des propriétés d'énergie variables et des lois de progression qui donnent son caractère particulier au genre ou à l'espèce, puis, dans l'individu et sans enfreindre la loi de l'espèce, elle fait apparaître des caractéristiques et des variantes mineures, mais dont les conséquences sont considérables. C'est cette apparence mécanique de Prakriti qui a préoccupé le mental scientifique moderne et a façonné toute sa perspective de la Nature, au point que la science espère encore et s'efforce (avec de maigres succès) d'expliquer tous les phénomènes de la vie par des lois de la matière et tous les phénomènes

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and instrument of material energy, the spiritual self-evolution of Yoga can be only a delusion, hallucination, abnormal state of mind or self-hypnosis. In any case it cannot be what it represents itself to be, a discovery of the eternal truth of our being and a passing above the limited truth of the mental, vital and physical to the full truth of our spiritual nature.

But when we look, not at external mechanical Nature to the exclusion of our personality, but at the inner subjective experience of man, the mental being, our nature takes to us a quite different appearance. We may believe intellectually in a purely mechanical view even of our subjective existence, but we cannot act upon it or make it quite real to our self-experience. For we are conscious of an I which does not seem identical with our nature, but capable of a standing back from it, of a detached observation and criticism and creative use of it, and of a will which we naturally think of as a free will; and even if this be a delusion, we are still obliged in practice to act as if we were responsible mental beings capable of a free choice of our actions, able to use or misuse and to turn to higher or lower ends our nature. And even we seem to be struggling both with our environmental and with our own present nature and striving to get mastery over a world which imposes itself on and masters us and at the same time to become something more than we now are. But the difficulty is that we are only in command, if at all, over a small part of ourselves, the rest is subconscient or subliminal and beyond our control, our will acts only in a small selection of our activities ; the most is a process of mechanism and habit and we must strive 1 constantly with ourselves and surrounding circumstances to make the least advance or self-amelioration. There seems to be a dual being in us ; Soul and Nature, Purusha and Prakriti, seem to be half in agreement, half at odds. Nature laying its mechanical control on the soul, the soul attempting to change and master nature. And the question is what is the fundamental character of this duality and what the issue.

The Sankhya explanation is that our present existence is governed by a dual principle. Prakriti is inert without the contact of Purusha, acts only by a junction with it and then too by the fixed mechanism of her instruments and qualities; Purusha, passive and free apart from Prakriti, becomes by contact with her and sanction to her works subject to this mechanism, lives in her limitation of ego-sense and must get free by withdrawing the sanction and returning to its own proper principle. Another explanation

du mental par la loi de la matière vivante. Là, l'âme et l'esprit n'ont point de place et la nature ne peut pas être considérée comme un pouvoir de l'Esprit. Et puisque toute notre existence est mécanique, physique, liée par le phénomène biologique d'une brève conscience vivante, et que l'homme est une créature et un instrument de l'énergie matérielle, l'évolution spirituelle de soi-même par le yoga ne peut être qu'une illusion, une hallucination, un état anormal du mental ou une sorte d'autohypnose. En tout cas, le yoga ne peut pas être ce qu'il prétend être: une découverte de la vérité éternelle de notre être et un passage à la vérité pleine de notre nature spirituelle par-delà la vérité limitée de notre nature mentale, vitale et physique.

Mais si, au lieu de considérer la Nature mécanique extérieure en faisant abstraction de notre personnalité, nous regardons l'expérience intérieure et subjective de l'homme, l'être mental, notre nature prend pour nous une apparence toute différente. Nous pouvons, peut-être, croire intellectuellement à une conception purement mécanique de notre existence subjective elle-même, mais pratiquement nous ne pouvons guère agir en nous fondant sur cette conception ni la rendre tout à fait réelle pour notre expérience de nous-mêmes. Car nous sommes conscients d'un "je" qui ne semble pas identique à notre nature et qui est capable de se tenir en retrait, d'observer la nature en se détachant d'elle, de la critiquer, l'utiliser créativement, et d'une volonté que nous pensons naturellement être une volonté libre, même si c'est une illusion, nous sommes tout de même obligés, pratiquement, d'agir comme si nous étions des êtres mentaux responsables, capables de libre choix dans notre action, et même capables d'utiliser, en bien "ou en mal, notre nature et de l'orienter vers des fins hautes ou basses. Et même, nous semblons non seulement lutter contre la nature autour de nous, mais lutter contre notre propre nature actuelle, et non seulement nous efforcer d'obtenir la maîtrise d'un monde qui s'impose à nous et nous maîtrise, mais chercher aussi à devenir quelque chose de plus que nous ne sommes à présent. Seulement, la difficulté est que notre autorité (si tant est que nous en ayons une) ne joue que sur une petite fraction de nous-mêmes ; le reste est subconscient ou subliminal et échappe à notre contrôle, notre volonté n'agit que sur une petite sélection de nos activités ; le reste est une suite de mécanismes et d'habitudes et nous devons lutter constamment contre nous-mêmes et contre

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that tallies with a certain part of our experience is that there is a dual being in us, the animal and material, or more widely the lower nature-bound, and the soul or spiritual being entangled by mind in the material existence or in world-nature, and freedom comes by escape from the entanglement, the soul returning to its native planes or the self or spirit to its pure existence. The perfection of the soul then is to be found not at all in, but beyond Nature.

But in a higher than our present mental consciousness we find that this duality is only a phenomenal appearance. The highest and real truth of existence is the one Spirit, the supreme Soul, Purushottama, and it is the power of being of this Spirit which manifests itself in all that we experience as universe. This universal Nature is not a lifeless, inert or unconscious mechanism, but informed in all its movements by the universal Spirit. The mechanism of its process is only an outward appearance and the reality is the Spirit creating or manifesting its own being by its own power of being in all that is in Nature. Soul and Nature in us too are only a dual appearance of the one existence. The universal energy acts in us, but the soul limits itself by the ego-sense, lives in a partial and separate experience of her workings, uses only a modicum and a fixed action of her energy for its self-expression. It seems rather to be mastered and used by this energy than to use it, because it identifies itself with the ego-sense which is part of the natural instrumentation and lives in the ego experience. The ego is in fact driven by the mechanism of Nature of which it is a part and the ego-will is not and cannot be a free will. To arrive at freedom, mastery and perfection we have to get back to the real self and soul within and arrive too thereby at our true relations with our own and with universal nature.

In our active being this translates itself into a replacement of our egoistic, our personal, our separatively individual will and energy by a universal and a divine will and energy which determines our action in harmony with the universal action and reveals itself as the direct will and the all-guiding power of the Purushottama. We replace the inferior action of the limited, ignorant and imperfect personal will and energy in us by the action bf the divine Shakti. To open ourselves to the universal energy is always possible to us, because that is all around us and always flowing into us, it is that which supports and supplies all our inner and outer

les circonstances autour de nous pour faire le moindre progrès ou obtenir la plus petite amélioration de nous-mêmes. Il semble qu'il y ait un être double en nous — l'Âme et la Nature, Pourousha et Prakriti, qui paraissent à moitié d'accord, à moitié en désaccord, et une Nature qui impose son contrôle mécanique à l'âme tandis que l'âme essaye de changer et de maîtriser la nature. Quel est le caractère fondamental de cette dualité et quelle est la solution, telle est la question.

L'explication du Sânkhya affirme que notre existence actuelle est gouvernée par un principe dualiste. Prakriti est inerte sans le contact du Pourousha, elle n'agit que par jonction avec lui et, même là, par le mécanisme fixe de ses propres instruments et attributs ; Pourousha est passif et libre quand il est séparé de Prakriti, mais, par son contact avec elle et en consentant à ses œuvres, il se soumet à ce mécanisme, vit dans les limitations du sens de l'ego et il doit se libérer en retirant son consentement et en revenant à son principe originel. Une autre explication, qui s'accorde avec une certaine partie de notre expérience, veut qu'il existe en nous un être double, animal et matériel, ou, plus largement, l'être inférieur lié à la nature, et l'âme ou l'être spirituel emmêlé à l'existence matérielle ou à la nature du monde par le mental, ainsi, la liberté s'obtient en s'échappant de cet emmêlement, l'âme revenant à son plan originel et le moi ou esprit à sa pure existence. La perfection de l'âme ne se trouve donc pas du tout dans la Nature, mais au-delà.

Pourtant, dans une conscience plus haute que notre conscience mentale actuelle, nous nous apercevons que cette dualité n'est qu'une apparence phénoménale. La vérité suprême et réelle de l'existence est l'Esprit unique, l'Âme suprême, Pouroushôttama, et c'est le pouvoir d'être de cet Esprit qui se manifeste dans tout l'univers tel que nous en avons l'expérience. Cette Nature universelle n'est pas un mécanisme sans vie, inerte, inconscient : tous ses mouvements sont animés par l'Esprit universel. Son processus mécanique n'est qu'une apparence superficielle; la réalité est l'Esprit qui crée ou manifeste son propre être par son propre pouvoir d'être en tout ce qui se trouve dans la Nature. De même, en nous, l'âme et la nature sont simplement une double apparence de l'existence unique. L'énergie universelle agit en nous, mais l'âme est limitée par le sens de l'ego, elle vit dans une expérience séparée et partielle des opérations universelles, se sert seulement d'une quantité

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action and in fact we have no power of our own in any separately individual sense, but only a personal formulation of the one Shakti. And on the other hand this universal Shakti is within ourselves, concentrated in us, for the whole power of it is present in each individual as in the universe, and there are means and processes by which we can awaken its greater and potentially infinite force and liberate it to its larger workings.

We can become aware of the existence and presence of the universal Shakti in the various forms of her power. At present we are conscious only of the power as formulated in our physical mind, nervous being and corporeal case sustaining our various activities. But if we can once get beyond this first formation by some liberation of the hidden, recondite, subliminal parts of our existence by Yoga, we become aware of a greater life force, a pranic Shakti, which supports and fills the body and supplies all the physical and vital activities, — for the physical energy is only a modified form of this force, — and supplies and sustains too from below all our mental action. This force we feel in ourselves also, but we can feel it too around us and above, one with the same energy in us, and can draw it in and down to aggrandise our normal action or call upon and get it to pour into us. It is an illimitable ocean of Shakti and will pour as much of itself as we can hold into our being. This pranic force we can use for any of the activities of life, body or mind with a far greater and effective power than any that we command in our present operations, limited as they are by the physical formula. The use of this pranic power liberates us from that limitation to the extent of our ability to use it in place of the body-bound energy. It can be used so to direct the prana as to manage more powerfully or to rectify any bodily state or action, as to heal illness or to get rid of fatigue, and to liberate an enormous amount of mental exertion and play of will or knowledge. The exercises of Pranayama are the familiar mechanical means of freeing and getting control of the pranic energy. They heighten too and set free the psychic, mental and spiritual energies which ordinarily depend for their opportunity of action on the pranic force. But the same thing can be done by mental will and practice or by an increasing opening of ourselves to a higher spiritual power of the Shakti. The pranic Shakti can be directed not only upon ourselves, but effectively towards others or on things or happenings for whatever purposes the will dictates. Its effectivity is immense, in itself illimitable, and limited only by defect of

modique de cette énergie et d'un mécanisme fixe afin de s'exprimer. Elle semble être maîtrisée et utilisée par cette énergie plutôt qu'elle ne l'utilise, parce qu'elle s'identifie au sens de l'ego qui fait partie de ses instruments naturels et vit dans l'expérience de l'ego. Et en effet, l'ego est mû par le mécanisme de la Nature dont il fait partie, et la volonté de l'ego n'est pas et ne peut pas être une libre volonté. Pour parvenir à la liberté, à la maîtrise et à la perfection, nous devons revenir à notre moi véritable, à l'âme en nous, et réaliser ainsi notre vraie relation avec notre propre nature et avec la nature universelle.

Dans notre être actif, ce transfert consiste à remplacer notre volonté et notre énergie égoïstes, personnelles, individuelles et séparées, par une volonté et une énergie universelles et divines qui détermineront notre action en harmonie avec l'action universelle et qui se feront connaître comme la volonté directe du Pouroushôttama et de son pouvoir qui dirige tout. Nous remplaçons l'action inférieure de la volonté et de l'énergie limitées, ignorantes, imparfaites et personnelles en nous, par l'action de la Shakti divine. Nous pouvons toujours nous ouvrir à l'énergie universelle, parce qu'elle est toujours autour de nous et coule en nous : c'est elle qui soutient et alimente toute notre action interne et externe, et, en fait, nous ne possédons aucun pouvoir propre, au sens d'un pouvoir individuel séparé, mais seulement quelque formulation personnelle de l'unique Shakti. En outre, cette Shakti universelle existe en nous-mêmes, concentrée en nous, car son pouvoir tout entier est présent en chaque individu autant que dans l'univers, et il existe des moyens et des procédés par lesquels nous pouvons éveiller sa force supérieure et potentiellement infinie, et la libérer pour des opérations plus vastes.

Nous pouvons donc devenir conscients de l'existence et de la présence de la Shakti universelle sous les diverses formes de son pouvoir. À présent, nous ne sommes conscients du pouvoir que tel qu'il se formule dans notre mental physique, dans notre être nerveux et dans notre enveloppe corporelle où il soutient nos diverses activités. Mais si, par le yoga, nous pouvons dépasser cette première formation et libérer les parties cachées, profondes, subliminales de notre existence, nous devenons conscients d'une force de vie plus grande, d'une Shakti prânique qui soutient et emplit le corps et alimente toutes les activités physiques et vitales — car l'énergie physique est seulement une forme particulière de cette force —,

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the power, purity and universality of the spiritual or other will which is brought to bear upon it; but still, however great and powerful, it is a lower formulation, a link between the mind and body, an instrumental force. There is a consciousness in it, a presence of the spirit, of which we are aware, but it is encased, involved in and preoccupied with the urge to action. It is not to this action of the Shakti that we can leave the whole burden of our activities, we have either to use its lendings by our own enlightened personal will or else call in a higher guidance; for of itself it will act with greater force, but still according to our imperfect nature and mainly by the drive and direction of the life-power in us and not according to the law of the highest spiritual existence.

The ordinary power by which we govern the pranic energy is that of the embodied mind. But when we get clear above the physical mind, we can get too above the pranic force to the consciousness of a pure mental energy which is a higher formulation of the Shakti. There we are aware of a universal mind consciousness closely associated with this energy in, around and above us, — above, that is to say, the level of our ordinary mind status, — giving all the substance and shaping all the forms of our will and knowledge and of the psychic element in our impulses and emotions. This mind force can be made to act upon the pranic energy and can impose upon it the influence, colour, shape, character, direction of our ideas, our knowledge, our more enlightened volition and thus more effectively bring our life and vital being into harmony with our higher powers of being, ideals and spiritual aspirations. In our ordinary state these two, the mental and the pranic being and energies, are very much mixed up and run into each other, and we are not able clearly to distinguish them or get a full hold of the one on the other and so control effectively the lower by the higher and more understanding principle. But when we take our station above the physical mind, we are able then to separate clearly the two forms of energy, the two levels of our being, disentangle their action and act with a clearer and more potent self-knowledge and an enlightened and a purer will-power. Nevertheless the control is not complete, spontaneous, sovereign so long as we work with the mind as our chief guiding and controlling force. The mental energy we find to be itself derivative, a lower and limiting power of the conscious spirit which acts only by isolated and combined seeings, imperfect and incomplete half-lights which we take

et qui alimente aussi et soutient d'en bas toute notre action mentale. Cette force, nous la sentons en nous-mêmes également, mais nous pouvons la sentir aussi autour de nous et au-dessus de nous, inséparable de la même énergie qui est en nous, et nous pouvons la faire descendre et la tirer en nous pour augmenter la puissance de notre action normale, ou nous pouvons l'appeler à se déverser en nous. C'est un océan de Shakti illimité qui déversera autant de lui-même que nous pouvons en contenir dans notre être. Cette force prânique, nous pouvons l'utiliser pour toutes les activités de la vie, du corps et du mental avec une puissance et une efficacité beaucoup plus grandes que celles dont nous pouvons disposer dans nos opérations actuelles, limitées comme elles le sont par la formule physique. L'usage de cette force prânique nous délivre de ces limites dans la mesure où nous sommés capables de l'utiliser à la place de l'énergie liée au corps. On peut s'en servir pour diriger le prâna et organiser plus puissamment ou rectifier n'importe quel état ou n'importe quelle activité du corps, ' guérir des maladies ou se débarrasser de la fatigue et libérer une quantité énorme d'effort mental ou d'activité de volonté ou de connaissance. Les exercices de prânâyâma sont le moyen mécanique familier pour libérer et maîtriser l'énergie prânique. Ils intensifient aussi et libèrent les énergies psychiques, mentales et spirituelles qui, d'habitude, dépendent du prétexte de la force prânique pour agir. Mais on peut arriver au même résultat par la volonté mentale et par une pratique mentale, ou par une ouverture croissante au pouvoir supérieur, spirituel, de la Shakti. Cette Shakti prânique peut non seulement être dirigée sur nous-mêmes, mais aussi se diriger d'une façon efficace sur les autres ou sur des choses et des événements, à n'importe quelle fin dictée par la volonté. Son efficacité est immense ; elle est illimitée en soi et n'est limitée que par quelque défaut de pouvoir, de pureté ou d'universalité dans la volonté spirituelle ou autre que nous faisons peser sur elle, et cependant, malgré sa grandeur et son pouvoir, c'est encore une formulation inférieure, un trait d'union entre le mental et le corps, une force instrumentale. Certes, il existe une conscience en elle, une présence de l'esprit que nous pouvons percevoir, mais elle est recouverte, enfermée et absorbée dans l'élan de l'action. Ce n'est pas à ce fonctionnement de la Shakti que nous pouvons abandonner toute la charge de nos activités, il faut, ou bien nous servir de ce qu'elle nous prête en recourant à notre volonté personnelle éclairée,

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for full and adequate light, and with a disparity between the idea and knowledge and the effective will-power. And we are aware soon of a far higher power of the Spirit and its Shakti concealed or above, superconscient to mind or partially acting through the mind, of which all this is an interior derivation.

The Purusha and Prakriti are on the mental level as in the rest of our being closely joined and much involved in each other and we are not able to distinguish clearly soul and nature. But in the purer substance of mind we can more easily discern the dual strain. The mental Purusha is naturally able in its own native principle of mind to detach itself, as we have seen, from the workings of its Prakriti and there is then a division of our being between a consciousness that observes and can reserve its willpower and an energy full of the substance of consciousness that takes the forms of knowledge, will and feeling. This detachment gives at its highest a certain freedom from the compulsion of the soul by its mental nature. For ordinarily we are driven and carried along in the stream of our own and the universal active energy partly floundering in its waves, partly maintaining and seeming to guide or at least propel ourselves by a collected thought and an effort of the mental will muscle, but now there is a part of ourselves, nearest to the pure essence of self, which is free from the stream, can quietly observe and to a certain extent decide its immediate movement and course and to a greater extent its ultimate direction. The Purusha can at last act upon the Prakriti from half apart, from behind or from above her as a presiding person or presence, adhyaksa, by the power of sanction and control inherent in the spirit.

What we shall do with this relative freedom depends on our aspiration, our idea of the relation we must have with our highest self, with God and Nature. It is possible for the Purusha to use it on the mental plane itself for a constant self-observation, self-development, self-modification, to sanction, reject, alter, bring out new formulations of the nature and establish a calm and disinterested action, a high and pure sattwic balance and rhythm of its energy, a personality perfected in the sattwic principle. This may amount only to a highly mentalised perfection of our present intelligence and the ethical and the psychic being or else, aware of the greater self in us, it may impersonalise, universalise, spiritualise its selfconscious existence and the action of its nature and arrive either at a large

ou bien faire appel à une direction plus haute ; car, laissée à elle-même, elle agira avec une force plus grande, certes, mais selon notre nature imparfaite et surtout sous la poussée et la direction du pouvoir vital en nous, et non selon la loi de l'existence spirituelle la plus haute.

Le pouvoir ordinaire que nous utilisons pour gouverner l'énergie prânique est celui du mental incarné. Mais, quand nous émergeons librement au-dessus du mental physique, nous émergeons aussi au-dessus de , la force prânique et pouvons prendre conscience d'une énergie mentale pure qui est une formulation plus haute de la Shakti. Là, nous percevons une conscience mentale universelle qui est étroitement associée à cette énergie prânique en nous, autour de nous et au-dessus de nous (c'est-à-dire au-dessus du niveau de notre condition mentale ordinaire), qui nous fournit toute la substance de notre volonté et de notre connaissance et qui façonne toutes leurs formes, ainsi que toutes les formes de l'élément ^ psychique dans nos impulsions et dans nos émotions. On peut faire peser cette force mentale sur l'énergie prânique, et elle peut lui imposer l'influence, la couleur, la forme, la marque, la direction de nos idées, de notre connaissance et de notre volonté plus éclairée, et ainsi mettre notre vie et notre être vital plus efficacement en harmonie avec les pouvoirs supérieurs de notre être, avec nos idéaux et nos aspirations spirituelles. Dans .notre état ordinaire, ces deux êtres—mental et prânique—et leurs énergies, sont très mélangés, fondus l'un en l'autre, et nous ne sommes guère capables de les distinguer clairement ni de donner à l'un une prise complète sur l'autre et ainsi de gouverner effectivement le principe inférieur par le principe supérieur et plus large. Mais quand nous prenons position au-dessus du mental physique, nous sommes capables de séparer clairement ces deux formes d'énergie, les deux niveaux de notre être, de démêler leur action et d'agir avec une connaissance de soi plus claire, plus puissante, et avec un pouvoir de volonté plus éclairé et plus pur. Néanmoins, cette maîtrise n'est pas complète, pas spontanée, pas souveraine tant que nous nous servons du mental comme force principale pour nous guider et nous gouverner. Nous nous apercevons que l'énergie mentale elle-même est une énergie dérivée, un pouvoir inférieur et limitateur de l'esprit conscient, qu'elle suit seulement des visions isolées et combinées, des demi-lumières imparfaites et incomplètes, que nous prenons pour la lumière pleine et suffisante, et qu'il reste un hiatus entre l'idée ou la

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quietude or a large perfection of the spiritualised mental energy of its being. It is possible again for the Purusha to stand back entirely and by a refusal of sanction allow the whole normal action of the mind to exhaust 'itself, run down, spend its remaining impetus of habitual action and fall into silence. Or else this silence may be imposed on the mental energy by rejection of its action and a constant command to quietude. The soul may through the confirmation of this quietude and mental silence pass into some ineffable tranquillity of the spirit and vast cessation of the activities of Nature. But it is also possible to make this silence of the mind and ability to suspend the habits of the lower nature a first step towards the discovery of a superior formulation, a higher grade of the status and energy of our being and pass by an ascent and transformation into the supramental power of the spirit. And this may even, though with more difficulty, be done without resorting to the complete state of quietude of the normal mind by a persistent and progressive transformation of all the mental into their greater corresponding supramental powers and activities. For everything in the mind derives from and is a limited, inferior, groping, partial or perverse translation into mentality of something in the supermind. But neither of these movements can be successfully executed by the sole individual unaided power of the mental Purusha in us, but needs the help, intervention and guidance of the divine Self, the Ishwara, the Purushottama. For the supermind is the divine mind and it is on the supramental plane that the individual arrives at his right, integral, luminous and perfect relation with the supreme and universal Purusha and the supreme and universal Para Prakriti.

As the mind progresses in purity, capacity of stillness or freedom from absorption in its own limited action, it becomes aware of and is able to reflect, bring into itself or enter into the conscious presence of the Self, the supreme and universal Spirit, and it becomes aware too of grades and powers of the spirit higher than its own highest ranges. It becomes aware of an infinite of the consciousness of being, an infinite ocean of all the power and energy of illimitable consciousness, an infinite ocean of Ananda, of the self-moved delight of existence. It may be aware of one or other only of these things, for the mind can separate and feel exclusively as distinct original principles what in a higher experience are inseparable powers of the One, or it may feel them in a trinity or fusion which reveals or arrives

connaissance et le pouvoir de volonté réalisateur. Mais bientôt, nous prenons conscience d'un pouvoir beaucoup plus haut de l'Esprit et de sa Shakti, caché ou au-dessus, supra-conscient pour le mental ou qui n'agit que partiellement à travers le mental, et dont tout le reste est le dérivé inférieur.

Sur le plan mental comme dans le reste de notre être, le Pourousha et la Prakriti sont étroitement unis, très mêlés l'un à l'autre, et nous sommes incapables de distinguer clairement l'âme et la nature. Mais dans une substance mentale plus pure, il nous est plus facile de discerner cette double nuance. Au sein de son propre principe mental originel, le Pourousha mental est naturellement capable de se détacher des œuvres de sa Prakriti, nous l'avons vu ; il se produit alors une division dans notre être entre une conscience qui observe et peut réserver son pouvoir de volonté, et une énergie qui est pleine d'une substance de conscience et qui prend les différentes formes de la connaissance, de la volonté et du sentiment. À son point le plus haut, ce détachement donne à l'âme une certaine indépendance vis-à-vis de sa sujétion à la nature mentale. Car, d'ordinaire, nous sommes poussés et emportés par le courant de notre propre énergie et de l'énergie active universelle, tantôt nous débattant dans ses vagues, tantôt nous maintenant à la surface et semblant la guider, ou du moins nous propulser en avant par un rassemblement de la pensée ou par quelque effort du muscle de la volonté mentale ; mais désormais, une partie de nous-mêmes, la plus proche de l'essence pure du moi, est libre et hors du courant, elle peut tranquillement observer, et, jusqu'à un certain point, décider de son mouvement et de son cours immédiats, et, dans une mesure plus grande, 4e sa direction ultime. Finalement, à demi séparé d'elle, de derrière elle ou d'au-dessus, le Pourousha peut agir sur la Prakriti telle une personne ou une présence, adhyaksha, qui préside par le pouvoir de consentement et de direction inhérent à l'esprit.

Ce que nous ferons de cette liberté relative dépend de notre aspiration et de notre idée de la relation que nous devons avoir avec notre moi supérieur, avec Dieu et avec la Nature. Il est possible que le Pourousha s'en serve sur le plan purement mental pour s'observer lui-même, se développer et se modifier constamment, pour autoriser, rejeter, changer, dégager de nouvelles formulations de la nature et édifier une action calme et désintéressée, impartir un haut équilibre et un rythme pur et sâttwique à

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at their oneness. It may become aware of it on the side of Purusha or on the side of Prakriti. On the side of Purusha it reveals itself as Self or Spirit, as Being or as the one sole existent Being, the divine Purushottama, and the individual Jiva soul can enter into entire oneness with it in its timeless self or in its universality, or enjoy nearness, immanence, difference without any gulf of separation and enjoy too inseparably and at one and the same time oneness of being and delight-giving difference of relation in active experiencing nature. On the side of Prakriti the power and Ananda of the Spirit come into the front to manifest this Infinite in the beings and personalities and ideas and forms and forces of the universe and there is then present to us the divine Mahashakti, original Power, supreme Nature, holding in herself infinite existence and creating the wonders of the cosmos. The mind grows conscious of this illimitable ocean of Shakti or else of her presence high above the mind and pouring something of herself into us to constitute all that we are and think and will and do and feel and experience, or it is conscious of her all around us and our personality a wave of the ocean of power of spirit, or of her presence in us and of her action there based on our present form of natural existence but originated from above and raising us towards the higher spiritual status. The mind too can rise towards and touch her infinity or merge itself in it in trance of Samadhi or can lose itself in her universality, and then our individuality disappears, our centre of action is then no longer in us, but either outside our bodied selves or nowhere; our mental activities are then no longer our own, but come into this frame of mind, life and body from the universal, work themselves out and pass leaving no impression on us, and this frame of ourselves too is only an insignificant circumstance in her cosmic vastness. But the perfection sought in the integral Yoga is not only to be one with her in her highest spiritual power and one with her in her universal action, but to realise and possess the fullness of this Shakti in our individual being and nature. For the supreme Spirit is one as Purusha or as Prakriti, conscious being or power of conscious being, and as the Jiva in essence of self and spirit is one with the supreme Purusha, so on the side of Nature, in power of self and spirit it is one with Shakti, parā prakrtir jīvabhūtā. To realise this double oneness is the condition of the integral self-perfection. The Jiva is then the meeting-place of the play of oneness of the supreme Soul and Nature.

son énergie — pour perfectionner le principe sâttwique de la personnalité. Tout ceci peut se traduire simplement par une perfection hautement mentalisée de notre intelligence actuelle et de notre être éthique et psychique, ou bien, conscient du moi plus grand en nous, le Pourousha peut s'impersonnaliser, s'universaliser, spiritualiser son existence consciente et l'action de sa nature, et parvenir à une vaste quiétude ou à une vaste perfection de l'énergie mentale spiritualisée de son être. Le Pourousha peut aussi se tenir complètement en arrière et, refusant son consentement, laisser toute l'activité normale du mental s'épuiser d'elle-même, se dévider, dépenser ce qui lui reste d'élan habituel à agir, puis entrer dans le silence. Ou encore, nous pouvons imposer ce silence à l'énergie mentale en rejetant son action et en lui ordonnant continuellement la quiétude. Si cette quiétude et ce silence mental se confirment, l'âme peut passer dans la tranquillité ineffable de l'esprit, dans une vaste cessation des activités de la Nature. Mais il est possible aussi de se servir de ce silence mental et de cette capacité de suspendre les habitudes de la nature inférieure comme d'un premier pas vers la découverte d'une formulation supérieure, d'un degré d'être supérieur, non seulement statique mais dynamique, et, par une ascension et une transformation, passer en le pouvoir supramental de l'esprit. Et même, bien que ce soit plus difficile, nous pouvons parvenir là sans avoir recours à l'état de complète quiétude du mental normal, par une transformation continue et progressive de toutes les puissances et toutes les activités mentales en leurs puissances et leurs activités supramentales correspondantes. Car, tout, dans le mental, est un dérivé, une traduction limitée, inférieure, tâtonnante, partielle ou perverse en termes mentaux, de quelque chose qui existe dans le supramental. Mais ni l'un ni l'autre de ces mouvements ne peuvent s'opérer fructueusement par le seul pouvoir individuel du Pourousha mental en nous et sans aide; il faut l'aide, l'intervention et la direction du Moi divin, de l'Ishwara, du Pouroushôttama. Car le supramental est le mental divin, et c'est sur le plan supramental que l'individu parvient à sa relation juste, intégrale, lumineuse et parfaite avec le Pourousha suprême et universel et avec la Parâ-Prakriti suprême et universelle.

À mesure que le mental progresse en pureté, en capacité d'immobilité et qu'il se libère de son absorption dans son action limitée, il devient conscient du Moi, de l'Esprit suprême et universel, et il est capable de le

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To reach this perfection we have to become aware of the divine Shakti, draw her to us and call her in to fill the whole system and take up the charge of all our activities. There will then be no separate personal will or individual energy trying to conduct our actions, no sense of a little personal self as the doer, nor will it be the lower energy of the three Gunas, the mental, vital and physical nature. The divine Shakti will fill us and preside over and take up all our inner activities, our outer life, our Yoga. She will take up the mental energy, her own lower formation, and raise it to its highest and purest and fullest powers of intelligence and will and psychic action. She will change the mechanical energies of the mind, life and body which now govern us into delight-filled manifestations of her own living and conscious power and presence. She will manifest in us and relate to each other all the various spiritual experiences of which the mind is capable. And as the crown of this process she will bring down the supramental light into the mental levels, change the stuff of mind into the stuff of supermind, transform all the lower energies into energies of her supramental nature and raise us into our being of gnosis. The Shakti will reveal herself as the power of the Purushottama, and it is the Ishwara who will manifest himself in his force of supermind and spirit and be the master of our being, action, life and Yoga.

SRI AUROBINDO

refléter, de le faire entrer en lui-même ou d'entrer en sa présence consciente, et, en même temps, il devient conscient de degrés et de pouvoirs de l'esprit supérieurs aux régions les plus hautes qu'il connaisse. Il commence à percevoir un infini de conscience d'être, un océan infini de pouvoir et d'énergie de conscience sans limite, un océan infini d'Ânanda ou de félicité spontanée d'existence. Il se peut qu'il perçoive seulement l'un ou l'autre de ces infinis, car le mental peut séparer et sentir à l'exclusion des autres, comme des principes originels distincts, ce qui, dans une expérience plus haute, sont des pouvoirs inséparables de l'Un, ou il peut les sentir dans une trinité ou une fusion qui révèle leur unité ou y conduit. Il peut devenir conscient de l'Un du côté du Pourousha ou du côté de Prakriti. Du côté du Pourousha, l'Un se révèle comme Moi ou Esprit, comme l'Être, où comme l'unique et seul Être existant, lé Pouroushôttama divin, et le Jîva individuel, l'âme, peut s'unir totalement à lui en son moi hors du temps ou dans son universalité, ou elle peut jouir de l'intimité de l'immanence, de la différence sans la moindre faille de séparation, et jouir également, inséparablement, simultanément, de l'unité de l'être et de la félicité que donne la différence de relation au sein de l'expérience active de la nature. Du côté de Prakriti, le pouvoir et l'Ânanda de l'Esprit passent au premier rang et révèlent ce même infini dans les êtres, dans les personnalités, les idées, les formes et les forces de l'univers ; alors, la Mahâshakti divine, le Pouvoir originel, la Nature suprême, est présente en nous, portant en elle-même l'existence infinie et créant les merveilles du cosmos. Le mental devient conscient de cet océan de Shakti illimité, ou de sa présence au-dessus du mental, très haut, qui déverse quelques gouttes d'elle-même en nous pour constituer tout ce que nous sommes, tout ce que nous pensons, voulons, faisons et sentons, tout ce dont nous avons l'expérience, ou bien il est conscient d'elle tout autour de nous et de notre personnalité comme une vague de l'océan de pouvoir de l'esprit, ou de sa présence en nous et de son action ici-bas se servant de la forme actuelle de notre existence naturelle comme d'une base, mais ayant son origine au-dessus et nous tirant vers un état spirituel supérieur. Le mental peut aussi s'élever vers l'infinitude de la Shakti et y entrer ou se fondre en elle dans la transe du samâdhi, ou il peut se perdre dans son universalité ; dès lors, notre individualité disparaît, notre centre d'action n'est plus en nous mais hors de notre moi incarné, ou nulle part ; alors,

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nos activités mentales ne sont plus nôtres et se déversent de l'universel dans ce cadre mental, vital et corporel, s'accomplissent, puis passent sans laisser de trace en nous, et ce cadre que nous sommes, aussi, est simplement une insignifiante circonstance en l'immensité cosmique de la Shakti. Mais la perfection recherchée par le yoga intégral ne consiste pas seulement à s'unir à la Shakti en son pouvoir spirituel le plus élevé ni à s'unir seulement à son action universelle, mais à réaliser et à posséder la plénitude de la Shakti dans notre être individuel et dans notre nature. Car l'Esprit suprême ne fait qu'un, en tant que Pourousha ou en tant que Prakriti, en tant qu'être conscient ou en tant que pouvoir de l'être conscient, et de même que le Jîva en l'essence du moi et de l'esprit ne fait qu'un avec le Pourousha suprême, de même, du côté de la Nature, en le pouvoir du moi et de l'esprit, il ne fait qu'un avec la Shakti, parâ prakritir jîvabhoûtâ. Réaliser cette double unité est la condition de l'intégrale perfection de soi. Dès lors, le Jîva devient le lieu de rendez-vous du jeu de l'unité de l'Âme suprême et de la Nature.

Pour parvenir à cette perfection, il faut devenir conscient de la Shakti divine, la tirer en nous et l'appeler à entrer en nous afin qu'elle emplisse notre organisme tout entier et prenne la direction de toutes nos activités. Alors, il n'y aura plus de volonté personnelle séparée ni d'énergie individuelle essayant de conduire nos actions ; il n'y aura plus le sentiment d'un petit moi personnel qui agit^ et ce ne sera pas, non plus, l'énergie inférieure des trois gouna ni la nature mentale, vitale et physique qui agiront. La Shakti divine nous emplira, elle présidera à toutes nos activités intérieures, toute notre vie extérieure, tout notre yoga, et se chargera de tout. Elle prendra cette énergie mentale qui est sa formation inférieure et la soulèvera à ses pouvoirs d'intelligence, de volonté et d'action psychique les plus hauts, les plus purs, les plus complets. Elle changera les énergies mécaniques du mental, de la vie et du corps qui nous gouvernent maintenant et en fera des manifestations remplies de la félicité de sa présence vivante et de son pouvoir conscient. Elle manifestera en nous toutes les expériences spirituelles variées dont le mental est capable et les reliera toutes entre elles. Et pour couronner ce processus, elle fera descendre la lumière supramentale aux divers niveaux du mental ; elle changera la substance mentale en une substance supramentale, elle transformera toutes les énergies inférieures en énergies de sa nature supramentale et

nous soulèvera jusqu'à notre être de gnose. La Shakti se révélera en tant que pouvoir du Pouroushôttama ; c'est l'Ishwara qui se manifestera en sa force supramentale et spirituelle, et qui sera le maître de notre être, de notre action, de notre vie et de notre yoga.

SRI AUROBINDO

 

 

The impulse to speak what is untrue or at least to exaggerate or understate or twist the truth so as to flatter one's own vanity, preferences, wishes or to get some advantage or secure something desired is very general. But one must learn to speak truth alone if one is to succeed truly in changing the nature.

SRI AUROBINDO

10.10.1935

 

 

Le besoin de dire ce qui n'est pas vrai ou, du moins, d'exagérer, d'amoindrir ou de tourner la vérité afin de flatter sa vanité, ses préférences, ses désirs, ou pour obtenir quelque avantage ou arriver à ses fins, est un fait très général. Mais il faut apprendre à dire seulement la vérité si l'on veut réussir vraiment à changer la nature.

SRI AUROBINDO

10.10.1935

 

 

 

 

 

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Sri Aurobindo

 

Pensées et Aphorismes

 

(suivis de quelques réponses de la Mère)

 

293 — Regarde bien ceux qui sont trop indignés dans leur rectitude. Bientôt, tu les verras commettre ou excuser la même offense qu'ils avaient si furieusement condamnée.

294 — "Il y a très peu de véritable hypocrisie chez les hommes", dis-tu. C'est vrai, mais il y a une bonne quantité de diplomatie et encore plus de tromperie de soi. Cette dernière est de trois variétés : consciente, subconsciente et semi-consciente. Mais la tromperie de soi semi-consciente est la plus dangereuse.

 

Douce Mère,

Il me semble que c'est la tromperie de soi consciente qui doit être pire, n'est-ce pas ?

 

LA tromperie de soi consciente est rare parce qu'elle implique un grand développement de la conscience, uni à une volonté perverse de tromperie, qui mène aux plus dangereux mensonges, mais c'est peut-être aussi la plus facilement guérissable, car la conscience étant déjà éveillée, il suffit de lui faire sentir son erreur et qu'elle prenne la décision de la corriger pour qu'elle ait le pouvoir de le faire.

Les autres doivent d'abord devenir conscients de ce qu'ils font ; ce qui généralement prend beaucoup de temps.

21.1.1970

 

295 — Ne sois point trompé par les démonstrations de vertu des hommes, ni dégoûté par leurs vices, manifestes ou cachés. Ces choses sont des subterfuges nécessaires pendant cette longue période de transition de l'humanité.

Sri Aurobindo

 

Thoughts and Aphorisms

 

(Followed by some answers by the Mother)

 

293 — Watch the too indignantly righteous. Before long you will find them committing or condoning the very offense which they have so fiercely censured.

294 — "There is very little real hypocrisy among men." True, but there is a great deal of diplomacy and still more self-deceit. The last is of three. varieties, conscious, subconscious and half-conscious ; but the third is the most dangerous.

 

Sweet Mother,

It seems to me that it is conscious self-deceit which is the worst, isn't it?

 

CONSCIOUS self-deceit is rare because it implies a great development of the consciousness allied to a perverse will to deceive which leads to the most dangerous falsehoods ; but it is also perhaps the easiest to cure, for as the consciousness is already awakened, it is enough to make it feel its error and take the decision to correct it for it to have the power to do so.

The others must first become conscious of what they are doing; which generally takes a long time.

21.1.1970

 

295 — Be not deceived by men's shows of virtue, neither disgusted by their open or secret vices. These things are the necessary shufflings in a long transition period of humanity.

296 — Be not repelled by the world's crookednesses; the world is a wounded and venomous snake wriggling towards a destined off-sloughing and perfection. Wait, for it is a divine wager; and out of this baseness. God will emerge brilliant and triumphant.

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296 — N'aie point de répulsion pour les perversions du monde; le inonde est un serpent blessé et venimeux qui se tortille vers sa mue et vers un destin de perfection. Attends, car c'est une gageure divine, et, de cette bassesse. Dieu émergera radieux et triomphant.

 

Sri Aurobindo nous dit que l'homme est un être de transition et que, hors de toutes les misères du monde, émergera un être de lumière capable de manifester le Divin.

Ainsi, tous ceux qui ne sont pas satisfaits du monde tel qu'il est savent que leur aspiration ne s'élève pas en vain et que le monde est en train de changer.

Si la consécration et l'effort se joignent à l'aspiration, les choses iront plus vite.

22.1.1970

 

297 — Pourquoi recules-tu avec horreur devant un masque ? Derrière l'apparence odieuse, grotesque ou terrible, Krishna rit de ta sotte fureur, de ton mépris ou de ta répulsion encore plus sotte, ou, plus sotte que tout, de ta terreur.

298 — Quand tu te prends à mépriser quelqu'un, regarde dans ton cœur et ris de ta folie.

 

Est-ce seulement notre conception mentale qui voit des choses grotesques et odieuses, ou sont-elles vraiment telles qu'on les voit?

Et puis, ce doit être pareil pour la beauté, n'est-ce pas ?

 

Il est certain que, dans l'état actuel du monde physique, les apparences sont encore très trompeuses, la beauté physique n'est pas toujours le signe d'une belle âme, et un corps laid ou grotesque peut revêtir un génie ou une âme resplendissante.

Mais pour celui qui est plus sensible intérieurement, les apparences ne sont plus trompeuses et il peut percevoir la laideur cachée par une jolie figure et la beauté revêtue d'un masque de laideur.

Sri Aurobindo tells us that man is a transitional being and that out of all the ills of the world will emerge a being of light capable of manifesting the Divine.

Therefore, all those who are not satisfied with the world as it is, know that their aspiration does not rise in vain and that the world is changing.

If consecration and effort join the aspiration, things will go more rapidly.

22.1.1970

297 — Why dost thou recoil from a mask ? Behind its odious, grotesque or terrible seemings Krishna laughs at thy foolish anger, thy more foolish scorn or loathing and thy most foolish terror.

298 — When thou findest thyself scorning another, look then at thy own heart and laugh at thy folly.

 

Is it only our mental conception that sees things as grotesque or odious, or are they really such as one sees them ?

And if so, the same applies to beauty, does it not ?

 

It is certain that in the actual state of the physical world, appearances are still very deceptive; physical beauty is not always a sign of a beautiful soul, and an ugly or grotesque body can clothe a genius or a resplendent soul.

But for he who has more inner sensitivity, appearances are no longer deceptive and he can perceive the ugliness hidden by a pretty face and the beauty hidden by a mask of ugliness.

There are cases, however, and these are becoming more and more numerous, where the appearance reveals the inner reality which then becomes discernable to all.

23.1.1970

299 — Avoid vain disputing ; but exchange views freely. If dispute thou must, learn from thy adversary ; for even from a fool, if thou listen not with the ear and the reasoning mind but the soul's light, thou canst gather much wisdom.

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Il y a des cas, aussi, et qui deviennent de plus en plus nombreux, où l'apparence révèle la réalité intérieure qui devient alors discernable pour tous.

23.1.1970

 

299 — Évite les vaines discussions, mais accepte librement les échanges d'opinion. Si tu es contraint de discuter, apprends quelque chose de ton adversaire, car, si tu écoutes avec la lumière de l'âme et non avec l'oreille et le mental qui raisonne, tu peux recueillir beaucoup de sagesse, même d'un sot.

300 — Change toute chose en miel, telle est la loi de la vie divine.

301 — Les querelles privées doivent toujours être évitées, mais ne recule pas devant la bataille publique ; cependant, même là, apprécie la force de ton adversaire.

302 — Quand tu entends une opinion qui te déplaît, étudie et découvre la vérité qu'elle contient.

 

Si l'on veut sincèrement vivre selon la Vérité, il faut savoir que toute chose peut vous apprendre et qu'à tout moment on a la possibilité de faire un progrès. C'est souvent une grosse sottise qui vous révèle une grande lumière, quand on sait la voir.

24.1.1970

303 — Les ascètes du moyen âge haïssaient les femmes et pensaient qu'elles avaient été créées par Dieu pour tenter les moines. Il peut être permis d'avoir une plus noble opinion et de Dieu et de la femme.

304 — Si une femme t'a tenté, est-ce sa faute ou la tienne ? Ne sois pas sot et ne te dupe pas toi-même.

 

 

 

 

 

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300 — Turn all things to honey ; this is the law of divine living.

301 — Private dispute should always be avoided; but shrink not from the public battle ; yet even there appreciate the strength of thy adversary.

302 — When thou nearest an opinion that displeases thee, study and find out the truth in it.

 

If one sincerely wishes to live according to the Truth, one must know that everything can teach you and that at each moment one has the possibility of making progress. It is often a great foolishness which reveals to you a great light, when one knows how to see it.

24.1.1970

 

303 — The mediaeval ascetics hated women and thought they were created by God for the temptation of monks. One may be allowed to think more nobly both of God and of woman.

304 — If a woman has tempted thee, is it her fault or thine ? Be not a fool and a self-deceiver.

305 — There are two ways of avoiding the snare of woman, one is to shun all women and the other to love all beings.

 

What should be the modern woman's ideal in the ordinary life ?

 

In the ordinary life, women can have all the ideas they want, it does not matter much.1

From the spiritual point of view, men and women are equal as regards their possibility to realise the Divine. It is for each to do so in his or her own way and according to his or her possibilities.

25.1.1970

THE MOTHER

 

1 Later the Mother added that for women, in the ordinary life, the ideal is "good health and harmony".

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305 — Il y a deux manières d'éviter le piège de la femme : l'une est de fuir toutes les femmes ; l'autre est d'aimer tous les êtres.

 

Quel doit être F idéal de la femme moderne dans la vie ordinaire ?

 

Dans la vie ordinaire, les femmes peuvent avoir toutes les idées qu'elles veulent, cela n'a pas beaucoup d'importance1.

Au point de vue spirituel, hommes et femmes sont égaux dans leur possibilité de réaliser le Divin. C'est à chacun de le faire à sa manière et selon ses possibilités.

25.1.1970

 

 

 

1 Plus tard. Mère a ajouté : "Pour les femmes, dans la vie ordinaire, l'idéal est la bonne santé et l'harmonie."

 

 

 

 

 

 

 

 

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Mère Répond

 

(suite et fin de la troisième série)

 

NOUS voulons être les vrais serviteurs du Divin.

 

"Seigneur Suprême, Conscience Parfaite, Toi seul sais vraiment ce que nous sommes, ce que nous pouvons faire, les progrès que nous devons faire pour être capables et dignes de Te servir comme nous le voulons. Rends-nous conscients de nos possibilités, mais aussi de nos difficultés afin que nous puissions les surmonter pour Te servir fidèlement."

 

Le bonheur suprême est d'être de vrais serviteurs du Divin.

14.2.1972

*

**

 

Pour ceux qui veulent toujours progresser, il y a trois grandes manières de progresser :

 

1) Agrandir le champ de sa conscience.

2) Comprendre toujours mieux et plus complètement ce que l'on sait.

3) Trouver le Divin et se soumettre de plus en plus à sa Volonté.

 

En d'autres termes cela veut dire :

 

1) Enrichir constamment les possibilités de l'instrument.

2) Perfectionner sans cesse le fonctionnement de cet instrument.

3) Le rendre de plus en plus réceptif et docile vis-à-vis du Divin.

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Apprendre à comprendre et à faire de plus en plus de choses. Se purifier de tout ce qui vous empêche d'être entièrement soumis au Divin. Rendre sa conscience de plus en plus réceptive à l'Influence Divine.

On pourrait dire : s'élargir toujours plus, s'approfondir toujours davantage, se soumettre toujours plus complètement.

15.2.1972

*

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D'habitude, on appelle fidélité le fait de se soumettre rigoureusement aux engagements que l'on a pris. Mais il n'y a qu'une fidélité qui soit vraie et impérative, c'est la fidélité au Divin ; et celle-là, nous devons tous l'acquérir par un effort sincère et continu.

Quand tout l'être, dans toutes ses parties et toutes ses activités, peut dire au Divin, en toute sincérité :

"Ce que Tu veux, ce que Tu veux"

alors on est en bonne route vers la vraie fidélité.

17.2.1972

*

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La vie sur terre est essentiellement le champ du progrès. Et que la vie est courte pour tous les progrès à faire !

Perdre son temps à rechercher la satisfaction de ses désirs mesquins est pure folie. Le vrai bonheur est possible seulement quand on a trouvé le Divin.

19.2.1972

 

*

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Mother Answers

 

(End of Third Series)

 

WE want to be true servitors of the Divine.

 

"Lord Supreme, Perfect Consciousness, You alone truly know what we are, what we can do, the progress that we must make to be capable and worthy of serving You as we want. Make us conscious of our possibilities, and also aware of our impediments so that, surmounting them, we can faithfully serve You."

 

To be true servitors of the Divine is supreme happiness.

14.2.1972

*

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For those who want to keep progressing continually, there are three major ways to progress:

 

1) by enlarging the field of one's consciousness,

2) by greater and always more complete understanding of what one knows,

3) by finding the Divine and surrendering more and more to his Will.

 

In other terms, this means :  

 

1) constantly enriching the possibilities of the instrument,

2) ceaselessly perfecting the functioning of this instrument,

3) making the instrument increasingly receptive and docile vis-à-vis the Divine;

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Seigneur Suprême, Perfection que nous devons devenir. Perfection qu'il nous faut manifester.

Ce corps ne vit que par Toi et Te répète :

 

"Ce que Tu voudras

Ce que Tu voudras"

 

jusqu'au jour où il le saura automatiquement parce que sa conscience sera totalement unie à la Tienne.

23.2.1972

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"Permets que je devienne consciente de Ta Présence."

9.3.1972

*

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Seigneur, nous T'implorons, permets que rien en nous ne refuse Ta Présence et que nous devenions ce que Tu veux que nous soyons ; permets que tout en nous soit conforme à Ta Volonté.

12.3.1972

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Seigneur, donne-nous le silence de Ta contemplation, le silence riche de Ta Présence effective.

13.3.1972

*

**

or, in other words :

 

1) to learn to understand and do more things,

2) to purify oneself of all that prevents a total surrender to the Divine,

3) to make the consciousness more and more receptive to the Divine Influence.

 

One might say : enlarge more and more,

go deeper and deeper,

surrender more and more completely.

15.2.1972

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Ordinarily, one speaks of fidelity as being the strict adherence to the commitments one has made. Yet the only true and binding fidelity is fidelity to the Divine — and it is that fidelity which all of us must acquire by sincere, sustained effort. '

When the whole being, in all its parts and all its activities, can say to the Divine in all sincerity,

"What you may want, whatever you may want",

then one is well on the way towards true fidelity.

17.2.1972

*

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Life on earth is essentially a field for progress. But how brief life's span for all the progress that has to be made !

To waste one's time pursuing the satisfaction of petty desires is pure folly. True happiness is only possible when one has found the Divine.

19.2.1972

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Permets que notre silence soit plein de Ta Présence et/que nous en soyons pleinement conscients.

Permets que nous sachions que Tu es notre vie, notre conscience et notre être et que sans Toi tout n'est qu'illusion.

14.3.1972

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Permets que nous nous identifiions à Ta Conscience Éternelle pour que nous sachions vraiment ce qu'est l'Immortalité.

16.3.1972

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Pour se préparer à l'immortalité, il faut que la conscience du corps s'identifie d'abord à la Conscience Éternelle.

17.3.1972

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Une enfant de 15 ans a demandé :

"Qu'est-ce que la Vérité ?"

 

J'ai répondu :

"La Volonté dû Seigneur Suprême."

 

C'est un sujet de méditation contemplative.

18-3-1972

*

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Lord Supreme—Perfection that we must become. Perfection that we must manifest — by You alone this body lives and it repeats its solicitation to You :

 

"Whatever You may want

Whatever You may want"

 

until the day when automatically it will know because its consciousness will be wholly united to Yours.

23.2.1972

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'' Let me become conscious of Your Presence."

9.3.1972

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Lord, we implore You, let nothing in us reject Your Presence, let us become what You want us to be, may everything in us conform to Your Will.

12.3.1972

*

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Lord, give us the silence of Your contemplation, the rich silence of Your effective Presence.

13.3.1972

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Cette vérité que l'homme a en vain cherché à connaître sera l'apanage de la race nouvelle, la race de demain, le surhomme.

Vivre selon la Vérité sera son apanage.

Préparons de notre mieux la venue de l'Être Nouveau. Le mental doit se taire et être remplacé par la Conscience de Vérité — la conscience des détails et la conscience de tout, harmonisées.

19.3.1972

 

 

________________

Continued from p. 37

 

Grant that our silence may be full of Your Presence and that we may be fully conscious of it.

Grant that we may know that You are our life, our consciousness, and our being and that, without You, everything is only illusion.

14.3.1972

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Grant that we may identify ourselves with Your Eternal Consciousness so that we may truly know what Immortality is.

16.3.1972

*

**

 

To prepare itself for immortality, the consciousness of the body must first identify itself with the Eternal Consciousness.

17.3.1972

*

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A fifteen year old girl asked :

"What is Truth ?"

 

I answered:

"The Will of the Lord Supreme."

 

It is a subject for contemplative meditation.

18.3.1972

*

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This Truth that man has vainly sought to know will be the apanage of the new race, tomorrow's race, the superman.

To live according to Truth will be his apanage.

Let us prepare, as best we can, the coming of the New Being. The mind. must be silenced and replaced by the Truth-Consciousness — a consciousness of the whole harmonised with a consciousness of detail.

19.3.1972

THE MOTHER

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Entretiens

 

Le 23 décembre 1953

 

S'il est "impossible pour le mental de trouver la connaissance^ (Éducation, p.6), quelle est la partie de l'être qui trouve la connaissance ?

 

IL faut entrer dans la connaissance qui appartient au domaine supramental.

 

Mais pour la faire descendre ?

 

Chaque fois qu'il y a quelque chose qui attire cette connaissance (et qui est évidemment prêt à la recevoir), elle vient.

 

Ça ne descend pas dans le mental, Douce Mère ?

 

Oui, ça descend dans le mental. Dans une partie supérieure du mental ou bien dans le psychique. On peut avoir la connaissance du psychique — quoiqu'elle soit d'une autre nature et ne se formule pas comme dans le mental. C'est une sorte de certitude intérieure qui vous fait faire la vraie chose au vrai moment et de la vraie manière, sans nécessairement passer par le raisonnement ni la formation mentale.

Par exemple, on peut agir avec une connaissance parfaite de ce qui doit être fait et sans intervention — sans la moindre intervention — du raisonnement mental. Le mental est silencieux : simplement il regarde et il écoute pour enregistrer les choses, et il n'agit pas.

Questions and Answers

 

December 23, 1953

 

If the mind "is incapable of finding knowledge" (Education, p. 5)3 what part of the being finds knowledge ?

 

ONE must enter the knowledge which belongs to the supramental domain.

 

But in order to bring it down?

 

Every time something attracts this knowledge (something which is evidently ready to receive it), it comes.

 

It does not come down in the mind. Sweet Mother?

 

Yes, it descends into the mind. Into a higher part of the mind or rather into the psychic. One may have knowledge from the psychic — though it is of another kind and is not formulated as in the mind. It is a sort of inner certitude which makes you do the right thing at the right moment and in the right way, without necessarily passing through the reason or mental formation.

For instance, one may act with a perfect knowledge of what should be done, and without intervention — the least intervention — of the reasoning mind. The mind is silent: it simply looks on and listens in order to register things, it does not act.

 

Here you have said : "Knowledge belongs to a region much higher than that of the human mind, even beyond the region of pure ideas."

(Ibid., p. 6)

 

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Ici, tu as dît: "La connaissance appartient à un domaine beaucoup plus élevé que celui de la mentalité humaine, bien au-dessus de la région des idées pures."

(Ibid., p. 6)

Douce Mère, qu'est-ce que tu entends par "idée pure" ?

 

Nous avons déjà dit cela une fois, et il n'y a pas très longtemps. Les idées pures, c'est ce qui se traduit par des pensées multiples. Une idée peut donner naissance à beaucoup de pensées, et elle peut s'exprimer de beaucoup de manières différentes ; et pourtant elle reste ce qu'elle est.

 

Quelquefois, nous regardons fixement un point ', on oublie tout à ce moment-là et s'il y a un bruit, on est dérangé. Quel est cet état?

 

La concentration ! C'est justement le principe même de la concentration. Est-ce que tu peux le faire spontanément ?

 

Oui, beaucoup de fois.

 

Tiens, c'est très bien !

 

Oui, Douce Mère, mais ce que j'avais pensé à ce moment-là, je ne peux pas l'attraper.

 

Ah !... Si on te tire de là brusquement, la pensée s'évanouit ?

 

Oui.

 

C'est parce que tu entres dans un état de conscience qui est différent de ton état de conscience ordinaire, et probablement le lien entre les deux n'est pas très bien établi. Cela prend du temps. C'est comme si l'on devait construire un pont. Autrement, on fait un saut brusque d'un côté

Sweet Mother., what do you mean by "pure ideas" ?

 

We have already spoken about this once, and not so long ago. Pure ideas are those which are translated into numerous thoughts. One idea may give birth to many thoughts, and can be expressed in many different ways; and yet it remains what it is.

 

Sometimes we look fixedly at a point; one forgets everything at that moment, and if there is a noise one is disturbed. What is this state ?

 

Concentration ! It is exactly the very principle of concentration. Can you do it spontaneously ?

 

Yes, many times.

 

Indeed, that's very good !

 

Yes, Sweet Mother, but what I had thought at that moment 1 can-not capture.

 

Ah ! ... If you are suddenly pulled out from it, thought vanishes ?

 

Yes.

 

That's because you enter a state of consciousness which is different from your ordinary state of consciousness and probably the link between the two is not established very well. That takes time. It is as though one had to build a bridge. Otherwise one takes a sudden jump to one side or the other, and then in jumping one forgets what was there. One leaves behind the experience one had. But if the thing is done methodically, that is, if every day one keeps a particular time for this, and meditates for

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ou de l'autre, et alors, en sautant, on oublie ce qui était là. On laisse derrière l'expérience que l'on a eue. Mais si l'on fait la chose méthodiquement, c'est-à-dire si tous les jours on prend un certain temps pour cela, et que l'on fasse une méditation de dix minutes ou de quinze minutes pour établir le contact entre ça et la vie extérieure, eh bien, au bout d'un certain temps on réussit, et alors on se souvient, et cela devient très utile. C'est très utile. Et si ton pouvoir de concentration est complet, alors il n'est pas de problème que tu ne puisses résoudre — je ne veux pas dire des problèmes d'arithmétique (rires)., je veux dire des problèmes de conduite de vie, de décision à prendre, des problèmes psychologiques à résoudre. Il n'en est pas qui résistent à ce pouvoir de concentration.

Et en effet, c'est très commode de prendre un point : on fixe le point, et on le fixe tellement qu'à un moment donné, on devient le point. On n'est plus quelque chose qui regarde dans le point : on est le point. Et alors, si l'on continue avec assez de force et de tranquillité, sans que rien vous dérange, on peut tout d'un coup se trouver en face d'une porte qui s'ouvre et on passe de l'autre côté. Et alors on a la révélation.

Depuis quand fais-tu cela ? Ça t'est toujours arrivé ? Ou est-ce récent?

 

Je ne sais pas.

 

Tu ne sais pas ? Peut-être le faisais-tu et tu ne t'en apercevais pas !

 

Je ne savais pas.

 

Mais tu ne le fais pas à volonté ? Ça te prend comme cela, ça te saisit?

 

Oui.

 

Ah ! c'est peut-être aussi l'une des raisons pour lesquelles tu ne te souviens pas.

ten or fifteen minutes in order to establish a contact between that and the outer life, well, after some time one succeeds and then one remembers, and this becomes very useful. It is very useful. And if your power of concentration is complete, then there is not a problem you cannot solve — I don't mean arithmetic problems (laughter), I mean problems about leading one's life, about decisions to be taken, psychological problems which need solving. There is not one that can resist this power of concentration.

And in fact it is very convenient to take a point: one looks steadily at the point, and so steadily that at a certain moment one becomes the point. One is no longer somebody looking at the point; one is the point. And then, if you continue with sufficient strength and quietness, without anything disturbing you, you may suddenly find yourself before a door which opens and you pass to the other side, and then you have the revelation.

Since when, have you been doing this ? This has always happened ? Or is it recent ?

 

I don't know.

 

You don't know ? Perhaps you were doing it and were not aware of it!

 

I didn't know.

 

But you don't do it deliberately ? It just comes upon you, takes hold of you ?

 

Yes.

 

Ah ! this is perhaps also one of the reasons why you don't remember.

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(Un autre enfant) Douce Mère, quand on passe dans la région de la connaissance, est-ce qu'il faut passer par des régions intermédiaires ?

 

Intermédiaires ? Mais tu vois, si on le fait par une discipline méthodique, généralement on est obligé de passer d'un plan à l'autre : on s'éveille dans un certain plan, et puis là, on entre dans le repos et on s'éveille dans un autre plan, et ainsi de suite. Et si on le fait comme cela, alors on se souvient, parce qu'on le fait avec sa volonté consciente et on assiste à l'opération — ces mouvements pour tranquilliser l'être afin de pouvoir justement entrer quelque part et voir ce qui s'y passe, et le mouvement de prendre des notes de ce qui s'y passe et de se préparer à une autre ouverture plus haute, tout cela établit le contact conscient entre les différentes parties de l'être, et alors on peut avoir des expériences sans rien oublier, et par-dessus le marché à volonté.

Mais il y a des personnes peu éduquées, par exemple, qui ont tout d'un coup une faculté et qui ont une expérience directe quelque part dans le mental supérieur, ou dans l'être psychique, ou dans une autre partie de l'être. Il y a beaucoup de raisons à cela : ce peut être le résultat de vies antérieures, ce peut être un phénomène de conscience actuel, ce peut être beaucoup de choses. En tout cas, pour que ce soit pleinement utile, il faut que ce soit fait avec la volonté de l'utiliser pour son progrès et de devenir conscient des différentes parties de l'être afin de pouvoir faire ce que l'on doit faire au mieux de ses capacités. Par exemple, j'ai connu des gens qui étaient absolument ignorants et inéduqués, mais qui avaient un don de vision, et un don remarquable : on les mettait en transe et ils voyaient merveilleusement et ils décrivaient — ils savaient voir et décrire tout ce qu'ils voyaient pendant qu'ils le voyaient. Et quand ils étaient sortis de cette condition-là, c'étaient des êtres absolument ordinaires et sans aucune éducation et sans intelligence. Mais c'était un don merveilleux. C'est-à-dire qu'il y a des êtres qui peuvent faire les plus grands progrès au point de vue spirituel, et même intellectuel, et qui en apparence et dans leur vie extérieure sont tout à fait ordinaires. Il y en a d'autres — j'en ai connu qui avaient une réalisation spirituelle absolument merveilleuse, qui vivaient constamment dans la Présence divine, et qui n'avaient jamais eu une vision de leur vie! Et ils s'en plaignaient... C'est

(Another child) Sweet Mother., when one passes into the region of knowledge, is it necessary to pass through the intermediary regions ?

 

Intermediary ? But you see, if one does it by a methodical discipline, generally one is obliged to pass from one plane to another: one wakes up in a particular plane, and then there one enters a sort of sleep and wakes up in another plane, and so on. And if one does it this way, then one remembers, for one does it with one's conscious will and witnesses the working — these movements for quietening the being, precisely, in order to enter somewhere and see what is happening there, and the movement of taking notes of what is happening and preparing oneself for another higher opening, all this establishes conscious contact between the different parts of the being, and then one can have experiences without forgetting anything, and even at will.

But there are some rather uneducated people, for instance, who suddenly develop a faculty and have a direct experience somewhere in the higher mind or the psychic being or in some other part of the being. There are many reasons for this: it may be the result of former lives, it may be a phenomenon of consciousness of this life, it could be many things. In any case, for it to be fully useful, it should be done with the will to use it for one's progress and become conscious of the different parts of the being in order to be able to do what one ought to do to the best of one's ability. For instance, I have known people who were absolutely ignorant and uneducated but had a gift of vision, and a remarkable gift : they were put into trance and saw marvellously and described things — they knew how to see and describe all they saw whilst they were seeing it. But when they came out of that condition, they were absolutely ordinary beings without any education and intelligence. Yet that was a marvellous gift. That means there are beings who can make the greatest progress from the spiritual point of view, and even the intellectual, and who yet are apparently and in their outer life quite ordinary. There are others — I have known some who had an absolutely marvellous spiritual realisation, who lived constantly in the divine Presence and yet never had a vision in all their life, and complained about it.... It is a question of temperament, destiny, and probably of the work one has to do, for evidently one can't

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une question de tempérament, de destinée, et probablement de travail que l'on doit faire, parce qu'il est évident que l'on ne peut pas tout faire — physiquement c'est impossible. Par conséquent il faut choisir.

 

Quand le corps tombe malade, est-ce que le mental et le vital tombent malades aussi ?

 

Pas nécessairement. Les maladies (je vous l'ai expliqué) viennent généralement d'une dislocation entre les différentes parties de l'être, d'une sorte de désharmonie. Eh bien, il se peut très bien que le corps n'ait pas suivi certain mouvement de progrès, par exemple, qu'il soit resté en arrière, et que, au contraire, les autres parties de l'être aient progressé, et alors ce déséquilibre-là, cette rupture d'harmonie, crée la maladie, et le mental peut être en très bon état, et le vital aussi. Il y a des gens qui ont été malades pendant des années — des maladies terribles et incurables — et qui ont gardé leur capacité mentale merveilleusement claire, et qui progressaient mentalement. Il y a un poète français (un très bon poète) qui s'appelait Sully Prudhomme ; il était mortellement malade ; et c'est à ce moment-là qu'il a produit ses plus beaux poèmes. Il restait d'une humeur charmante, aimable, souriante — aimable avec tout le monde —, et pourtant son corps s'en allait en morceaux. Cela dépend des gens. Il y en a d'autres, au contraire, dès qu'ils ont le moindre mal, tout est déséquilibré du haut en bas — ils ne valent plus rien. Pour chacun, la combinaison est différente.

 

On dit qu'il y a une relation entre le physique et le mental. Si le mental ne va pas bien, alors?

 

Mais certainement il y a une relation entre le physique et le mental ! Il y a même plus qu'une relation : c'est un lien très étroit puisque, la plupart du temps, c'est le mental qui rend le physique malade. En tout cas, il est le principal facteur.

do everything — physically it is impossible. Consequently one must choose.

 

When the body falls ill, do the mind and vital also fall ill ?

 

Not necessarily. Illness (I have explained this to you) comes usually from a dislocation between the different parts of the being, from a sort of disharmony. Well, it can very well happen that the body has not followed a certain movement of progress, for instance, that it has remained behind, and that, on the other hand, the other parts of the being have progressed, and then that disequilibrium, that rupture of harmony creates the illness, and the mind may be in a very fine state, and the vital also. There are people who have been ill for years — with terrible, incurable diseases — and who have kept their mental capacity marvellously clear, and progressed mentally. There is a French poet (a very good poet) called Sully Prudhomme; he was mortally ill; and it was then that he wrote his most beautiful poems. He remained charming, amiable, smiling — amiable with everyone, and yet his body was going to pieces. That depends on people. There are others still who, as soon as they feel the least bit ill, everything is upset from top to bottom — they are then good for nothing. For each one the combination is different.

 

It is said there is a relation between the body and the mind. If the mind is not quite all right., then ?

 

But certainly there is a relation between the body and the mind ! There is even more than a relation : it is a very close tie, for most of the time it is the mind which makes the body ill. In any case, it is the principal factor.

 

And if the body is not well ?

 

That depends on people, I told you. There are people —as soon as

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Et si le corps ne va pas bien ?

 

Cela dépend des gens, je te dis. Il y a des gens, dès qu'ils ont la moindre chose à leur corps, leur mental est complètement déséquilibré. Il y en a d'autres qui peuvent être très malades et qui gardent leur mental clair. Il est plus rare et plus difficile de voir un mental qui est déséquilibré et un corps qui reste sain — ce n'est pas impossible, mais c'est beaucoup plus rare, parce que le corps dépend beaucoup de l'état du mental. Le mental (je l'ai écrit là) est le maître du physique. Et j'ai dit que c'était un serviteur très docile et très obéissant. Seulement on ne sait pas se servir de son mental, au contraire. Non seulement on ne sait pas s'en servir, mais on s'en sert mal — aussi mal que possible. Le mental a un pouvoir de formation considérable et une action directe sur le corps, et généralement on se sert de ce pouvoir pour se rendre malade. Parce que dès que la moindre chose ne va pas, le mental commence à former et à construire toutes les catastrophes possibles, à se demander si ce sera ceci, si ce sera cela, est-ce que ça va être comme ça, et comment ça se terminera. Eh bien, si, au lieu de laisser ce mental faire une œuvre tout à fait néfaste, on se servait de la même capacité pour faire des formations favorables — simplement, par exemple, pour donner confiance au corps, pour lui dire que c'est seulement un déséquilibre passager et que ce n'est rien, et que s'il entre dans un véritable état de réceptivité, le mal peut passer aussi facilement qu'il est venu, et que l'on peut se guérir en quelques secondes —, si l'on sait faire cela, on obtient des résultats merveilleux.

Il y a une minute de choix, même dans un accident. Par exemple, on glisse et on tombe. Juste entre le moment où l'on a glissé et le moment où l'on tombe, il y a une fraction de seconde. À ce moment-là, on a le choix : ça peut être rien, ça peut être grave. Seulement, naturellement, il faut avoir la conscience tout à fait éveillée et être en rapport avec son être psychique constamment : on n'a pas le temps de se mettre en rapport, il faut être en rapport. Entre le moment où l'on glisse et le moment où l'on est par terre, si la formation mentale et psychique est suffisante, ce n'est rien, il n'arrivera rien — il n'arrive rien. Tandis que si, à ce moment-là, le mental est selon son habitude un pessimiste et qu'il se dise : "Aïe ! j'ai glissé !" ... Ça dure une fraction de seconde (ce n'est pas une chose qui prend une minute, c'est une fraction de seconde), pendant une fraction de

the least thing happens to their body, their mind is completely upset. There are others still who may be very ill and yet keep their mind clear. It is rarer and more difficult to see a mind that's upset while the body remains healthy — it is not impossible but it is much rarer, for the body depends a great deal on the state of the mind. The mind (I have written it there in the book) is the master of the physical being. And I have said the latter was a very docile and obedient servant. Only one doesn't know how to use one's mind, rather the opposite. Not only does one not know how to use it, but one uses it ill — as badly as possible. The mind has a considerable power of formation and a direct action on the body, and usually one uses this power to make oneself ill. For as soon as the least thing goes wrong, the mind begins to shape and build all the catastrophes possible, to ask itself whether it could be this, whether it could be that, if it is going to be like that, and how it will all end. Well, if instead of letting the mind do this disastrous work, one used the same capacity to make favourable formations — simply, for example, to give confidence to the body, to tell it that it is just a passing disturbance and that it is nothing, and if it enters a real state of receptivity, the disorder will disappear as easily as it has come, and one can cure oneself in a few seconds — if one knows how to do that, one gets wonderful results.

There is a moment for choice, even in an accident. For instance, one slips and falls. Just between the moment one has slipped and the moment one falls there is a fraction of a second. At that moment one has the choice: it may be nothing much, it may be very serious. Only, the consciousness must naturally be wide awake and one must be in contact with one's psychic being constantly — there is no time to make the contact, one must be in contact. Between the moment one slips and the moment one is on the ground, if the mental and psychic formation is sufficiently strong, then there is nothing, nothing will happen—nothing happens. But if at that moment, the mind according to its habit becomes a pessimist and tells itself: "Ai ! I have slipped 1" ... That lasts the fraction of a second, that doesn't take even a minute, it is a fraction of a second; during a fraction of a second one has the choice. But one must be so awake, every minute of one's life ! For a fraction of a second one has the choice, there is a fraction of a second in which one can prevent the accident from being serious, can prevent the illness from entering in. One always has the

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seconde on a le choix. Mais il faut être tellement éveillé, à chaque minute de sa vie ! Pendant une fraction de seconde on a le choix, il y a une fraction de seconde où l'on peut empêcher l'accident d'être grave, où l'on peut empêcher la maladie d'entrer en soi. On a toujours le choix. Mais c'est une fraction de seconde et il ne faut pas la manquer. Si on la manque, c'est fini.

 

On peut le faire après ? (rires)

 

Non. Après, il y a encore un autre moment... On est tombé, on s'est déjà fait mal, mais il y a encore un moment où l'on peut faire que cela tourne du bon côté ou du mauvais côté, que ce soit quelque chose de très fugitif dont les mauvais effets disparaîtront vite, ou quelque chose qui deviendra aussi sérieux, aussi grave que ça peut être. Je ne sais pas si vous avez remarqué qu'il y a des personnes qui jamais ne manquent l'occasion d'un accident. Chaque fois qu'il y a la possibilité d'un accident, elles l'ont. Et jamais leur accident n'est ordinaire. Chaque fois que l'accident peut être sérieux, il est sérieux. Eh bien, d'habitude, dans la vie, on dit : "Oh ! c'est un guignard, c'est un malchanceux, vraiment il n'est pas veinard !" Mais tout cela est de l'ignorance. Cela dépend absolument de son fonctionnement de conscience. Je pourrais vous donner des exemples — seulement il faudrait vous parler de personnes et je ne veux pas. Mais je pourrais vous donner des exemples "frappants" ! Et ça, ce sont des choses que l'on voit tout le temps, tout le temps ici ! Il y a des personnes qui auraient pu se tuer et qui en sortent indemnes ; il y en a d'autres pour qui ce n'était pas sérieux, et cela devient sérieux.

Mais cela ne dépend pas de la pensée, du fonctionnement de la pensée ordinaire. Ils peuvent être apparemment avec des pensées aussi bonnes que les autres — ce n'est pas cela. C'est la seconde du choix. Des gens qui savent réagir juste de la bonne façon, à la bonne minute. Je pourrais vous donner des centaines d'exemples. C'est tout à fait intéressant.

Cela dépend absolument des caractères. Certains ont une conscience tellement éveillée, alerte, qu'ils ne sont pas endormis, ils sont éveillés au-dedans d'eux-mêmes. Juste à la seconde où il faut, ils appellent l'aide. Ou ils invoquent la Force divine. Mais juste à la seconde où il faut. Alors

choice. But it is for a fraction of a second and one must not miss it. If one misses it, it is finished.

 

One can make it afterwards? (Laughter)

 

No. Afterwards there is yet another moment.... One has fallen, one is already hurt, but there is still a moment when one can change things for the better or worse, so that it may be something very fugitive the bad effects of which will quickly disappear or something which becomes as serious, as grave as it can be. I don't know if you have noticed that there are people who never miss the opportunity of an accident! Every time there is the possibility of an accident, they have it. And never is their accident ordinary. Every time the accident can be serious, it is serious. Well, usually in life one says: "Oh ! he is unlucky, he is unfortunate, indeed he has no luck !" But all that is ignorance. That depends absolutely on the working of his consciousness. I could give you examples — only I would have to speak about certain people and I don't want to. But I could give you striking examples ! And this — this is the sort of thing one sees all the time, all the time here! There are people who could have been killed and who come out of it unscathed, there are others for whom it was not serious, and it becomes serious.

But that does not depend on thought, on the working of the ordinary thought. They may apparently have thoughts as good as the others — it is not that. It is the second of the choice. — People who know how to react just in the right way at the right time. I could give you some examples. It is quite interesting.

This depends absolutely on character. Some have such an awakened consciousness, so alert, that they are not asleep, they are awake within. Just at the second it is required they call the help. Or they invoke the divine Force. But just at the second it is needed. So the danger is averted, nothing happens. They could have been killed: they come out of it absolutely unhurt. Others, on the contrary, as soon as they have the least little scratch, something gets dislocated in their being: a sort of fright or pessimism or defeatism in their consciousness which automatically comes up — it was nothing, they had just twisted their leg and the next minute they

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le danger est écarté, il ne se passe rien. Ils auraient pu se tuer : ils sortent de là absolument indemnes. D'autres, au contraire, dès qu'il leur arrive la moindre petite égratignure, il y a quelque chose qui se disloque dans leur être : une sorte de frayeur, ou de pessimisme, ou de défaitisme dans leur conscience, qui se produit automatiquement — ce n'était rien, ils se sont tordu le pied, et la minute d'après, ils se le cassent. Il n'y a aucune raison. Ils auraient très bien pu ne pas se casser le pied.

Il y en a d'autres qui grimpent à un premier étage sur une échelle qui croule sous eux. Ils auraient pu s'aplatir par terre—ils sortent de là sans avoir le moindre mal. Comment ont-ils fait? Apparemment, cela paraît admirable, et pourtant ça leur arrive comme cela. Ils se retrouvent par terre tout à fait en bon état ; il ne leur est rien arrivé. Je pourrais vous donner des noms, je vous raconte des faits exacts.

Alors, de quoi cela dépend ? Cela dépend si l'on est suffisamment éveillé pour que, à la seconde du choix ... Et note que ce n'est pas du tout mental, ce n'est pas cela : c'est une attitude de l'être, c'est la conscience qui réagit de la bonne manière. Ça va très loin, très loin, c'est formidable, le pouvoir de cette attitude. Mais comme c'est une fraction de seconde, cela implique une conscience tout à fait éveillée, qui ne s'endort jamais, qui n'entre jamais dans l'inconscient. Parce que l'on ne sait pas quand ça va arriver, n'est-ce pas, par conséquent on n'a pas le temps de se réveiller. Il faut être éveillé.

J'ai connu quelqu'un qui, justement, aurait dû mourir, et qui n'est pas mort à cause de cela. Parce que sa conscience a réagi très vite. Il s'était empoisonné par erreur : au lieu de prendre une dose de médecine, il en avait pris douze, et c'était un poison ; il aurait dû mourir, le cœur devait s'arrêter (il y a des années de cela) et il est encore tout à fait vivant. Il a réagi convenablement.

Si l'on racontait ces choses, on dirait que ce sont des miracles. Ce ne sont pas des miracles : c'est une conscience éveillée.

 

Comment a-t-on été sauvé l'autre jour, quand on travaillait là-bas avec la grue1 ?

 

1 Une équipe de jeunes disciples de l'Ashram était en train de charger un tronc d'arbre sur un camion, à l'aide d'une grue, quand la grue s'est écrasée, volant en morceaux de tous les côtés, sans blesser personne, puis le tronc d'arbre à moitié chargé s'est mis à rouler lentement, faisant pencher le camion et menaçant d'écraser plusieurs garçons, lorsque, sans raison apparente et sans qu'aucun objet physique ne soit là pour le retenir, le tronc d'arbre s'est arrêté brusquement dans sa course.

break it. There is no reason for it. They could very well have not broken their leg.

There are others who climb up to a first floor on a ladder which gives way under them. They could have collapsed — they come out of that without the least hurt. How did they manage it ? Apparently this seems wonderful, and still this is how things happen to them. They find themselves lying on the ground in an altogether fine state; nothing has happened to them. I could give you the names, I am telling you exact facts.

So, on what does this depend ? It depends on whether one is sufficiently awake for the second of the choice .... And note that this is not at all mental, it is not that: it is an attitude of the being, it is the consciousness reacting in the right way. It goes quite far, very far, it is formidable, the power of this attitude. But as it is just a fraction of a second, it implies an altogether awakened consciousness which never sleeps, never enters the inconscient. For one does not know when these things are going to happen, isn't that so ? Hence, one does not have the time to wake up. One must be awake.

I knew someone who, indeed, should have died and did not die because of this. For his consciousness reacted very fast. He had taken poison by mistake: instead of taking one dose of a certain medicine, he had taken twelve and it was a poison; he should have died, the heart should have stopped (it was many years ago) and he is still quite alive ! He reacted in the right way.

If these things were narrated they would be called miracles. They are not miracles: it is an awakened consciousness.

 

How were we saved the other day when working down there with the crane?1

 

I suppose you ought to know !

 

1 A team of young Ashram disciples was trying to lift a tree-trunk into a truck with the help of a crane, when the crane crashed, flying into pieces on all sides, but without hurting anyone. Then the tree-trunk half lifted in began rolling slowly, causing the truck to lean on one side threatening to crush several boys, when, without any apparent reason or any physical object to hold it back the trunk suddenly stopped in its course.

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Je suppose que vous devez le savoir !

 

On le sait partiellement.

 

Très partiellement, vaguement, une sorte d'impression "comme cela" —une impression, presque une attitude, mais pas une connaissance. Comment cela fonctionne, on ne saurait pas le dire!

 

C'était par la grâce.

 

Mais si tu veux m'expliquer comment ça fonctionne, ce serait intéressant pour tout le monde. Ce serait très intéressant de savoir qui, justement, avait la conscience éveillée, avait la foi, et une sorte de ... quelque chose qui a répondu automatiquement, et peut-être pas consciemment.

Il y a des degrés, il y a beaucoup de degrés. L'intelligence humaine est telle qu'à moins qu'il n'y ait un contraste; elle ne comprend pas. N'est-ce pas, j'ai reçu des centaines de lettres de gens qui me remerciaient parce qu'ils avaient été sauvés ; mais c'est très, très rare que quelqu'un m'écrive pour me remercier parce qu'il n'est rien arrivé, vous comprenez ! Prenons un accident, c'est déjà un commencement de déséquilibre. Naturellement, quand c'est un accident public ou collectif, l'atmosphère de chacun a sa part dans la chose, et cela dépend de la proportion des défaitistes et de ceux qui, au contraire, sont du bon côté. Je ne sais pas si je l'ai écrit — c'est écrit quelque part —, mais c'est une chose très intéressante. Je vais vous la raconter ... Les gens ne s'aperçoivent du fonctionnement de la grâce que quand il y a eu un danger, c'est-à-dire quand il y a eu un commencement d'accident, ou quand l'accident s'est produit et qu'ils y ont échappé. Alors ils se rendent compte. Mais jamais ils ne se rendent compte que si, par exemple, un voyage, ou n'importe, se passe sans accident, c'est une grâce infiniment supérieure. C'est-à-dire que l'harmonie est établie de telle façon que rien ne peut arriver. Mais ça leur

We know partly.

 

Very partially, vaguely, a sort of impression like that — an impression, almost an attitude, but not knowledge. How that works, one would not be able to say !

 

It was by grace.

 

But if you can explain to me how that works, it would be interesting for everybody. It would be very interesting to know who exactly had that wakeful consciousness, had faith and a sort of... something that answered automatically, and perhaps not consciously.

There are degrees, many degrees. Human intelligence is such that unless there is a contrast it does not understand. You know, I have received hundreds of letters from people thanking me because they had been saved ; but it is very, very rarely that someone writes to thank me because nothing has happened, you understand ! Let us take an accident, it is already the beginning of a disorder. Naturally when it is a public or collective accident, the atmosphere of each person has its part in the thing, and that depends on the proportion of defeatists and those who, on the contrary, are on the right side. I don't know if I have written this — it is written somewhere — but it is a very interesting thing. I am going to tell you .... People are not aware of the workings of grace except when there has been some danger, that is, when there has been the beginning of an accident or the accident has taken place and they have escaped it. Then they become aware. But never are they aware that if, for instance, a journey or anything whatever, passes without any accident, it is an infinitely higher grace. That is, the harmony is established in such a way that nothing can happen. But that seems to them quite natural. When people are ill and get well quickly, they are full of gratitude, but never do they think of being grateful when they are well; and yet that is a much greater miracle ! In collective accidents, what is interesting is exactly the proportion, the sort of balance or disequilibrium, the combination made by the different atmospheres of people.

There was an aviator, one of the great "aces" as they are called of the

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paraît tout naturel. Quand les gens sont malades et qu'ils guérissent vite, ils sont pleins de reconnaissance ; mais jamais ils ne pensent à être reconnaissants quand ils se portent bien ; et pourtant c'est un miracle beaucoup plus grand ! Dans les accidents collectifs, ce qui est intéressant, c'est justement la proportion, la. sorte d'équilibre ou de déséquilibre, la combinaison produite par les différentes atmosphères des gens.

Il y avait un aviateur qui était un des grands "as", comme on dit, de la première guerre, et qui était un aviateur merveilleux. Il avait remporté d'innombrables victoires, il ne lui était jamais rien arrivé. Mais quelque chose s'est produit dans sa vie, et tout d'un coup il a eu le sentiment qu'il allait lui arriver quelque chose, un accident, que c'était fini. Ce qu'ils appellent leur "bonne chance" était passée ... Cet homme est sorti du militaire pour entrer dans le civil, et il pilotait sur l'une des lignes d'avion — non, pas dans le civil : il est sorti de la guerre, mais il est resté avec les avions militaires. Et alors, il voulait faire une randonnée jusqu'au sud de l'Afrique : depuis la France jusqu'au sud de l'Afrique. Évidemment, quelque chose a dû se disloquer dans sa conscience (je ne le connaissais pas personnellement, alors je ne sais pas ce qui est arrivé). Il est parti d'une certaine ville de France pour aller, je crois, à Madagascar (je n'en suis pas sûre, je crois que c'était Madagascar) et de là, il voulait remonter en France. Mon frère était à ce moment-là gouverneur du Congo, et il avait envie de rejoindre son poste vite. Il a demandé à être admis sur l'avion comme passager (c'était un avion pour faire de ces randonnées professionnelles et montrer ce que les avions peuvent faire). Beaucoup de gens voulaient dissuader mon frère de monter en lui disant : "Non, ces randonnées-là sont toujours dangereuses, il ne faut pas y aller." Mais enfin il y est allé tout de même. Ils ont eu une panne et ils se sont arrêtés au milieu du Sahara, ce qui n'est pas une situation très agréable. Mais enfin, tout s'est arrangé comme par miracle, l'avion est reparti et a déposé mon frère au Congo, là où il devait aller, puis il est descendu plus bas. Et après, à moitié chemin, l'avion s'est écrasé — et l'autre s'est tué ... Il était évident que cela devait arriver. Mais mon frère avait une foi absolue en sa destinée, une certitude qu'il n'arriverait rien. Et cela s'est traduit comme cela: le mélange des deux atmosphères a fait qu'il n'a pas pu éviter qu'il y ait eu une dislocation, puisqu'il y a eu une panne au Sahara et que l'avion a été obligé d'atterrir, mais finalement tout s'est arrangé et il n'y a pas eu

first war, and a marvellous aviator. He had gained numerous victories, nothing had ever happened to him. But something occurred in his life and suddenly he felt that something was going to happen to him, an accident, that it was now all over. What they call their "good luck" had gone. This man left the military to enter civil aviation and he piloted one of these lines — no, not civil aviation : he came out of the war but remained with the military planes. And then he wanted to make a trip to South Africa: from France to South Africa. Evidently, something must have been upset in his consciousness (I did not know him personally, so I don't know what had happened). He started from a certain city in France to go to Madagascar, I believe (I am not sure, I think it was Madagascar). And from there he wanted to come back to France. My brother was at that time governor of the Congo, and he wanted to get back quickly to his post. He asked to be allowed as a passenger on the plane (it was one of those planes for professional tours, to show what these planes could do). Many people wanted to dissuade my brother from going by it, they told him, "No, these trips are always dangerous, you must not go on them." But finally he went all the same. They had a breakdown and stopped in the middle of the Sahara, a situation not very pleasant. Yet everything was arranged as by a miracle, the plane started again and put down my brother in the Congo, exactly where he wanted to go, then it went farther south. And soon after, half-way the plane crashed and the other man was killed .... It was obvious that this had to happen. But my brother had an absolute faith in his destiny, a certitude that nothing would happen. And it was translated in this way: the mixture of the two atmospheres made the dislocation unavoidable, then there was a breakdown and the plane was obliged to land, but finally everything was in order and there was no real accident. But once he was no longer there, the other man had all the force of his "ill-luck" (if you like), and the accident was complete and he was killed.

A similar incident happened to a boat. There were two persons (they were well-known people but I cannot remember their names now), who had gone to Indo-China by plane. There was an accident, they were the only ones to have been saved, all the others were killed, indeed it was quite a dramatic affair. But these two (husband and wife) must have been what may be called bringers of bad-luck — it is a sort of atmosphere they

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d'accident vraiment. Mais une fois que, lui, n'était plus là, l'autre avait toute la force de sa "mauvaise chance" (si vous voulez), et l'accident était complet et il s'est tué.

Il est arrivé une chose analogue avec un bateau. Il y avait deux personnes (c'étaient des gens connus, mais je ne me souviens plus de leurs noms), qui étaient allés en Indochine par avion. Il y a eu un accident, ils ont été les seuls sauvés —tous les passagers ont été tués, enfin c'était une affaire assez dramatique. Mais c'étaient des gens (un mari et une femme) qui devaient être ce qu'on appelle des porte-malheur — c'est une sorte d'atmosphère comme cela. Eh bien, ces gens-là ont voulu retourner en France (parce que, en fait, l'accident est arrivé quand ils voulaient rentrer en France), ils ont voulu retourner en France, ils ont pris un bateau. Et d'une façon tout à fait inattendue, inhabituelle, en pleine Mer Rouge, le bateau a été cogner contre un récif (une chose qui n'arrive pas une fois sur un million de voyages) et le bateau s'est engouffré ; et les autres ont été noyés, et eux ont été sauvés. Et je ne pouvais rien faire, n'est-ce pas, j'avais envie de dire : "Attention, ne voyagez jamais avec eux ! ..." Il y a des individus comme cela : partout où ils sont, ils se sortent de là très bien, mais les catastrophes sont pour les autres.

Si l'on voit les choses d'une façon ordinaire, on ne remarque pas. Mais les associations d'atmosphère, il faut y faire attention. C'est pour cela que quand on voyage d'une façon collective, il faudrait savoir avec qui l'on voyage. Il faudrait avoir une connaissance intérieure, il faut avoir une vision. Et puis, si l'on voit quelqu'un qui a, comme cela, une espèce de petit tourbillon noir autour de lui, il faut faire attention de ne pas voyager avec lui, parce que, sûrement, il arrivera un accident — peut-être pas à lui-même. Par conséquent, il est assez utile de connaître les choses d'une façon un peu plus profonde que le tout-à-fait superficiel.

 

(Regardant l'enfant) Il a l'air de trouver que la vie devient très difficile comme cela!

 

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carry. Well, these two wanted to go back to France (for, in fact, the accident occurred on their way back to France), they wanted to return to France, they took a boat. And quite unexpectedly, unusually, right in the midst of the Red Sea the boat ran into a reef (a thing that doesn't happen even once in a million voyages) and sank, and the others were drowned, and these two were saved. And I could do nothing, you know, I wanted to say: "Take care, never travel with these people ! ..." There are people of this sort, wherever they are, they come out of the thing very well, but the catastrophes are for the others.

If one sees things from the ordinary viewpoint, one does not notice this. But the associations of atmosphere — one must take care of that. That is why when one travels in groups, one must know with whom one travels. One should have an inner knowledge, should have a vision. And then, if one sees somebody who has a kind of small black cloud around him, one must take care not to travel with him, for, surely an accident will occur — though perhaps not to him. Hence, it is quite useful to know things a little more deeply than in the altogether superficial way.

(Looking at the child) He looks as if he found life becoming very difficult in this way !

 

*

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December 30, 1953

 

What do you mean by the instinct of destruction in children?

 

It is not there in all children. I have known many who, on the contrary, were very careful.

Children are not as "concretised", materialised in their physical consciousness as older people — as one grows up, it is as though one is coagulated and becomes more and more gross in one's consciousness unless through a willed action one develops otherwise. For instance, the majority of children find it very difficult to distinguish their imagination, their dreams, what they see inside themselves from outer things. The

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Le 30 décembre 1953

 

Qu'est-ce que tu appelles "/;'esprit de destruction dans les enfants?

(Éducation)

 

Il n'est pas dans tous les enfants. J'en ai connu beaucoup qui, au contraire, étaient très soigneux.

Les enfants ne sont pas aussi "concrétisés", matérialisés dans la conscience physique que les gens plus âgés — à mesure que l'on grandit, c'est comme si l'on se coagulait, et on devient de plus en plus matériel dans sa conscience, à moins que, par une action voulue, on ne se développe autrement. Par exemple, la plupart des enfants ont beaucoup de difficultés à discerner leur imagination, leurs rêves, ce qu'ils voient au-dedans d'eux, des choses extérieures. Le monde n'est pas aussi limité que lorsqu'on est plus grand et plus précis. Et ils sont excessivement sensitifs au-dedans, ils sont beaucoup plus proches de leur être psychique que quand ils grandissent, et ils sont beaucoup plus sensitifs aux forces qui, plus tard, pour eux, deviendront invisibles — mais à ce moment-là, elles ne le sont pas. Il n'est pas rare que les enfants aient des sortes de crises, ou de peurs, ou même de joie dans leur sommeil, avec des rêves. Les enfants ont peur de toutes sortes de choses qui, pour les gens plus âgés, n'existent plus. Leur vision n'est pas uniquement matérielle. Ils ont une sorte de perception plus ou moins exacte et précise du jeu des forces derrière. Alors, étant dans cet état-là, ils sont influencés par des forces qui autrement n'ont pas de prise sur les gens qui sont plus enfermés en eux-mêmes et plus matériels. Et ces forces — les forces de destruction, par exemple, ou des forces de cruauté, des forces de méchanceté, des forces de malveillance —, toutes, toutes ces choses sont dans l'air. Quand on est plus conscient et plus construit intérieurement, on peut les voir comme extérieures à soi-même et se refuser à leur donner une expression. Mais quand on est tout petit et qu'on est dans un demi-rêve, ces choses peuvent prendre beaucoup d'influence et faire faire aux enfants des choses que, dans leur état normal, ils ne feraient pas. Je crois que c'est surtout dû à cela.

Il y a aussi un phénomène d'inconscience. Très souvent un enfant fait du mal sans même se rendre compte que cela fait mal, ils sont inconscients,

world is not as limited as when one is older and more precise. And they are extremely sensitive within ; they are much closer to their psychic being than when they are grown up, and much more sensitive to the forces which, later, will become invisible to them — but at this moment they are not so. It is not unusual for children to have some sort of fits of fear or even of joy in their sleep, from dreams. Children are afraid of all sorts of things which for older people don't exist any more. Their vision is not solely material. They have a kind of perception, more or less exact and precise, of the play of the forces behind. So, being in that state they are influenced by forces which otherwise have no hold over people who are shut up in themselves and more gross. And these forces — the forces of destruction, for example, or forces of cruelty, forces of wickedness, of ill will — all, all these things are in the atmosphere. When one is more conscious and more well-formed within, one can see them as outside oneself and deny them any expression. But when one is very young and lives in a half-dream, these things can exercise much influence and make children do things which in their normal state they would not do. I believe it is due to that above all.

There is also the phenomenon of unconsciousness. Very often a child does harm without even being aware that it is doing harm , they are unconscious, they are shut up in their movement, and they are not aware of the effect of what they do. That happens very often.

That means that if a child is rightly educated, and if one appeals to his best feelings and explains to him that to do things in such and such a way is harmful to others (and one can make this very tangible for them with a little demonstration), they stop doing harm, very often.

It is above all a question of education. These half-conscious movements of cruelty, — it is very rare for parents not to have them ; well, that is enough to set its impression upon a child's consciousness. There are some — but that is a very small number — who have an adverse formation inside them. These are irretrievably wicked children. But they are very rare. There are none here, happily.

 

"Certain it is that the nature of the child about to be born will depend very much upon the mother who forms it, upon her aspiration and

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 ils sont enfermés dans leur mouvement et ils ne se rendent pas compte de l'effet de ce qu'ils font. Cela arrive très souvent.

C'est-à-dire que si l'on éduque un enfant correctement et que l'on fasse appel à son sentiment le meilleur, et qu'on lui explique que de faire les choses de telle et telle manière est nuisible aux autres (et on peut le leur rendre très tangible avec une petite démonstration), ils cessent de faire du mal, très souvent.

C'est surtout une question d'éducation. Ces mouvements de cruauté semi-consciente, i] est très rare que les parents n'en aient pas , eh bien, cela suffit à impressionner la conscience d'un enfant. Il y en a — mais c'est un très petit nombre — qui ont au-dedans d'eux une formation adverse. Ça, ce sont les enfants irrémédiablement méchants. Et ils sont très rares. Il n'y en a pas ici heureusement.

 

"... Il est certain que la nature de l'enfant qui va naître dépend considérablement de la mère qui le forme, de son aspiration et de sa volonté, ainsi que de l'entourage matériel dans lequel elle vit. Veiller à ce que les pensées soient toujours belles et pures, les sentiments nobles et beaux, et l'entourage matériel aussi harmonieux que possible, dans une grande simplicité, est la part de l'éducation qui doit s'appliquer à la mère elle-même, et si elle ajoute à cela une volonté consciente et précise de former l'enfant suivant le plus haut idéal qu'elle peut concevoir, alors seront réalisées les conditions les meilleures pour que l'enfant fasse son apparition dans le monde avec son maximum de possibilités."

(Éducation, p. 12)

 

Quand de grandes âmes veulent naître sur la terre, est-ce qu'elles choisissent leurs parents ?

 

Ah ! cela dépend de leur état de conscience, cela dépend de l'état de leur formation psychique. Si l'être psychique est tout à fait formé, s'il est arrivé à la perfection de son être et qu'il est libre de s'incarner ou de ne pas s'incarner, il a aussi la capacité de choisir. Mais je crois que je vous ai expliqué cela déjà. Ils n'ont pas une vision physique comme

will as much as upon the material surrounding in which she lives. The part of education which the mother has to go through is to see that her thoughts are always beautiful and pure, her feelings always noble and fine, her material surroundings as harmonious as possible and full of a great simplicity. And if in addition she has a conscious and definite will to form the child according to the highest ideal she can conceive, then the very best conditions are provided for the child to come into the world with the maximum of possibilities."

(Education, pp. 11-12)

 

When great souls want to be born upon earth, do they choose their parents ?

 

Ah ! that depends on their state of consciousness, it depends on the state of their psychic formation. If the psychic being is completely formed, if it has reached the perfection of its being and is free to reincarnate or not, it has also the capacity of choosing. But I believe I have explained that to you already. They don't have a physical sight like ours so long as they are not in a body. So, evidently, they look for a body which is adapted and fit to express them, but they must give its share to the material inconscience, if it may be put thus, and to the necessity to adapt themselves to the most material laws of the body. So, from the point of view of the psychic, the choice of the place where one is born is important, it is more than an insignificant detail. But there are so many things that can't be foreseen. For instance, one chooses an environment, a country, a certain type of family, one tries to see the nature of the probable parents, one asks for certain already well-developed qualities in them and a sufficient self-mastery. But all this is not enough if one does not carry in oneself a sufficient dynamism to overcome the obstacles. So, all things considered, this is not enormously important. Anyhow, even at the best, even if the parents have collaborated consciously, there is an enormous mass of the subconscient and the yet lower inconscient which from time to time rises again to the surface, gets stirred up, damages the work, makes calmness and silence indispensable. Always, always a preparation is needed, even if one has chosen — a long preparation. Not to speak of the phenomenon of being half-stunned at the moment of birth, the descent into the body,

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la nôtre tant qu'ils ne sont pas dans un corps. Alors ils cherchent évidemment un corps qui soit adapté et propre à les exprimer, mais il faut qu'ils fassent la part de l'inconscience matérielle, si l'on peut dire, et de la nécessité de s'adapter aux lois les plus matérielles du corps. Alors, du point de vue psychique, le choix de l'endroit où l'on naît est important, c'est plus qu'un détail insignifiant. Mais il y a tant de choses que l'on ne peut pas prévoir. Par exemple, on choisit un milieu, on choisit un pays, on choisit un genre de famille, on essaye de voir quelle est la nature des parents possibles, on leur demande certaines qualités déjà bien développées et une maîtrise de soi suffisante. Mais tout cela ne suffit pas si l'on ne peut pas porter en soi-même le dynamisme suffisant pour dissoudre les obstacles. Alors, tout compte fait, cela n'a pas énormément d'importance. De toute façon, même au mieux, même si les parents ont consciemment collaboré, il y a une masse énorme de subconscient — et d'inconscient encore plus bas — qui de temps en temps remonte à la surface, s'agite, abîme le travail, rend la tranquillité et le silence indispensables. Il faut toujours, toujours une préparation, même si l'on a choisi — beaucoup de préparation. Sans parler du phénomène de semi-abrutissement qui se produit au moment de la naissance, de la descente dans le corps, et qui quelquefois prend très longtemps avant que l'on puisse y échapper tout à fait.

 

Certains enfants sont méchants. Est-ce parce que leurs parents n'ont pas aspiré pour eux ?

 

C'est peut-être une méchanceté subconsciente dans les parents. On dit que les gens rejettent d'eux leur méchanceté en la faisant naître dans leurs enfants. On a toujours une ombre en soi. Il y a des gens qui projettent cela hors d'eux — ça ne les libère pas toujours, mais enfin ça les soulage peut-être ! Mais c'est l'enfant qui en "profite", n'est-ce pas. Il est tout à fait évident que l'état de conscience dans lequel les parents se trouvent à ce moment-là est d'une importance capitale. Si l'on a des idées très basses et très vulgaires, les enfants le refléteront d'une façon tout à fait certaine. Et tous ces enfants qui sont mal formés, mal menés, incomplets (surtout au point de vue de l'intelligence : des trous, des manques), des enfants qui sont seulement semi-conscients et semi-formés, c'est toujours

which often lasts for a very long time before one can escape from it completely.

 

Some children are wicked. Is it because their parents did. not aspire for them?

 

It is perhaps a subconscious wickedness in the parents. It is said that people throw out their wickedness from themselves by giving it birth in their children. One has always a shadow in oneself. There are people who project this outside — that does not always free them from it, but still perhaps it comforts them ! But it is the child who "profits" by it, don't you see ? It is quite evident that the state of consciousness in which the parents are at that moment is of capital importance. If they have very low and vulgar ideas, the children will reflect them quite certainly. And all these children who are ill-formed, ill-bred, incomplete (specially from the point of view of intelligence: with holes, things missing), children who are only half-conscious and half-formed, — this is always due to the fault of the state of consciousness in which the parents were when they conceived the child. Even as the state of consciousness of the last moments of life is of capital importance for the future of the one who is departing, so too the state of consciousness in which the parents are at the moment of conception gives a sort of stamp to the child, which it will reflect throughout its life. So, these are apparently such little things — the mood of the moment, the moment's aspiration, or the degradation, anything whatsoever, everything that takes place at a particular moment — it seems to be so small a thing, and it has so great a consequence: it brings into the world a child who is incomplete or wicked, or finally a failure. And people are not aware of that.

Later, when the child behaves nastily, they scold it. But they should begin by scolding themselves, telling themselves: "In what a horrible state of consciousness I must have been when I brought that child into the world." For it is truly that.

 

Sometimes it so happens that a mother educates her child well, but the people around spoil it. Then what can the mother do ?

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de la faute de l'état de conscience dans lequel se trouvaient les parents quand ils ont conçu l'enfant. De même que l'état de conscience des dernières minutes de la vie est d'une importance capitale pour l'avenir de celui qui est parti, de même l'état de conscience dans lequel se trouvent les parents au moment de la conception donne une sorte d'estampille à l'enfant, qu'il reflétera pendant toute son existence. Alors ce sont en apparence de si petites choses — l'humeur d'un moment, l'aspiration d'une minute, ou la dégradation, ou n'importe, tout ce qui peut se produire à un moment donné —, cela paraît si peu de chose, et cela a une conséquence si grande : ça fait venir au monde un enfant qui est incomplet ou qui est méchant, ou enfin un raté. Et les gens ne se rendent pas compte de cela.

Après, quand l'enfant fait des méchancetés, ils le grondent. Mais ils devraient commencer par se gronder eux-mêmes en se disant : "Dans quel horrible état de conscience je devais être quand j'ai fait venir au monde cet enfant-là !" Parce que c'est cela.

 

Il arrive quelquefois que la mère éduque bien son enfant, mais les gens qui entourent l'enfant le gâtent. Alors que peut faire la mère?

 

Oui, parfaitement. La pire de toutes les choses (que les gens font généralement), c'est de laisser leurs enfants avec des domestiques. C'est un crime. Parce que ces gens-là ont une conscience tout à fait vulgaire, tout à fait basse, tout à fait obscure, et tout spontanément, sans le vouloir, ils font entrer cela dans les enfants. Il y a naturellement aussi l'âge où les enfants sont mis à l'école et où ils commencent à être en rapport avec un tas d'enfants qui ne sont pas toujours très recommandables. Il est très difficile d'échapper à ces relations. Mais tout de même, si l'on a commencé sa vie avec un peu de conscience et une grande bonne volonté, quand on rencontre des gens qui ne sont pas désirables comme compagnie, on le sent. Et si l'on est de bonne volonté, immédiatement on essaie de ne pas les voir, ou de ne pas les avoir avec soi.

 

Mais si le pouvoir de la mauvaise volonté est plus grand que la bonne volonté de l'autre ?

Yes, that's perfectly true. The worst of all (which men usually do) is to leave their children with servants. It is a crime. For these people have an altogether vulgar consciousness, altogether low, altogether obscure; and quite spontaneously, without wanting to do so, they let it enter the children. Naturally, there is also the age when children are put to school and there they begin to come in contact with a host of children who are not always very much to be recommended. It is very difficult to escape these relations. But all the same, if one has started life with a little consciousness and much good will, when one meets people who are not desirable company, one feels it. And if one is good-willed, immediately one tries not to see them or not to be with them.

 

But if the power of ill-will is greater than the other person's good will ?

 

Yes, that's true, that may happen. Fundamentally, this is why we always come back to the same thing: one must do all one can, as well as possible, and do it as an offering to the Divine, and then, once all this is settled and organised, well, if there is really an aspiration in the being, and a being that is a being of light, it can counteract all bad influences. But once one puts one's foot into this world, one can't hope very much to be quite pure and free from bad influences. Every time one eats, one absorbs them, every time one breathes, one absorbs them. Then, essentially, what is necessary is to do the work of cleansing, progressively, as much as one can do it.

 

Why do some children take interest in things only when there is some excitement?

 

They are tamasic. It is due to the large proportion of tamas in the nature. The more tamasic one is, the more does one need violent events, exciting circumstances. When the physical is tamasic, unless one eats spices and highly flavoured food, one does not feel nourished. And yet these are poisons. They act exactly like poison on the nerves. They do not nourish. But it is because people are tamasic, because they do not

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Oui, c'est vrai, cela peut arriver. Au fond, c'est pour cela que l'on en revient toujours à la même chose : il faut faire tout ce que l'on peut, aussi bien qu'on le peut, et le faire comme une offrande au Divin, et puis, une fois que tout cela se sera classé et organisé, eh bien, s'il y a vraiment une aspiration dans l'être et un être qui soit un être de lumière, il peut contrecarrer toutes les mauvaises influences. Mais une fois que l'on met son pied dans ce monde-ci, on ne peut pas beaucoup espérer être tout à fait pur des mauvaises influences. Chaque fois que l'on mange, on en absorbe, chaque fois que l'on respire, on en absorbe. Alors, au fond, ce qu'il faut, c'est faire le travail de nettoyage au fur et à mesure, autant qu'on le peut.

 

Pourquoi y a-t-il des enfants qui s'intéressent aux choses seulement quand il y a de l'excitation ?

 

Ils sont tâmasiques. C'est la proportion de tamas dans la nature. Plus on est tâmasique, plus on a besoin d'événements violents, de circonstances excitantes. Quand le physique est tâmasique, à moins que l'on ne mange des épiées et des aliments avec un goût très fort, on ne se sent pas nourri. Et pourtant ce sont des poisons. Cela agit exactement comme des poisons sur les nerfs. Ça ne nourrit pas. Mais c'est parce qu'ils sont tâmasiques, parce qu'ils n'ont pas suffisamment de conscience dans leur corps. Eh bien, mentalement c'est la même chose, vitalement c'est la même chose. S'ils sont tâmasiques, ils ont toujours besoin de nouvelles excitantes, de drames, d'assassinats, de suicides, etc., pour avoir l'impression de quelque chose, autrement... Et il n'y a rien, rien qui rende plus méchant et plus cruel que le tamas. Parce que c'est ce besoin d'une excitation qui vous secoue un peu, qui vous sorte de vous-même. Et il faut apprendre aussi, là, à discerner entre ceux qui sont exclusivement tâmasiques et ceux qui sont mélangés, et ceux qui sont en lutte au-dedans d'eux-mêmes entre différentes parties. On peut, on doit savoir dans quelle proportion la nature est construite, de façon à pouvoir insister, au besoin, sur une chose ou sur une autre. Certains ont besoin constamment des coups de fouet de la vie pour bouger, autrement ils passeraient leur temps à dormir. D'autres, au contraire, ont besoin de choses calmantes, de silence, de

have a sufficient consciousness in their body. Well, mentally it is the same thing, vitally the same thing. If they are tamasic, they always need new excitements, dramas, murders, suicides, etc. to get the impression of something, otherwise .... And there is nothing, nothing that makes one more wicked and cruel than tamas. For it is this need of excitement which shakes you up a little, makes you come out of yourself. And one must also learn, there, to discern between those who are exclusively tamasic and those who are mixed, and those who are struggling within themselves with their different parts. One can, one must know in what proportion one's nature is constituted, so as to be able to insist at need on one thing or another. Some people constantly need a whipping from life in order to move, otherwise they would spend their time sleeping. Others, on the contrary, need calming things, silence, a retirement in the country-side — all these things that do a lot of good but which must disappear as soon as one needs to make an effort for progress or to realise something or struggle against a defect, conquer an obstacle .... It is complicated, don't you think so ?

The proportion is very important, this proportion of the three "gunas" (you know the three gunas1 ?) the proportion of the three gunas in the nature. And one must know the exact proportion in oneself and how to use one guna to fight the other, and so on. But there is a moment when one should attain a certain equilibrium, and then be capable of establishing it in oneself a little steadily and facing life without having to fall into holes or struggle against terrible things. From that moment then everything goes well.

 

It had been proposed that education in our school and our university centre would be given in accordance with the ideals of Sri Aurobindo. But so far the education is given as outside, one follows the same programme.

 

Yes, my child. And for years I have been fighting for it to be otherwise. When you — you children, here — when you are old enough and

 

1 The three principles of Indian psychology: tamas, rajas and sattwa. Tamas is the principle of inertia and obscurity; rajas the principle of passion, desire and dynamism, sattwa the principle of light and equilibrium.

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retraite dans la campagne — toutes choses qui font beaucoup de bien, mais qui doivent disparaître dès le moment où l'on a besoin de faire un effort pour progresser, ou de réaliser quelque chose, ou de lutter contre un défaut, de vaincre un obstacle ... C'est compliqué, n'est-ce pas.

La proportion est très importante, cette proportion des trois "gouna" (vous connaissez les trois gouna1 ?), la proportion des trois gouna dans la nature. Et de savoir justement cette proportion en soi, et comment se servir de l'une pour lutter contre l'autre, et ainsi de suite. Mais il y a un moment où l'on doit atteindre un certain équilibre, et alors être capable de l'établir en soi d'une façon un peu stable et de faire face à la vie sans avoir à descendre dans des trous ou à lutter contre des choses terribles. À ce moment-là, alors, tout va bien.

 

Il avait été proposé que l'éducation dans notre école et notre centre universitaire se fasse suivant l'idéal de Sri Aurobindo. Mais jusqu'à présent, on donne l'éducation comme on la donne en dehors : on suit le même programme.

 

Oui, mon enfant. Et il y a des années que je me bats pour que ce soit autrement. Quand vous — vous, les enfants ici —, vous serez assez grands et prêts à devenir des professeurs, alors c'est vous qui serez chargés d'enseigner aux nouveaux venus la vraie chose, de la vraie manière. Au fond, pour le moment, nous sommes beaucoup plus une école de professeurs qu'une école d'élèves ! Ce qu'il faut, c'est que vous vous prépariez en apprenant ce que tout le monde sait — parce qu'il y a une base indispensable : ce n'est pas grand-chose, ce n'est pas une base très détaillée ni très profondément établie, mais enfin il y a une base de connaissances générales humaines nécessaire —, mais une fois que vous aurez cette base-là et qu'en même temps vous aurez bénéficié de l'influence qui est ici, et que vous aurez suffisamment lu et compris pour pouvoir voir sous cet angle-là — l'angle de la vie vraie —, eh bien, quand vous saurez tout cela,

 

1 Les trois principes de la psychologie indienne : tamas, radjas et sattwa. Tamas est le principe de l'inertie et de l'obscurité ; radjas, le principe de la passion, du désir et du dynamisme ; sattwa, le principe de la lumière et de l'équilibre.

ready to become professors, then you will be entrusted with teaching the new comers the right thing, in the right way. Essentially, for the time being, it is much more a school of professors than a school of students ! What is wanted is that you prepare yourselves by learning what everybody knows — for there is an indispensable basis: it is not anything very much, it is not a very detailed or very deeply established basis, but still there is a basis of general human knowledge that's necessary — but once you have that basis and have at the same time benefited by the influence that is here, and when you have read and understood sufficiently well to be able to see from that angle — the angle of the true life — well, when you know all that, it will be you who will teach the children from outside what you have learnt. That is part of the work.

It is true that apart from a few rare exceptions, the teaching is given on the most ordinary principles. I know it. But, for instance, in order that it be otherwise, the books which are used should be prepared here, with the extracts chosen here, even with the method of teaching worked out here. I have asked several persons to do it. But this is one of those interminable tasks which make you always put off for the next year the possibility of taking a class which does not follow the grooves of the past. That preparation of the material, for instance, for the true understanding of things, that takes time. One has to face very concrete problems. It is difficult to teach children without their having books to be able to study. But these books, finally, are perforce ordered from the stock available. There is not much choice. One tries to find what best is available, but what best there is is yet not very good. There also, I need people to prepare them, these books. But I believe that it is just someone who has grown up here from childhood and felt things quite subconsciously when very young, — in spite of everything that leaves a trace, it cannot go without any effect, and when one sees children brought up here beside those who come from outside, there is truly a great difference (perhaps not outwardly in the mechanical part of training, but in the understanding, the intelligence, in the inner awakening), there is a considerable difference, and the new ones need some time to come up to the same level. It is something beyond books, don't you see ? It is like the difference between living in a pure atmosphere, filling the lungs with pure air every time one breathes and living in an infected atmosphere and poisoning oneself every time one

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c'est vous qui enseignerez aux enfants du dehors ce que vous aurez appris. Cela fait partie du travail.

Il est vrai que, à part quelques rares exceptions, l'enseignement est donné suivant le principe le plus ordinaire. Je le reconnais. Mais par exemple, pour qu'il en soit autrement, il faudrait que les livres dont on se sert soient des livres préparés ici, avec le choix des citations fait ici, même avec la méthode d'enseignement élaborée ici. J'ai demandé à plusieurs personnes de le faire. Mais ce sont de ces travaux interminables qui font que l'on remet toujours à l'année suivante la possibilité de faire un cours qui ne suive pas l'ornière du passé. Cette préparation matérielle, par exemple, pour la vraie compréhension des choses, cela prend du temps. On a à faire face à des problèmes très concrets, il est difficile d'instruire les enfants sans qu'ils aient des livres pour pouvoir étudier. Mais ces livres, au fond, sont forcément commandés dans le stock existant. On n'a pas beaucoup de choix. On cherche à trouver ce qu'il y a de mieux, mais ce qu'il y a de mieux n'est pas encore très bien. Cela aussi, j'ai besoin de gens pour les faire, ces livres. Mais je crois que, justement, quelqu'un qui a été enfant ici et qui a senti les choses d'une façon très subconsciente quand il était tout petit, malgré tout, ça laisse une trace, ça ne peut pas être sans effet, et quand on voit les enfants qui ont été élevés ici à côté de ceux qui viennent du dehors, il y a vraiment une grande différence (peut-être pas extérieurement dans la partie mécanique de l'instruction, mais dans la compréhension, dans l'intelligence, dans l'éveil intérieur), il y a une différence considérable, et il faut un temps aux nouveaux pour pouvoir se mettre au même niveau. C'est quelque chose qui est par-delà les livres, n'est-ce pas. C'est comme la différence entre vivre dans une atmosphère qui est pure, se remplir les poumons d'air pur chaque fois que l'on respire, ou bien vivre dans une atmosphère infestée et s'empoisonner chaque fois que l'on respire. Au point de vue de la conscience, c'est le même phénomène, et au fond c'est la chose la plus importante. Et c'est celle-là qui échappe tout à fait à la conscience superficielle. On est plongé dans un bain de conscience plein de lumière, d'aspiration, de compréhension vraie, de pureté essentielle, et, qu'on le veuille ou non, ça entre. Même pour ceux qui se ferment dans leur conscience extérieure, eh bien, ils ne peuvent pas dormir en vain. Il y a une action ici, dans le sommeil, qui est considérable, considérable. Alors cela

breathes. From the point of view of consciousness it is the same phenomenon, and it is essentially the most important thing. And it is this which completely escapes the superficial consciousness. You are plunged in a sea of consciousness full of light, aspiration, true understanding, essential purity, and whether you want it or not it enters. Even for those who are shut up in their outer consciousness, well, they cannot sleep in vain. There is an action here during sleep which is quite considerable, considerable. So that has an effect, it is visible. I have seen people who had come altogether from outside, who knew nothing (only they had spent their life taking interest in children), well, the impression of these people — visitors, people just passing by — they are all quite bewildered: "But you have children here as I have never seen elsewhere !" For us, we are used to it, aren't we? There are spontaneously like that, quite naturally. But there is an awakening in the consciousness, there is a kind of inner response, and a feeling of blossoming, of inner freedom which is not found elsewhere. Some of the children who come here are terribly well brought up — so polite, so well-bred, who answer you so ... and one gets the impression of little puppets, just half alive, who have been well polished, well brushed, well groomed outside, but within there is no response. Here, I cannot say that we are giving an example of unusual politeness (!), one is rather a little ... a little what people call "ill-bred". But in that too one is so alive I One feels a consciousness vibrating here. And that is the most important part of all. And of this one does not speak for these are things one does but does not tell — an occasion like today's has to be there for me to speak to you about it. Indeed, it is many years since you have been here, and this is the first time I have had it. Voila.

You have exhausted all your questions ?

 

It is outside the subject. Mother, every year you give a message on the first of January. What does it exactly indicate ?

 

Yes, every year .... During the war it was wonderful, it was like a prophecy of what was going to come. Now there is no longer any war and no more need of prophecy ! But it is always an indication of the progress

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fait un effet, c'est visible. J'ai vu des gens qui étaient venus tout à fait du dehors, qui ne savaient rien (seulement ils avaient passé leur vie à s'intéresser aux enfants), eh bien, l'impression de ces gens — des visiteurs, des gens qui passent comme cela —, ils sont tous ahuris : "Mais vous avez ici des enfants comme je n'en ai jamais vu ailleurs !" Pour nous, nous y sommes habitués, n'est-ce pas. Ils sont spontanément comme cela, tout à fait naturellement. Mais il y a un éveil dans la conscience, il y a une sorte de réponse intérieure et un sentiment d'épanouissement, de liberté intérieure qu'on ne trouve pas ailleurs. Il vous arrive des enfants qui sont terriblement bien élevés — tellement polis, tellement bien élevés, qui vous répondent d'une façon ... et on a l'impression de petits pantins à moitié vivants qui ont été bien polis, bien brossés, bien astiqués au-dehors, mais au-dedans il n'y a pas de réponse. Ici, je ne peux pas dire que nous donnions l'exemple d'une politesse inhabituelle (!) on est plutôt un peu... un peu ce que les gens appellent "mal élevés". Mais on l'est d'une façon vivante ! On sent une conscience qui vibre ici. Et ça, c'est la partie la plus importante. Et c'est ce dont on ne parle pas parce que ce sont des choses que l'on fait et qu'on ne dit pas — il faut une occasion comme aujourd'hui pour que je vous en parle. Enfin, il y a des années que vous êtes ici et c'est la première fois que cela m'arrive. Voilà.

Vous avez épuisé toutes vos questions ?

 

C'est hors du sujet: Mère, chaque année tu donnes une prière le premier janvier, qu'est-ce que cela indique exactement ?

 

Oui, chaque année ... Pendant la guerre c'était merveilleux, c'était comme une prophétie de ce qui allait arriver. Maintenant il n'y a plus de guerre et il n'y a plus besoin de prophéties ! Mais c'est toujours l'indication du progrès qui doit être fait. Vous la recevrez demain matin, la prière1. Mais je vous conseille d'y réfléchir beaucoup. Parce que, vraiment, c'était dit et considéré comme d'une importance capitale. Maintenant nous devenons presque d'intérêt public, en ce sens qu'il y a des tas

 

1 "Seigneur, voici le conseil que Tu donnes à tous pour la nouvelle année : "Ne vous vantez jamais de rien, laissez vos actes parler pour vous."

which has to be made. You will receive it tomorrow morning, this prayer1. But I advise you to reflect deeply on it. For truly it was spoken and considered as of great importance. Now we are becoming almost a thing of public interest, in the sense that there are heaps of visitors coming and lots of people concerned about what we are doing here, and then they are taken round and told what we have supposedly done and what we are going to do and all that. And there was truly a great need to say : "I beg of you, don't speak so much about what we are doing: do it." That is all.

It is always better to do than to speak, and in the least details also.

There is another meaning too, much deeper. But about that I shall, speak to you another time.

Voila, au revoir my children.

THE MOTHER

 

 

 

 

1 "My Lord, here is Thy advice to all, for this year :

"Never boast about anything, let your acts speak for you."

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de visiteurs qui viennent, et il y a des tas de gens qui s'occupent de ce que l'on fait ici, et puis on les promène et on leur montre ce que, censément, nous avons fait et ce que nous ferons et tout cela. Et il y avait vraiment un grand besoin de dire : "Je vous en prie, ne parlez pas tant de ce que nous faisons : faites-le." Voilà !

Il vaut toujours mieux faire que dire, et dans les moindres détails aussi.

Il y a un autre sens, plus profond. Mais cela, je vous en parlerai une autre fois. .

Voilà, au revoir mes enfants.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Notes sur le Chemin

 

Le 25 octobre 1972

 

Le disciple donne une fleur à Mère, et Mère la donne au disciple.

 

C'est le "pouvoir de vérité dans le subconscient".

 

(Après un silence)

 

DANS le subconscient sont accumulées toutes les contradictions.

 

Oui.

 

Et ça monte comme cela (geste rejaillissant) tout le temps, tout le temps. Et alors ... on a l'impression que l'on est absolument imbécile, inconscient, de mauvaise volonté. Et tout cela ... (même geste qui remonte d'en bas).

Et la conscience est là (geste autour de la tête), paisible, extraordinairement paisible ... (Mère ouvre les mains) : que Ta Volonté soit faite, Seigneur. Et alors, ça, ça met une pression sur ce qui vient d'en bas.

C'est comme si la bataille du monde se livrait dans ma conscience.

C'est arrivé au point que, oublier, oublier le Divin une minute, c'est une catastrophe.

 

Et pour toi, comment est-ce ?

 

Eh bien, cela paraît interminable, ce nettoyage du subconscient.

Notes on the Way

 

October 25, 1972

 

The disciple gives a flower to the Mother and the Mother gives it back to the disciple.

 

It is "the power of Truth in the subconscient".

 

(Silence for a while)

 

IN the subconscient all the contradictions are accumulated.

 

Yes.

 

And that rises thus (gesture of gushing up\ all the time, all the time. And then ... you have the feeling that you are absolutely imbecile, inconscient, of bad will. And all that... (the same gesture of a rising up from below).

And the consciousness is there (gesture around the head), peaceful, extraordinarily peaceful... (Mother opens out her hands') : "May your will be done, 0 Lord". And then that puts a pressure upon what is coming from below.

It is as though the battle of the world was being fought within my consciousness.

It has come to such a point that to forget, to forget the Divine even for a minute spells a catastrophe.

And with you how is it ?

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Oui. Ce n'est pas seulement d'une personne : c'est le subconscient de la terre. C'est interminable. Il faut pourtant...

Alors, arrêter cela, ça veut dire arrêter le travail. Continuer cela, ça veut dire qu'il faudrait un temps ... Je ne sais pas ... C'est interminable.

Clairement, clairement, arrêter cela, ça veut dire arrêter le travail. C'est comme si, dans cette conscience-là (geste autour de la tête de Mère), c'était le centre de jonction et d'action.

Alors, je n'ai qu'un moyen, c'est de rester tranquille, tranquille, tranquille ... (Mère ouvre les mains vers le haut) ... Avoir le sentiment que l'individualité, ce n'est rien, rien, rien — ça laisse passer, passer les rayons divins. C'est la seule solution. Il faut que ce soit le Divin qui... qui fasse la bataille.

(silence)

 

La dernière fois, tu avais dit : oh ! il faudra des centaines d'années, et peut-être des millénaires, avant que les hommes se tournent consciemment vers le Divin. Mais...

 

Peut-être pas.

 

... On a l'impression que cette fois-ci, quelque chose de décisif devrait venir.

 

Oui... Tu sais, j'ai l'impression que la personne, c'est comme une image pour fixer l'attention. Les hommes ont besoin de quelque chose — ils ont toujours eu besoin de quelque chose qui soit à leur dimension pour pouvoir fixer leur attention. Et alors, le corps fait tout ce qu'il peut pour ne pas faire d'obstruction à la Force divine qui passe, il s'efforce d'annuler son interception, et en même temps il voit que c'est... comme une image dont les hommes ont besoin pour fixer leur attention.

 

*

**

Well, it seems to be interminable this cleansing of the subconscient.

 

Yes. It is not merely that of one person, it is the subconscient of the earth. It is interminable. And yet one must....

So, to stop that means to stop the work. To continue that means it would take time.... I do not know, ... it is interminable.

Clearly, yes, clearly to stop that means to stop the work. It is as though in the consciousness there (gesture around the Mother's head) lay the centre of function and action.

So I have but one means, to keep quiet, quiet and quiet (Mother opens out her hands upward) ... to have the feeling that individuality is nothing, nothing, nothing — it allows the divine rays to pass. This is the only solution. It is the Divine that must do the battling.

 

(Silence)

 

Last time you said : "Oh! hundreds of years mil be needed, perhaps thousands, before men turn consciously towards the Divine. But...

 

Perhaps not.

 

... One feels that this time something decisive is bound to come.

 

Yes.... You know, I have the feeling that the person is like an image for fixing one's attention. Men have need of something, they have always had the need of something of their dimension so that they can fix their attention. And so the body does all it can in order not to be an obstruction to the Divine Force which passes through, it seeks to annul its interception and at the same time it sees that it is ... as though an image that men need to fix their attention.

 

*

**

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Le 4 novembre 1972

 

Tout le subconscient... (geste qui remonte d'en bas).

 

(silence)

 

Ce n'est pas une sensation, ce n'est pas une connaissance, c'est une espèce de ... (Mère palpe l'air) ... on ne pourrait pas dire une conviction : c'est une certitude — une certitude dans la perception — qu'il y a une Béatitude qui ... qui est là, prête pour nous, et qu'il y a tout un monde de contradictions refoulées dans le subconscient qui vient, comme ça, pour nous empêcher de la sentir. Alors ... On pourrait dire que c'est un champ de bataille, mais dans un calme parfait. C'est impossible à décrire.

Impossible à décrire.

Alors, si je ne bouge pas et que j'entre dans cette Conscience, le temps passe avec une rapidité formidable et dans une espèce de ... de calme lumineux. Et puis la moindre chose qui m'en tire, c'est comme si l'on me tirait dans un enfer. Voilà.

Le malaise est si grand qu'on a l'impression qu'on ne peut pas vivre une minute, plusieurs minutes comme cela. Et puis ... et puis on appelle le Divin ... Alors on a l'impression qu'on se blottit dans le Divin.

Alors ça va.

*

**

 

Le 8 novembre 1972

 

J'ai eu un moment — juste quelques secondes — la conscience supramentale. C'était tellement merveilleux, mon petit ! ... J'ai compris que si l'on nous faisait goûter ça maintenant, nous ne voudrions plus exister autrement. Et nous sommes en train de ... (geste de pétrissage) de changer laborieusement. Et le changement, le processus du changement,

November 4, 1972

 

The whole subconscient... (gesture of a rising from below).

 

(Silence)

 

It is not a sensation, it is not knowledge, it is a kind of... (Mother feels the air with her hand) ... it cannot be called a conviction : it is a certainty — a certainty in the perception — that there is a Beatitude which ... which is there ready for us and that there is a whole world of contradictions suppressed in the subconscient which comes up in this way to prevent us from feeling it. Then ... one might say it is a field of battle but in a perfect calm. It is impossible to describe.

Impossible to describe.

So, if I do not move and if I enter into this consciousness, time passes with a tremendous speed and in a kind of... luminous calm. And then the slightest thing that pulls me out of it, it is as though I was dragged into a hell. That is it.

The unease is so great that you feel you cannot live one minute or a few minutes in that way. And then ... and then ... you call the Divine .... Then you feel you nestle within the Divine.

Then it is all right.

 

*

**

 

November 8, 1972

 

I have had for a moment — just a few seconds — the supramental consciousness. It was so wonderful, my child ! ... I have understood that if we were made to taste of that now, we would not wish to live otherwise and we are in the course of... (gesture of kneading) changing laboriously. And the change, the process of the change, seems .... One can have it

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paraît... On peut l'avoir avec une sorte d'indifférence (je ne sais pas comment dire). Mais ça ne dure pas longtemps. Et généralement c'est laborieux.

Mais cette conscience-là, c'est tellement merveilleux, tu sais !

Et c'est une chose très intéressante parce que c'est comme une extrême activité dans une paix complète. Mais ça a duré quelques secondes.

(silence)

Et toi ?

 

C'est une conscience totale?

 

C'est extraordinaire. C'est comme l'harmonisation des contraires. Une activité, oui, totale, formidable, et une paix parfaite.

Mais ça, ce sont des mots.

 

(silence)

 

C'est une conscience matérielle?

 

L'action est une action matérielle — mais pas de la même manière, n'est-ce pas.

(silence)

 

Qu'est-ce qui fait que l'on peut entrer plus facilement en contact avec ça? Qu'est-ce qui fait qu'on passe là, ou qu'on est là?

 

Je ne sais pas, parce que, moi, constamment, toute la conscience, y compris celle du corps, est toujours (geste d'offrande) tournée vers le... ce qu'elle sent comme le Divin.

Et ça, sans "essayer", tu comprends ?

 

Oui, oui.

*

**

through a sort of indifference (J do not know how to say it). But it does not last for long. And generally it is laborious.

But that consciousness, it is so wonderful, you know !

And it is a very interesting thing, for it is as it were an utmost activity in complete peace. But that lasted only a few seconds.

 

(Silence)

And you ?

 

It is a total consciousness?

 

It is extraordinary. It is like the harmonisation of contraries. An activity, yes, total, tremendous, and a perfect peace.

But all these are words.

 

(Silence)

 

It is a material consciousness ?

 

The action is a material action — but not in the same manner, is it not so ?

 

(Silence)

 

How can one come more easily into contact with that ? How can one reach there or be there?

 

I do not know, because for me the whole consciousness including that of the body is always (gesture of offering) turned constantly towards the ... what it feels as the Divine.

And that without "trying", you understand ?

 

Yes, yes.

*

**

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Le 20 décembre 1972

 

Tu n'as rien à demander ?

 

Je m'étais posé un& question au sujet de Sri Aurobindo. Je m'étais demandé à quel point il en était arrivé quand il est parti—à quel point de la transformation ? Quelle différence de travail, par exemple, y a-t-il entre maintenant, ce que tu fais, et ce qu'il faisait à l'époque ?

 

Il avait accumulé dans son corps beaucoup de force supramentale, et dès qu'il est parti... N'est-ce pas, il était couché, je me suis tenue debout à côté de lui, et d'une façon tout à fait concrète — mais concrète à le sentir si fortement qu'on pensait que ça pouvait être vu —, toute cette force supramentale qui était en lui a passé de son corps dans le mien. Et je sentais la friction du passage. C'était extraordinaire — extraordinaire. Ça a été une expérience extraordinaire. Pendant longtemps, longtemps comme cela (geste du passage de la Force dans le corps de Mère). Je me tenais debout près de son lit, et ça passait.

Presque une sensation — c'était une sensation matérielle.

Pendant longtemps.

Voilà tout ce que je sais.

 

Mais ce que je voudrais comprendre, c'est à quel point du travail intérieur, par exemple du nettoyage du subconscient et de tout cela, en était-ce ? Quelle différence y a-t-il, si tu veux, entre le travail qu'il avait fait à l'époque, et celui auquel tu es arrivée maintenant ? Je veux dire : le subconscient est-il moins subconscient ou ... ?

 

Oh ! oui, ça, sûrement. Sûrement.

N'est-ce pas, ça, c'est la façon mentale de voir les choses —je ne l'ai plus du tout.

 

Oui, Douce Mère.

December 20, 1972

 

You have nothing to ask ?

 

I asked myself a question about Sri Aurobindo. I wanted to know at what point he had arrived when he passed away — at what point of transformation ? What difference in the work, for example, is there between what you are doing now and what he was doing at that time ?

 

He had gathered in his body a great amount of supramental force and as soon as he left.... You see, he was lying on his bed, I stood by his side, and in a way altogether concrete, — concrete with such a strong sensation as to make one think that it could be seen — all this supramental force that was in him passed from his body into mine. And I felt the rubbing of the passage. It was extraordinary — extraordinary. It was an extraordinary experience. For a long time, long time like that (gesture of passing of the Force into the Mother's body). I was standing beside his bed and that continued.

Almost a sensation — it was a material sensation.

For a long time.

That is all I know.

 

But what I wanted to understand is at what point of the inner work, for example, the cleaning of the subconscient and all that, did it stand ? What difference is there, say, between the work he had done at that time and the work to which you have come now ? I mean to say, is the subconscient less subconscient or ...

 

Oh ! yes, that, surely, surely.

Well, this is the mental way of looking at things. I do not have it anymore.

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(silence)

 

La différence, c'est peut-être une différence d'intensité générale ou collective de cette Puissance, de cette Force, non ?

 

Il y a une différence dans le pouvoir de l'action. Lui-même, lui-même a plus d'action, a plus de pouvoir d'action maintenant que dans son corps. D'ailleurs, c'était pour cela qu'il était parti, parce qu'il était nécessaire d'agir comme cela.

C'est très concret, n'est-ce pas. Son action est devenue très concrète. Évidemment, quelque chose qui n'est pas mental du tout. C'est d'une autre région. Mais ce n'est pas éthéré ni... — c'est concret. On pourrait presque dire que c'est matériel.

 

Mais cette autre région, je me suis souvent demandé quel était le vrai mouvement à faire pour y aller ? Il y a deux mouvements possibles : il y a un mouvement vers le dedans, comme vers Pâme, et puis un mouvement où l'on annule l'individualité et on est plutôt dans une largeur sans individu...

 

Il faut les deux.

 

Il faut les deux ?

 

Oui.

(Mère plonge)

 

*

**

Le 30 décembre 1972

 

Alors, cela va être la nouvelle année...

Yes, Mother.

(Silence)

 

The difference is perhaps a difference in the general or collective intensity of this Power, of this Force, is it not so ?

 

There is a difference in the power for action. He himself — possesses more action, more power for action now than when in his body. Besides, it is for that that he left, because it was necessary to act in that way.

It is very concrete. His action has become very concrete. Evidently it is something which is not at all mental. It is from another region. But it is not ethereal nor ... —it is concrete. One could almost say that it is material.

 

But, this other region, I have often asked myself, what is the true movement one must make to get there. There are two possible movements : the movement inward towards the soul and another in which the individuality is annulled and one is rather in a wideness without the individual ...

 

Both must be there.

 

Both must be there ?

 

Yes.

 

(Mother goes into herself)

 

*

**

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Tu sens quelque chose pour cette année nouvelle?

 

(Après un silence) Les choses ont pris une forme extrême. Alors il y a comme un soulèvement de l'atmosphère vers une splendeur ... presque inconcevable, et en même temps, le sentiment qu'à n'importe quel moment on peut... on peut mourir — pas "mourir", mais le corps peut être dissous. Et alors, les deux à la fois cela fait une conscience (Mère hoche la tête)... toutes les choses anciennes semblent puériles, enfantines, inconscientes — là-dedans ... c'est formidable et merveilleux.

Alors le corps, le corps a une prière — et c'est toujours la même :

 

Rends-moi digne de Te connaître .

Rends-moi digne de Te servir

Rends-moi digne d'être Toi

 

Voilà.

Je me sens une force croissante ... mais d'une qualité nouvelle ... dans le silence et la contemplation.

Rien n'est impossible (Mère ouvre les mains vers le haut).

 

(silence)

 

Alors si tu n'as pas de questions ... Si tu veux le silence... le silence conscient... ?

 

Mais je ne sais pas si je fais très bien le mouvement qu'il faut?

 

(Après un silence) Mais quand tu veux entrer en rapport avec le Divin, quel mouvement fais-tu ?

 

Je me mets à tes pieds.

 

(Mère sourit et plonge)

 

 

December 30, 1972

 

So it is going to be the new year ....

 

Do you feel anything for the new year ?

 

(After a silence)

 

Things have taken an extreme form, so there is as it were an uplift of the atmosphere towards a splendour ... almost inconceivable and at the same time the feeling that at any moment one may ... one may die — not "die" but the body may be dissolved. And so the two at the same time form a consciousness (Mother shakes her head) ... all the old things seem puerile, childish, unconscious — within there ... it is tremendous and wonderful.

So, the body, the body has one prayer — and it is always the same :

 

Make me worthy of knowing You,

Make me worthy of serving You,

Make me worthy of being You.

 

I feel in myself a growing force ... but it is of a new quality ... in silence and in contemplation.

Nothing is impossible (Mother opens her hands upward).

 

(Silence)

 

So, if you have not any question ... if you want silence ... conscious silence ?

 

But I do not know if I am making the right movement.

 

(After a silence)

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But when you want to enter in relation with the Divine, what movement do you make ?

 

1 place myself at your feet.

 

(Mother smiles and goes into trance)

THE MOTHER

 

 

There is only one solution for falsehood :

It is to cure in ourselves all that contradicts in our consciousness the presence of the Divine.

THE MOTHER

31.12.1972

 

 

Il y a seulement une manière de mettre fin au mensonge :

c'est d'éliminer en nous tout ce qui contredit dans notre conscience la présence du Divin.

LA MÈRE

31.12.1972

 

 

 

 

 

 

 

 

Top

... nothing can be perfect so long as the Sadhaks and workers do not come to the realisation that they are not here for their ego and self-indulgence of their vital and physical demands but for a high and exacting Yoga of which the first aim is the destruction of desire and the substitution for it of the Divine Truth and the Divine Will.

SRI AUROBINDO

("The Mother", 1972, p. 244)

 

... rien ne peut être parfait tant que les sâdhak et ceux qui travaillent n'arrivent pas à comprendre qu'ils ne sont pas ici pour leur ego ni pour satisfaire leurs revendications vitales et physiques, mais pour un haut yoga exigeant dont le premier but est la destruction du désir et son remplacement par la Vérité divine et par la Volonté divine.

SRI AUROBINDO

 

 

 

 

People often catch hold of something written by me or said by the Mother, give it an interpretation quite other than or far beyond its true meaning and deduce from it a suddenly extreme and logical conclusion which is quite contrary to our knowledge and experience. It is natural, I suppose, and part of the game of the hostile forces ; it is so much easier to come to vehement logical conclusions than to look at the Truth which is many-sided and whole.

SRI AUROBINDO

("Sri Aurobindo on Himself", 1972, p. 493)

 

Souvent, les gens s'emparent de choses écrites par moi ou dites par la Mère, en donnent une interprétation toute différente ou très au-delà de son vrai sens et en déduisent tout d'un coup une conclusion logique extrême qui est tout à fait contraire à notre connaissance et à notre expérience. C'est tout naturel, je le suppose, et cela fait partie du jeu des forces hostiles ; il est tellement plus facile d'arriver à des conclusions logiques véhémentes que de voir la Vérité qui a de nombreux côtés et qui est totale.

SRI AUROBINDO

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Sri Aurobindo

 

Correspondence with Nirodbaran

 

Sri Aurobindo

 

Correspondance avec Nirodbaran

 

June 25, 1934

 

Last night I dreamed that C had come to me and I took hold of his hand : I opened my eyes ; there was no C ! but I felt that he had possessed me just as his spirit would have done. I wanted to cry for Mother but he wouldn't allow me.

 

IT was not C at all, but some vital force taking his form. These are things that happen when you are in the vital world. The only thing needed is not to be afraid and to call on the Mother.

 

 

*

**

 

July 6, 1934

 

Last two weeks what a misery and wretchedness I have gone through! On close inspection I find that the only unusual thing I have done is having meals at D's place, cooked by N.

 

It may have helped but it is not likely to be the main cause. Something in the atmosphere probably to which you opened yourself.

 

Or is it not due to food at all ? I have heard that at the time of Darshan all our cravings are thrown up.

 

There is no such inevitable rule. It is true that attacks are frequent at that time, but one need not admit them..

 

*

**

July 9, 1934

 

X was saying, "What is food-desire after all, for me ? I can give it up at once". How far is this view correct ? Or is the vital having its play out under this pretext ?

 

It is a self-deception of the vital,

Le 25 juin 1934

 

La nuit dernière, j'ai rêvé que C. était venu me voir et que je prenais sa main ; j'ai ouvert mes yeux et pas de C. ! Mais j'ai senti qu'il prenait possession de moi exactement comme son esprit l'aurait fait. J'ai voulu crier vers Mère, mais il m'en a empêché.

 

CE n'était pas C. du tout, mais quelque force vitale qui a pris sa forme. Ces choses arrivent quand on est dans le monde vital. La seule nécessité est de ne pas avoir peur et d'appeler la Mère.

 

*

**

 

Le 6 juillet 1934

 

Ces deux dernières semaines, quelle affreuse misère j'ai traversée ! En regardant de près, j'ai vu que la seule chose inhabituelle que j'avais faite était de prendre mes repas chez D., préparés par N.

Cela a peut-être contribué, mais je ne pense pas que ce soit la cause principale. Probablement, vous vous êtes ouvert à quelque chose dans l'atmosphère.

 

Mais n'est-ce pas vraiment dû à la nourriture? On dit qu'à l'époque des darshan, tous nos désirs remontent.

 

Il n'y a pas de loi inéluctable. Il est vrai que les attaques sont fréquentes à ce moment-là, mais il n'est nul besoin de les laisser entrer.

 

*

**

 

Le 9 juillet 1934

 

X. disait : "Après tout, qu'est-ce que peut me faire ce désir de nourriture ? Je peux l'abandonner instantanément." Dans quelle mesure cette façon devoir est-elle correcte ? Ou est-ce le vital qui s'amuse derrière ce prétexte?

 

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"I have no attachment, so I can go on indulging myself". But in practice the attachment is there, however lofty the attitude.

 

*

**

July 25, 1934

 

I don't know what I should do in order to utilise the time to my best advantage. Shall I begin by stopping all reading altogether in the work ? Please give me the right attitude and interest in work.

 

So long as work or reading either is done merely to utilise time, the right attitude can hardly come or the interest. Work must be done either for pleasure in it or with some purpose beyond itself.

 

*

**

July 28, 1934

 

Mother, during some periods I am awfully afraid to go to pranam, lest I should have the misfortune to see your grave face., with no smile at all. All my despair, melancholy

 

etc., is intensified after that, while your smile disperses all gloom.

 

All this about the Mother's smile and her gravity is simply a trick of the vital. Very often I notice people talk of the Mother's being grave, stern, displeased, angry at pranam, when there has been nothing of the kind — they have attributed to her something created by their own vital imagination. Apart from that the Mother's smiling or not smiling has nothing to do with the sadhak's merits or demerits, fitness or unfitness — it is not deliberately done as a reward or punishment. The Mother smiles on all without regard to these things. When she does not smile, it is because she is either in trance or absorbed or concentrated on something within the sadhak that needs her attention — something that has to be done for him or brought down or looked at. It does not mean that there is anything bad or wrong in him. I have told this a hundred times to any number of sadhaks but in many their vital does not want to accept that because it would lose its main source of grievance, revolt, abhimdna1, desire to go away or give up the Yoga, things which are very precious to it ! The very fact that it has these results and leads to nothing but these darknesses ought to be enough to show you that this

 

1 abhimāna : a sort of love-quarrel (which applies also to the relationship with the Divine).

C'est le vital qui se trompe lui-même : "Je n'ai pas d'attachement, donc je peux continuer à satisfaire mes caprices". Mais pratiquement, l'attachement est là, même si l'attitude est élevée"

 

*

**

 

Le 25 juillet 1934

 

Je ne sais pas ce que je devrais faire pour employer plus profitablement mon temps. Dois-je commencer par arrêter complètement toute lecture dans le travail? Voudriez-vous me dire quelle est l'attitude vraie et l'intérêt que l'on doit prendre dans le travail?

 

Tant que le travail ou la lecture sont faits simplement pour employer son temps, la vraie attitude ne peut guère venir ni l'intérêt. Le travail doit être fait, soit pour le plaisir qu'il donne, soit dans un but qui le dépasse.

 

*

**

 

Le 28 juillet 1934

 

Mère, à certaines périodes, j'ai terriblement peur d'aller au pranām  

 

et d'avoir l'infortune de voir votre visage grave, sans le moindre sourire. Tout mon désespoir, ma mélancolie, etc., sont encore plus grands après, tandis qu'un sourire de vous disperse toutes les ombres.

 

Toute cette histoire du sourire de la Mère et de sa gravité est simplement une malice du vital. Je remarque très souvent que les gens disent que la Mère est grave au pranâm, sévère, mécontente, en colère, alors qu'il n'y a rien de tout cela —ils lui attribuent ce que leur propre imagination vitale a créé. En outre, le sourire de la Mère ou son non-sourire n'a rien à voir avec les mérites ni les démérites du sâdhak, ses capacités ni ses incapacités — ce n'est pas fait délibérément comme une récompense ni comme une punition. La Mère sourit à tout le monde, sans tenir compte de ces histoires. Quand elle ne sourit pas, c'est, ou bien parce qu'elle est en transe, ou bien parce qu'elle est absorbée ou concentrée sur quelque chose qui demande son attention à l'intérieur du sâdhak — quelque chose à faire pour lui ou à amener en lui ou à regarder. Cela ne veut pas dire qu'il y ait quelque chose de mal ni de mauvais en lui. J'ai dit cela cent fois à je ne sais combien de sâdhak, mais le vital de la plupart d'entre eux ne veut pas l'admettre, car il perdrait sa source principale de doléances, révolte, abhimân1, désir de partir ou d'abandonner le yoga, toutes

 

1 Abhimân : querelle d'amour (s'applique aussi aux relations avec le Divin).

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imagination about the Mother's not smiling as a sign of absence of her grace or love is a device and a suggestion of the Adversary. You have to drive away these things and give some chance for the psychic with its. deeper and truer love and surrender coming forward and taking up the ddhdra1 as its kingdom.

 

C asks your opinion about his taking a job in the detention camp. How does he hope to get it being a police-suspect himself ?

 

I forgot to write about this. You had better tell C that I do not look with approval on his idea of the post in the detention camp. Even if he got it, it may lead to very undesirable things.

 

*

**

 

August 8, 1934

 

Last night as I was retiring to bed, I prayed for your light in the subconscient. Strange to say, all the troubles and turmoils were thrown up in response as it were, to the prayer. And this has happened more than once. Is there any coincidence ?

 

1 ādhāra : the human receptacle.

 

The prayer brings a Force which presses on the subconscient and by that pressure these things come up. The ... are of no great importance provided they are not frequent, but they indicate the presence of the sex-impulse there. Many are able to get a control by putting a strong will on the sex-organ or sex-centre before sleeping, but they succeed only after a time. With some it does not succeed because the will in them is not strong enough or not trained up or they have not the habit of controlling the lower movements.

 

*

**

 

August 17, 1934

 

During this Darshan, instead of Ananda, Force or Light I felt a great dryness.

 

It depends upon your condition whether the Ananda or Force or Light descends or whether the resistance rises. It is the resistance of the ordinary physical consciousness ignorant and obscure that seems to have risen in you. The period of i5th is a period of great descents but also of great resistances. This i5th was not an exception.

 

It is exactly one and a half years

choses qui lui sont infiniment précieuses ! Le seul fait qu'elles aient cet effet et n'amènent rien autre que ces obscurités devrait suffire à vous montrer que ces imaginations du non-sourire de la Mère comme signe de l'absence de sa grâce ou de son Amour sont une ficelle et une suggestion de l'Adversaire. Vous devez chasser ces idées et donner une chance au psychique de venir en avant avec son amour plus vrai, plus profond, sa soumission, et de faire de Vâdhâr1 son royaume.

 

C. demande ce que vous pensez de cet emploi qu'il voudrait prendre au camp de détention. Comment peut-il espérer l'obtenir alors qu'il est lui-même suspect auprès de la police ?

 

J'avais oublié de vous en parler. Mieux vaut dire à C. que son idée d'emploi au camp de détention n'a pas mon approbation. Même s'il l'obtient, cela peut conduire à des choses très indésirables.

 

*

**

 

Le 8 août 1934

 

La nuit dernière, comme j'allais

 

1 âdhâr : le réceptacle humain.

 

me coucher, j'ai prié pour que votre lumière descende dans le subconscient. Mais c'est étrange à dire, toutes les difficultés et tous les remous ont été projetés à la surface, comme si c'était la réponse à ma prière. Et c'est arrivé plus d'une fois. Est-ce une coïncidence ?

 

La prière amène la Force, qui presse sur le subconscient, et la pression fait jaillir ces choses. Les ... ne sont pas d'une grande importance, pourvu qu'elles ne soient pas fréquentes, mais elles indiquent la présence de l'impulsion sexuelle, là. Beaucoup arrivent à maîtriser cette difficulté en mettant une forte volonté sur l'organe sexuel ou sur le centre sexuel avant de s'endormir, mais ils ne réussissent qu'au bout d'un certain temps. Pour certains, cela ne réussit pas, parce que leur volonté n'est pas assez forte ou pas entraînée, ou parce qu'ils n'ont pas l'habitude de contrôler les mouvements inférieurs.

 

*

**

 

Le 17 août 1934

 

Pendant ce darshan, au lieu de profitablement, de la Force ou de la Lumière, j'ai senti une grande sécheresse.

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since I have been here. Unfortunately I cannot detect any sign of progress, everything is in status quo, so to say.

 

You have had some experiences which are signs of a future possibility. To have more within the first one and a half years, it would be necessary to have the complete attitude of the sadhak and give up that of the man of the world. It is only then that progress can be rapid from the beginning.

 

I was simply staggered by X's sex abnormalities and would absolutely despair of him unless I knew that your protection and blessings are with him.

 

Yes, he is a phenomenon in that way—but there is something very sincere somewhere in him. Let us hope the inner man will soon get the better of the outer.

 

*

**

August 21, 1934

 

I would like to know why the resistance rushed up on 15th August. You said it depends on one's condition. It is true that I

 

indulged in food or in mental questionings for the last few months.

 

Laxity and self-externalising consciousness more occupied with outer than with inner things.

 

I have resolved to abstain from Sunday indulgences or make them as infrequent as possible. I have already resisted many hankerings for a cup of tea.

 

About food, tea etc., the aim of yoga is to have no hankerings, no slavery either to the stomach or the palate. How to get to that point is another matter — it depends often on the individual. With a thing like tea, the strongest and easiest way is to stop it. As to food the best way usually is to take the food given you — non-attachment and follow no fancies. That would mean giving up the Sunday indulgence. The rest must be done by an inner change of consciousness and not by external means.

If you get something by the darshan it is better to go home and absorb it; if not, it doesn't matter. Only you have to take care not to absorb deleterious influence at the gathering — I mean, moods of doubts, depression, indifference to things spiritual, etc., etc.

 

There are some people who are

Tout dépend de votre état. Selon l'état, c'est l'Ânanda ou la Force ou la Lumière qui descend, ou c'est la résistance qui se lève. C'est la résistance de la conscience physique ordinaire ignorante et obscure qui semble s'être levée en vous. La période du 15 est une période de grandes descentes, mais aussi de grandes résistances. Ce 15 août ne faisait pas exception.

 

Cela fait exactement un an et demi que je suis ici. Malheureusement, je ne vois aucun signe de progrès, tout reste au statu quo, pour ainsi dire.

 

Vous avez eu des expériences qui étaient les signes d'une possibilité à venir. Pour avoir davantage en une première année et demie, il faudrait avoir l'attitude complète du sâdhak et abandonner l'attitude de l'homme du monde. Alors seulement le progrès peut être rapide dès le commencement.

 

J'ai été tout simplement stupéfié des extravagances sexuelles de X. et je désespérerais de lui si je ne savais que votre protection et vos bénédictions sent avec lui.

 

Oui, c'est un phénomène en son genre — mais il y a quelque chose de très sincère quelque part en lui. Espérons que l'homme intérieur l'emportera

bientôt sur l'homme extérieur.

 

*

**

 

Le 21 août 1934

 

Je voudrais savoir pourquoi la résistance s'est précipitée le 15 août. Vous dites que cela dépend de notre état. Il est vrai que j'ai cédé à la nourriture et aux ratiocinations mentales ces derniers mois.

 

Relâchement et extériorisation de la conscience qui s'occupe de choses extérieures plus que des choses intérieures.

 

J'ai pris la résolution de m'abstenir des agapes du dimanche ou de les rendre aussi rares que possibles. J'ai déjà résisté à plus d'une soif de thé.

 

En ce qui concerne la nourriture, thé, etc., le but du yoga est de n'avoir aucune soif—pas d'esclavage, ni à l'estomac ni au palais. Comment arriver là est une autre question — cela dépend souvent de l'individu. Pour une affaire comme le thé, le moyen le plus puissant et le plus facile est de couper court. Quant à la nourriture, le meilleur moyen est généralement de prendre ce qui nous est

 

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very free with their palate and yet are not the worse for it.

 

How do you know they are not any the worse in the yogic sense ?

 

I have resolved to give up Sunday treats, tea-companies, socials etc. This is what you mean, I suppose, by the term ''complete attitude of a sadhak".

 

All these are external things that have their use, but what I mean is something more inward. I mean not to be interested in outward things for their own sake, following after them with desire, at all times to be intent on one's soul, living centrally in the inner being and its progress taking outward things and action only as a means for the inner progress.

 

The question of food is to some extent within one's control, but it is not so easy to control the habitual movement of thoughts in the mind.

 

Detach yourself from it—make your mind external to it, something that you can observe as you observe things occurring in the street. So long as you do not do that it is difficult to be the mind's master.

 

People say that one shouldn't read when one is at work.

 

Usually reading when at work is not desirable. I don't remember just now what your work is.

 

*

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August 25, 1934

 

When I have given up all reading, and taken up work seriously, just then an accident ! People say it is a good sign ! I attribute it to my carelessness.

 

How ? ... It should rather be a warning to be careful than a good sign.

 

*

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August 26, 1934

 

I could not sleep last night, though there was no pain. In the afternoon I had a cup of tea; do you think it is responsible ? It is true that a sense of nervous exhaustion sets in after taking it. It is peculiar I feel it now. It is also funny that in illness, one wants

donné — non-attachement et pas de fantaisies. Cela supposerait que vous abandonniez les agapes du dimanche. Le reste doit se faire par un changement de conscience intérieur et non par des moyens extérieurs.

Si vous recevez quelque chose au darshan, il vaut mieux rentrer chez vous et l'absorber ; sinon, cela n'a pas d'importance. Seulement prenez soin de ne pas absorber des influences nuisibles au moment de la réunion — je veux dire des humeurs de doute, de dépression, d'indifférence aux questions spirituelles, etc.

 

Certains s'en donnent à cœur joie avec leur palais, et ils ne s'en portent pas plus mal.

 

Savez-vous vraiment s'ils ne s'en portent pas plus mal au sens yoguique ?

 

J'ai pris la résolution d'abandonner les festins du dimanche, les invitations au thé, les mondanités, etc. C'est ce que vous entendiez, je suppose, par une "attitude complète de sâdhak" ?

 

Toutes ces décisions sont extérieures et elles ont leur utilité, j'entendais quelque chose de plus intérieur. Je voulais dire :

ne pas s'intéresser aux choses extérieures pour elles-mêmes ni les poursuivre avec désir, mais à tout moment être fixé sur son âme, vivre centralement dans l'être

intérieur et pour son progrès, et prendre les choses extérieures et l'action extérieure simplement comme un moyen du progrès intérieur.

 

Cette question de nourriture peut, dans une certaine mesure, se dominer, mais il n'est pas si facile de dominer les mouvements habituels de la pensée dans le mental.

 

Détachez-vous en — qu'ils soient extérieurs à votre mental, quelque chose que vous pouvez observer comme vous observeriez les incidents de la rue. Tant que vous ne faites pas cela, il est difficile de maîtriser le mental.

 

Les gens disent que l'on ne doit pas lire pendant le travail.

 

Généralement, il n'est pas désirable de lire pendant le travail. En fait, je ne me souviens plus du travail que vous faites.

 

*

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Le 25 août 1934

 

Juste comme j'avais abandonné toute lecture et m'étais mis sérieusement au travail, voilà un accident !

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to enjoy a cup of tea more than anything else. I wanted to stop it after your writing but here I am again!

 

Certainly you should not have taken tea in these circumstances. It is not good for the nerves.

 

All trouble comes at night ! I was a little mortified to think that you can't or won't give me some sleep. After all, I may be responsible for it.

 

It is your nerves that are responsible. They have too little resistance probably to pain and illness and are too easily restless. Relax yourself at night and don't struggle to sleep but relax with all the mind and nerves and body quiet and let sleep come.

*

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September 8, 1934

 

I should like to be a literary man. Do you approve?

 

It depends upon what kind of "literary man" you want to be, ordinary or yogic.

A literary man is one who loves literature

 

and literary activity for its own sake. A Yogic "literary" man is not a literary man at all but one who writes only what the inner will and Word wants to express. He is a channel and an instrument of something greater than his own literary personality.

 

I saw what you wrote to X about reading. I wonder if it applies to me also!

 

What is written for X is not meant for you. He has got into a movement of consciousness in which reading is no longer necessary and would rather interfere with his consciousness. There is no objection to your reading provided it does not interfere with your meditation.

 

*

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September 11, 1934

 

I find here that sadhaks who have flourished as literary men have read a lot — N, A, D etc.

 

Of course the literary man and the intellectual love reading — it is their food. But this is quite apart from writing. There are plenty of people who never wrote a word in the literary way, but were enormous readers. One reads for

Les gens disent que c'est un bon signe ! Je l'attribue à ma négligence.

 

Vraiment? C'est plutôt un avertissement qu'un bon signe.

 

*

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Le 26 août 1934

 

Je n'ai pas pu dormir la nuit dernière, bien qu'il n'y ait pas eu de douleur. Dans l'après-midi-, j'avais fris une tasse de thé, croyez-vous que ce soit la cause ? Il est vrai qu'une impression d'épuisement nerveux commence à se manifester après l'avoir pris. C'est bizarre que je le sente maintenant. Il est curieux aussi que quand on est malade rien ne soit plus désirable qu'une bonne tasse de thé. Je voulais arrêter cela depuis ce que vous m'aviez écrit, mais m'y revoilà!

 

Certainement vous n'auriez pas dû prendre de thé dans cet état. Ce n'est pas bon pour les nerfs.

 

Tous les ennuis viennent la nuit ! J'étais un peu mortifié que vous ne puissiez ou ne vouliez pas me

donner un peu de sommeil. Mais après tout, c'est peut-être de ma faute.

 

C'est de la faute de vos nerfs. Ils ont probablement trop peu de résistance à la douleur et à la maladie, et ils 's'agitent trop facilement. Détendez-vous la nuit et ne luttez pas pour dormir : relaxez-vous en gardant tranquilles tout le mental, les nerfs et le corps, et laissez le sommeil venir.

 

*

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Le 8 septembre 1934

 

J'aimerais être un homme de lettres. Approuvez-vous?

 

Tout dépend de la sorte d' "homme de lettres" que vous voulez être : ordinaire ou yoguique.

Un homme de lettres est celui qui aime la littérature et les activités littéraires pour elles-mêmes. Un homme de "lettres" yoguique, n'est pas du tout un homme de lettres, mais quelqu'un qui écrit seulement ce que la volonté intérieure et le Verbe veulent exprimer. Il est le canal et l'instrument de quelque chose de plus grand que sa personnalité littéraire.

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ideas, for knowledge, for the stimulation of the mind by all that the world has thought or is thinking. I never read in order to write. As the yoga increases I read very little, for when all the ideas in the world come crowding in one, there is not much need of food there. At most a utility for keeping oneself informed of what is in the world — but not as food for one's own seeing of the world and truth and things.

 

I have found that one's reading does not always help one in expressing his thoughts in the most effective way. So also with writing poetry; we have the ideas, words, thoughts, yet we can't write a poem as poets do.

What is it then that operates behind? Reading, natural talent or painstaking labour f

 

Poetry especially — even perfect expression of any kind comes by inspiration, not by reading. Reading helps only to acquire a language or to get the technique of literary expression. Afterwards, one develops one's own use of the language, one's own style, one's own technique. It is a decade or two since I stopped all but the most casual reading, but my power of poetical and perfect expression has increased tenfold. What I wrote with some difficulty, often great difficulty, I now write with ease. I am supposed to be a philosopher, but I never

 

studied philosophy—everything I wrote came from yogic experience, knowledge and inspiration. So too my greater power over poetry and perfect expression was acquired in those last days, not by reading and seeing how other people wrote, but from the heightening of my consciousness and the greater inspiration that came from the heightening.

Reading and painstaking labour are very good for the literary man, but even for him, they are not the cause of his good writing, only an aid to it. The cause is within himself. As to natural, I don't know. Sometimes, the talent is inborn and ready for expression, then you call it natural. Sometimes, it awakes from within afterwards, but I suppose then also it is natural, from a till then hidden nature.

 

I am ashamed to say that I couldn't follow your advice about tea. I fell a victim to the temptation. If I would really profit by giving it up I shall do so.

 

If you can give up, it is all right — if you can't or have to force yourself too much, wait till you can. The important thing is the opening of the inner being.

 

*

**

J'ai mi ce que vous aviez écrit à X. à propos des lectures. Je me demande si cela s'applique à moi aussi !

 

Ce qui est écrit pour X. ne l'est pas .pour vous. Il est entré dans un mouvement de conscience où lire n'est plus nécessaire et, au contraire, entraverait sa conscience. Il n'y a pas d'objection à vos lectures, pourvu qu'elles ne gênent pas vos méditations.

 

*

**

 

Le 11 septembre 1934

 

Je m'aperçois ici que les sâdhak qui sont devenus des hommes de lettres accomplis ont beaucoup lu —par exemple, N, A, D... etc.

 

Les hommes de lettres et les intellectuels aiment lire, bien sûr — c'est leur nourriture. Mais cela n'a rien à voir avec le fait d'écrire. Il y a quantité de gens qui n'ont jamais écrit un mot de littérature, mais qui sont d'énormes lecteurs. On lit pour les idées, pour la connaissance, pour stimuler le mental avec tout ce que le monde a pensé ou pense. Je n'ai jamais lu pour écrire. Plus le yoga avance, moins je lis— quand toutes les idées du monde viennent en foule, il n'est guère besoin de nourriture.

Tout au plus, l'utilité de se tenir au courant de ce qui se passe dans le monde — mais non pour nourrir sa vision du monde, de la vérité et des choses.

 

Je me suis aperçu que la lecture n'aidait pas toujours à exprimer la pensée de la façon la plus pertinente. De même pour écrire de la poésie : on a les idées, les mots, les pensées, et pourtant nous ne pouvons pas écrire un poème comme le font les poètes.

Qu'est-ce donc qui opère derrière? Les lectures, le talent naturel, ou le labeur soigneux?

 

La poésie surtout, et même n'importe quelle expression parfaite, vient de l'inspiration, non des lectures. Lire aide seulement à acquérir un vocabulaire ou la technique de l'expression littéraire. Plus tard, on perfectionne son usage personnel de la langue, son propre style, sa technique. Voilà une décade ou deux que j'ai cessé toute lecture, sauf tout à fait par hasard, mais mon pouvoir d'expression poétique et parfaite a décuplé. Ce que j'écrivais avec difficulté — souvent beaucoup de difficultés —, je l'écris maintenant avec aise. Je suis censé être un philosophe, mais je n'ai jamais étudié la philosophie — tout ce que j'ai écrit est venu de l'expérience yoguique, de la connaissance et de l'inspiration yoguiques. De même, ma maîtrise accrue de la poésie et de l'expression parfaite en

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September 18, 1934

 

Since I seem to have a possibility of opening in the direction of poetry, can I not aspire for it?

 

It seems to me that the aspiration should be mainly directed to the full opening of the Adhar to the divine Force.

 

*

**

 

October 3, 1934

 

Last night I had a dream of a mixed character. I saw that many of us had assembled and were expecting you to come down amongst us. You came. Suddenly we found that N had fallen down, somebody separated us from you by drawing a screen.

 

Dreams of this kind in the vital plane are very common. They correspond to something that has happened there, but the forms are often partly supplied by the subconscient mind and partly true. These "supplied forms" have then to be taken as symbolic, while the rest actually happened in that plane. N's falling down etc. and drawing of the screen seem to be of the supplied kind.

The rest seems to be of a more direct character.

 

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October n, 1934

 

I have been rather clumsy in expressing the thoughts. Somehow I feel a great resistance and words simply won't come. Same resistance everywhere!

 

It is the negative resistance mostly of the physical mind and vital physical — a resistance of inertia, of aprakdsa1 and apravrtti2 against any idea of any possibility of being other than they are. It often comes when the keenness of the vital resistance is no longer there !

 

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October 15, 1934

 

I notice that a definite and marked despair has come over me, making me realise constantly

 

1 aprakāśa : obscurity, nescience.

2 apravṛiti ; inertia, incapacity.

ce temps-là ne s'est pas acquise en lisant ni en voyant comment les autres écrivaient, mais par un haussement de ma conscience et par l'inspiration plus grande qui résultait de ce haussement.

Les lectures et le labeur soigneux sont très bien pour les hommes de lettres, mais même pour eux, ce n'est pas la cause de leur bien écrire, seulement un adjuvant. La cause est au-dedans d'eux. Quant au "naturel", je ne sais pas. Parfois, le talent est inné et prêt à s'exprimer, alors on dit que c'est naturel. Parfois, il s'éveille du dedans, plus tard, mais je suppose que c'est naturel aussi — il s'éveille d'une nature qui était jusque-là cachée.

 

J'ai honte de dire que je n'ai pas pu suivre votre avis concernant le thé. J'ai succombé à la tentation. Si vraiment j'ai avantage à l'abandonner, je le ferai.

 

Si vous pouvez l'abandonner, c'est très bien—si vous ne pouvez pas ou devez forcer trop, attendez jusqu'à ce que vous puissiez. L'important est l'ouverture de l'être intérieur.

 

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Le 18 septembre 1934

 

Puisqu'il semble que j'aie une

possibilité d'ouverture dans Je domaine poétique, ne puis-je pas aspirer à cela ?

 

Il me semble que l'aspiration devrait se diriger surtout vers l'ouverture complète de l'âdhâr à la Force divine.

 

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Le 3 octobre 1934

 

La nuit dernière, j'ai eu un rêve assez mélangé. J'ai vu un grand nombre d'entre nous qui s'étaient assemblés et attendaient que vous descendiez parmi nous. Vous êtes venu. Soudain, nous nous sommes aperçus que N. était tombé, quelqu'un nous a séparés de vous en tirant un écran.

 

Les rêves de ce genre sont très communs sur le plan vital. Ils correspondent à quelque chose qui s'est produit là, mais leur forme est souvent en partie suppléée par le mental subconscient, en partie vraie. Ces "formes suppléées" doivent être prises, alors, d'une façon symbolique, tandis que le reste s'est effectivement produit sur ce plan. La chute de N., etc., et l'écran tiré, semblent être du genre suppléé. Le reste semble avoir un caractère plus direct.

 

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how limited and meagre are my powers and possibilities. Whatever I produce is most mediocre.

 

Even supposing what you produce is not something extraordinary — what does it matter ? Do your best and leave it to the Power to improve your best.

 

I feel quite helpless and without force and energy, without aspiration or faith  I would like to know if and how one is responsible for ' such a condition. Shall I persist in meditation or try to replace it by some reading?

 

These things must be the result either of desire or of inertia or of vital restlessness. If you stop meditation, I do not see how you are going to get rid of these things. It is only by bringing in a higher consciousness that you can get rid of the habitual conditions of the old consciousness.

 

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October 17, 1934

 

Last night I dreamt of two huge snakes with their hoods spread out and when I woke up, what did I see to my utter surprise

 

again two similar snakes standing by my bed. On looking closely I found two parallel beams of light fallen on the curtain. Due to the movement of the curtain, it looked like the swaying of the snakes. But I can't still believe that it was so!

 

It is not a vision. Very often what one sees at the moment of waking prolongs itself into the waking state till the full ordinary consciousness comes back. Here it was further prolonged by finding a physical support in the beams of light. I have often seen in the early stages that a subtle image takes advantage of something physical to make itself more durable and concrete even in the full waking state. Here the snakes were probably Energies, not of the harmful kind.

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October 24, 1934

 

It seems that it is futile to make any effort for anything. One tries hard to reject habitual thoughts but to no avail. How little is the result after some days of effort ! What then is the use?

 

All that is the physical mind refusing to take the trouble of the labour and

Le 11 octobre 1934

 

Je suis plutôt maladroit à exprimer les pensées. Je ne sais pourquoi, je sens une grande résistance et les mots refusent tout simplement de venir. La même résistance partout !

 

C'est la résistance négative du mental physique surtout, et du vital physique (résistance de l'inertie, de l'aprakâsh et dé Vapravritti1'), qui refusent toute idée et toute possibilité d'être autre qu'ils ne sont. Cela vient souvent quand l'acuité de la résistance vitale n'est plus là!

 

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Le 15 octobre 1934

 

Je note qu'un désespoir marqué et bien déterminé m'a envahi et me fait constamment réaliser combien mes possibilités et mes pouvoirs sont maigres et limités. Tout ce que je produis est du plus médiocre.

 

Même en supposant que ce que vous produisez ne soit pas extraordinaire,

 

1 Aprakâsh, obscurité, nescience. Apravritti, inertie, incapacité.

 

qu'est-ce que cela fait ? Faites de votre mieux et laissez le Pouvoir améliorer votre mieux.

Je me sens tout à fait désemparé, 'sans force ni énergie, sans aspiration, sans foi. J'aimerais savoir si et comment on est responsable de ce genre d'état ? Dois-je persister à méditer ou essayer de remplacer la méditation par quelque lecture ?

 

Cet état est sûrement le résultat d'un désir ou d'une inertie ou d'une agitation vitale. Si vous arrêtez la méditation, je ne vois pas comment vous vous débarrasserez de ces choses. C'est seulement en faisant entrer une conscience plus haute que vous pouvez vous débarrasser des états habituels de la vieille conscience.

 

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Le 17 octobre 1934

 

La nuit dernière, j'ai rêvé que deux énormes serpents étaient là avec leur capuchon tout ouvert ; quand je me suis réveillé, qu'ai-je vu à ma grande surprise ? Encore les mêmes deux serpents qui se tenaient près de mon lit. En

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struggle necessary for the spiritual achievement. It wants to get the highest, but desires a smooth course all the way, "who the devil is going to face so much trouble for getting the Divine ?" — that is the underlying feeling. The difficulty with the thoughts is a difficulty every yogi has gone through — so the phenomenon of a little result after some days of effort. It is only when one has cleared the field and ploughed and sown and watched over it that big harvests can be hoped for.

One must either use effort and then one must be patient and persevering, or one can rely on the Divine with a constant call and aspiration. But then the reliance has to be a true one not insisting on immediate fruit.

 

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October 26, 1934

 

X told us today that the Mother was trying to bring down the personality of Durga on the Puja1 day.

 

There was no trying — it came down.

 

1 According to the Indian tradition, every year various aspects of the universal Mother are worshipped during the Puja (ritual adoration).

 

When I came for pranam, the Mother's appearance made me feel that she was Durga herself. I don't know whether such a feeling arose out of the association with the puja on that day, or quite independently of it.

 

All that is the silliness of the physical mind which thinks itself very clever in explaining away the inner feeling or perception.

 

These feelings are so vague and momentary, and not accompanied by a concrete vision.

 

What else do you expect the first touches to be !

 

To give you one instance : I heard as if the Goddess Bhagawati2 were telling me, "I am coming" and many other things which I don't remember now.

 

These things are at least a proof that the inner mind and vital are trying to open to supraphysical things. But if you belittle it at once the moment it starts how can it ever develop !

 

You have shown two ways of

 

2 One of the names of Durga.

regardant de plus près, j'ai vu deux rayons de lumière parallèles qui tombaient sur le rideau. Avec le mouvement du rideau, cela ressemblait tout à fait au balancement des serpents. Mais je n'arrive pas encore à croire que c'était cela !

 

Ce n'est pas une vision. Très souvent, ce que l'on voit au moment du réveil se prolonge à l'état de veille jusqu'à ce que la conscience ordinaire revienne tout à fait. Ici, l'image s'est prolongée plus, longtemps en trouvant le support physique des rayons de lumière. J'ai souvent vu, aux premiers stades, que l'image subtile profite d'un élément physique pour se rendre plus durable et plus concrète, même en plein état de veille. Ici, ces serpents étaient probablement des Énergies, mais pas du genre nuisible.

 

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Le 24 octobre 1934

 

Il semble futile de faire un effort pour quoi que ce soit. On se donne tant de mal à rejeter les pensées habituelles, mais en vain. Comme les résultats sont maigres après plusieurs jours d'effort! À quoi sert donc tout cela ?

 

C'est tout simplement le mental physique

qui refuse de prendre la peine de l'effort et de la lutte nécessaires pour l'accomplissement spirituel. Il veut avoir ce qu'il y a de plus haut, mais désire son petit bonhomme de chemin tout du long : "Qui, diable, va se donner tout ce mal pour trouver le Divin ?" — tel est le sentiment derrière. La difficulté des pensées est une difficulté que tous les yogi ont traversée— d'où le fait du maigre résultat après quelques jours d'effort. C'est seulement quand on a nettoyé le champ et labouré, semé, veillé dessus, que l'on peut espérer de grandes récoltes.

Il faut, ou bien se servir de l'effort, et alors il faut être patient et persévérant, ou bien se confier au Divin avec une aspiration et un appel constants. Mais alors, la confiance doit être vraie et ne pas exiger un fruit immédiat.

 

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Le 26 octobre 1934

 

X. nous a dit que la Mère avait essayé de faire descendre la personnalité de Dourgâ le jour de la Poûdjâ1.

 

Il n'y avait pas d'essai—c'est descendu.

 

1 La tradition indienne veut que chaque année les différents aspects de la Mère universelle soient célébrés à l'époque des "poûdjâ" (adoration rituelle).

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sadhana : one of effort, another of reliance on the Divine with constant call. But aren't they really the same, because the second also means effort at acceptance and rejection ? Is there any less effort here ?

 

A much less. The other is a constant effort to get things down and pull down what one wants. Acceptance and rejection are quite a different thing.

 

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October 30, 1934

 

I have started concentrating in the heart now. Last Sunday while I was meditating I had the vision of your face floating before me for about an hour or so, accompanied by a deep joy. I was fully conscious, but the body became utterly numb. Has anything in me opened up ? Is all this the fulfilment of the promise given by Bhagawati ?

 

It looks like it. At any rate there is evidently an opening in the heart-centre or you would not have had the change or the vision with the stilling of the physical consciousness in the body.

 

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November 7, 1934

 

Why all kinds of depressing thoughts during meditation ?

 

They come in order to disturb or obstruct the meditation and if there are any results gained from it or about to be gained, to come across them.

 

I am trying to be silent within, but the mood of jocularity persists. Is this not, however, a sign of cheerfulness?

 

Not always — moreover the cheerfulness is vital. I do not say that it should not be there, but there is a deeper cheerfulness, an inner sukhahasya1 which is the spiritual condition of cheerfulness.

 

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November 10, 1934

 

About five minutes before the end of evening meditation, I felt such a pressure on the head as if it would burst or I would tumble down. I was then forced to open my eyes to relieve the pressure. Was it because my capacity to contain the Force was limited?

 

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1 sukhahāsya : smile of happiness.

Quand je suis venu pour le pranâm, l'apparence de la Mère me donnait le sentiment quelle était Dourgâ elle-même, Je ne sais pas si ce sentiment est venu par association avec la poûdjâ de ce jour, ou tout à fait indépendamment.

 

Voilà bien la sottise du mental physique qui se croit très malin parce qu'il s'est débarrassé du sentiment ou de la perception intérieure avec une bonne explication.

 

Ces sentiments sont si vagues et si fugitifs, et ils ne s'accompagnent pas d'une vision concrète.

 

Qu'espérez-vous d'autre pour un premier contact !

 

Pour vous donner un exemple, c'était comme si j'entendais la déesse Bhagaïaatî1 me dire : "Je viens", et beaucoup d'autres choses dont je ne me souviens plus maintenant.

 

Cela prouve du moins que le mental et le vital intérieurs essayent de s'ouvrir aux expériences supraphysiques. Mais si vous les dénigrez dès l'instant qu'elles commencent, comment pourraient-elles jamais croître !

 

1 L'un des noms de Dourgâ.

Vous avez montré deux chemins de. sâdhanâ '. celui de l'effort et celui de la confiance en le Divin avec l'appel constant. Mais ces deux chemins ne sont-ils pas pareils, parce que le deuxième implique aussi un effort d'acceptation et de rejet ? Y a-t-il moins d'effort là ?

 

Beaucoup moins. L'autre est un constant effort pour faire descendre et tirer les choses que l'on veut. L'acceptation et le rejet sont tout autre chose.

 

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Le 30 octobre 1934

 

J'ai commencé maintenant à me concentrer dans le cœur. Dimanche dernier, pendant que je méditais, j'ai eu la vision de votre visage qui flottait devant moi pendant une heure environ, et cela s'accompagnait d'une joie profonde. J'étais pleinement conscient, mais le corps était devenu complètement engourdi. Quelque chose s'est-il ouvert en moi? Est-ce l'accomplissement de la promesse de Bhagawatî ?

 

On dirait. En tout cas, il y a évidemment une ouverture dans le centre du cœur, sinon ce changement et cette

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Probably the accumulated Force became more than the physical being could receive. When that happens, the right thing to do is to widen oneself (one can learn to do it by a "little practice"), If the consciousness is in a state of wideness, then it can receive any amount of Force without inconvenience.

 

I had a dream that I had gone home. My mother seeing me after a long time clasped me and pressed  me so hard that I got afraid and began to call you.

 

It is possible that it is not your mother at all, but a vital force taking her shape so as to have a hold on you.

 

P. S. was telling me that cultivation of literature here hasn't much sense, since none will be able to get first class, or outclass Tagore. He must always remain the only brilliant star in literature. Others won't get a chance to shine even by his side.

 

I don't agree with P. S. If a man has a capacity for poetry or anything else, it will certainly come out and rise to greater heights than it would have done elsewhere. Witness D who was unable to write poetry till he came here though he had the instinct and the suppressed power

 

in him, N whose full flow came only here, Arjava, P whose recent poems in Gujerati seem to me to have an extraordinary beauty — though I admit that I am no expert there. H wrote beautifully before, but the sovereign brilliance of his recent poetry is new. There are others who are developing a power of writing they had not before. All that does not show that Yoga has no power to develop capacity. I myself have developed many capacities by Yoga. Formerly I could not have written a line of philosophy — now people have started writing books about my philosophy to my great surprise. It is not a question of first class or second class. One has to produce one's best and develop the "class" ; if class there must be will be decided by posterity. Tagore himself was considered second class by any number of people and the nature of his poetry was fiercely questioned — until the Nobel prize and consequent fame ended their discussions. One has not to consider fame or the appreciation of others, but do whatever work one can do as an offering of one's capacity to the Divine.

 

Of course, he qualified his statement by saying that Supramental Force may do miracles. Such being the case, why not then direct one's energies towards spiritual achievements ?

 

Certainly the energies should be

vision ne se seraient pas accompagnés d'une immobilisation de la conscience physique du corps.

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Le 7 novembre 1934

 

Pourquoi toutes ces pensées déprimantes pendant la méditation?

 

Elles viennent pour déranger la méditation ou faire obstruction et, si l'on obtient—ou va obtenir—quelque résultat, pour se mettre en travers.

 

J'essaye d'être silencieux au-dedans, mais l'humeur facétieuse persiste. Cependant, n'est-ce pas un signe de bonne humeur?

 

Pas toujours — en outre, la bonne humeur est vitale. Je ne dis pas qu'elle ne devrait pas être là, mais il y a une bonne humeur plus profonde, un soukhahâsya1 intérieur qui est l'état spirituel de la bonne humeur.

 

*

**

 

1 Soukhahâsya : rire de bonheur.

 

Le 10 novembre 1934

 

Environ cinq minutes avant la fin de la méditation, j'ai senti une pression si forte sur la tête, comme si elle allait éclater ou que j'allais culbuter. J'ai été forcé alors d'ouvrir les yeux pour me soulager de la pression. Est-ce parce que ma capacité de contenir la Force est limitée?

 

Probablement la Force accumulée est-elle devenue plus grande que l'être physique ne pouvait en recevoir. Quand cela arrive, le mieux est de s'élargir (on peut apprendre à le faire avec "un peu de pratique"). Si la conscience est en état de largeur, elle peut recevoir n'importe quelle quantité de Force sans inconvénient.

 

J'ai rêvé que j'étais allé chez moi. Ma mère, me voyant après si

longtemps, m'a pris dans ses bras et pressé si fort que j'ai pris peur et me suis mis à vous appeler.

 

Il est possible que ce ne soit pas du tout votre mère, mais une force vitale qui a pris sa forme pour avoir prise sur vous.

 

PS ...me disait que la culture . littéraire n'avait pas beaucoup de sens ici puisque personne ne pourra parvenir à la première

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directed towards spiritual achievement here — other things can only be a corollary or else something developed for the service of the spiritual Force.

 

I suppose he didn't mean born  poets like H and N but the common herd like us. But for that

 

matter cannot Yoga make poets out of common stuff ?  

 

Well, of course the first business of Yoga is not to make geniuses at all, but to make spiritual men — but Yoga can do the other thing also.

 

(To be continued)

 

classe ni surclasser Tagore. Celui-ci restera toujours la seule brillante étoile de la littérature. Les autres n'ont pas même une chance de briller à côté de lui.

 

Je ne suis pas d'accord avec P.S. Si quelqu'un a du talent pour la poésie ou pour n'importe quoi d'autre, son talent se manifestera certainement et s'élèvera à des hauteurs plus grandes qu'ailleurs. Témoins D. qui était incapable d'écrire de la poésie avant de venir ici, bien qu'il en eût l'instinct et le pouvoir caché; N. dont le grand flot n'est venu qu'ici; Arjava, P. dont les derniers poèmes en goudjerâtî me semblent avoir une extraordinaire beauté (bien que je ne sois pas expert en cette langue, je le reconnais). H. écrivait admirablement avant, mais l'éclat souverain de ses derniers poèmes est nouveau. Il y en a d'autres aussi qui ont acquis un pouvoir d'écrire qu'ils n'avaient pas avant. Tout cela ne prouve pas que le yoga n'ait pas le pouvoir de faire apparaître des facultés. J'ai moi-même acquis bien des facultés par le yoga. Autrefois, j'étais incapable d'écrire une ligne de philosophie — maintenant les gens se sont mis à écrire des livres sur ma philosophie, à ma grande surprise. Ce n'est pas une question de première classe ni de deuxième classe. Il faut produire ce que l'on a de mieux et cultiver la "classe" — si classe, il doit y avoir, c'est la postérité qui en décidera. Tagore lui-même était considéré comme un poète de deuxième classe par bien des gens et

 

la nature de sa poésie était âprement contestée — jusqu'à ce que le prix Nobel et la gloire qui suivit missent fin à leurs discussions. Il ne faut pas tenir compte de la gloire ni de l'appréciation des autres, mais faire le travail que l'on peut comme une offrande de son talent au Divin.

 

Naturellement, P.S. avait atténué ses propos en disant que la Force supramentale pouvait faire des miracles. Si c'est le cas, pourquoi ne pas diriger nos énergies vers les réalisations spirituelles ?

 

Certainement, les énergies doivent être dirigées ici vers les réalisations spirituelles — les autres accomplissements ne peuvent être que de simples conséquences ou cultivés seulement au service de la Force spirituelle.

 

Je suppose qu'il ne visait pas les poètes-nés comme H. et N.) mais le troupeau ordinaire comme nous. A ce propos, le yoga ne peut-il pas faire des poètes avec cette substance ordinaire ?

 

Ma foi, il va de soi que la première besogne du yoga n'est pas du tout de faire des génies, mais des hommes spirituels — mais le yoga peut aussi faire ceux-là.

 

(à suivre)

 

 

 

 

Top

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Report on the Quarter

Darshan

 

FOR the Darshan of the 24th November 1972, the Mother gave the following Message :

 

"Beyond all preferences and limitations, there is a ground of mutual understanding where all can meet and find their harmony: it is the aspiration for a divine consciousness/'

 

In the morning there was Meditation around the Samadhi and the Darshan of the Mother in the evening. After this there was March Past at the Playground to the accompaniment of the J.S.A.S.A. Band which then played a couple of concert pieces. Later, there was Meditation at the Playground with Mother's recorded readings from Savitri set to Sunil's music.

 

The 5th and 9th December

 

These mark the days of Sri Aurobindo's Mahasamadhi. On the morning of the 5th there was Meditation in and around Sri Aurobindo's room and on the 9th around His Samadhi.

 

Education Academic : Extension Lectures

 

On 26.10.72 Nolini explained to a group of our students and teachers Sri Aurobindo's words : "Always behave as if the Mother was looking at you, for, indeed. She is always present."

On 27.10.72 Andre gave a talk to the above group on freedom in education and later answered questions.

On 15.12.72 Tanmaya, one of our Professors, gave a talk in French on "The World in search of a New Education" in which he recounted his impression of his recent tour in France and Switzerland and the radical developments that are taking place in the various parts of the world.

Rapport Trimestriel

Darshan

 

LE 24 novembre était le jour du Darshan. À cette occasion la Mère a donné le message suivant :

 

"Au-dessus de toutes les préférences et de toutes les limitations, il y a un terrain d'entente où tous peuvent se rencontrer et s'harmoniser : c'est l'aspiration vers une conscience divine."

 

Le matin eut lieu une méditation autour du Samâdhi et, le soir, le Darshan de la Mère depuis sa terrasse. Ensuite le défilé se déroula au Terrain de jeux avec la participation de la fanfare de la J. S.A. S.A. qui joua plusieurs morceaux. Cette journée s'est terminée par une méditation au Terrain de jeux et des enregistrements des lectures de Savitri par la Mère, accompagnés de la musique de Sunil.

 

Les 5 et 9 décembre

 

Ces journées marquent le Mahâsamâdhi de Sri Aurobindo. Le matin du 5 décembre, il y eut méditation autour des appartements et du Samâdhi de Sri Aurobindo et le 9 décembre au matin il y eut également méditation collective au Samâdhi.

 

Cours et Conférences

 

Le 26 octobre Nolini a expliqué à un groupe de nos étudiants et professeurs les paroles suivantes de Sri Aurobindo : "Comportez-vous toujours comme si Mère était en train de vous regarder, car en vérité, elle est toujours présente."

Le 27 octobre André s'est adressé au même groupe en les entretenant de la liberté dans l'éducation, puis répondit aux questions qu'on lui posa.

Le-15 décembre Tanmaya, l'un de nos professeurs, nous a fait part,

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On 18.12.72 Dr. Haridas Chaudhuri, President, California Institute of Asian Studies, San Francisco, U.S.A. gave a talk on Sri Aurobindo's Centenary.

On 20.12.72 Udar, Secretary, Sri Aurobindo's Action, spoke on his recent tour in America and Europe.

On 27.12.72 Dr. Edith Schnapper of Cambridge gave a talk on "Old and New". '

On 29.12.72 Nolini gave a talk on "The Golden Rule" and another on Savitri.

On 6.1.73 Nolini inaugurated this year's Saturday Programme with a talk on an Upanishadic story.

Nirodbaran resumed his weekly talk on Sri Aurobindo; Arindam Basu on The Life Divine; and he and Kanupriya on the Mother and Sri Aurobindo's teachings in Bengali.

 

Christmas

 

As in the previous year, we had distribution in the Hall of Harmony only for the children. In the courtyard below there were some interesting games and competitions for the children who enjoyed themselves immensely with these novel entertainments. For the little children. Father Christmas presided over the distribution of the gifts in the Delafon garden, and yet another Christmas Tree and distribution for the very little ones at the Kindergarten section. For the others, there was a distribution of the Mother's Message in the Ashram Meditation Hall :

 

"We want to show to the world that man can become a true servitor of the Divine. Who will collaborate in all sincerity?"

 

New Year 1973

 

At 12 noon there was Meditation in the Ashram during which Mother read out the Message for 1973 during the New Year Music composed by Sunil. The Message was :

 

"When you are conscious of the whole world at the same time, then you can become conscious of the Divine."

sur le thème du monde à la recherche d'une nouvelle éducation, des impressions de son récent voyage en France et en Suisse et nous a parlé du développement étonnant auquel on assiste en différents endroits du monde.

Le 18 décembre le docteur Haridas Choudhouri, président du département des études asiatiques à l'Institut de Californie à San Francisco, a fait une conférence sur le Centenaire de Sri Aurobindo.

Le 20 décembre Udar, secrétaire de l'Action de Sri Aurobindo, a parlé de son récent voyage en Amérique et en Europe.

Le 27 décembre Dr. Elisabeth Schnapper de Cambridge a donné un exposé intitulé : "l'ancien et le nouveau".

Le 29 décembre Nolini a fait une causerie sur "la règle d'or" et une autre sur Savitri.

Le 6 janvier Nolini a inauguré la nouvelle série des programmes du samedi en nous racontant une histoire tirée des Oupanishad.

Nirodbaran a repris ses entretiens hebdomadaires sur Sri Aurobindo ; Arindam Basu ses conférences sur La Vie Divine et Kanupriya les siennes, en bengali, sur l'enseignement de la Mère et de Sri Aurobindo.

 

Noël

 

Ainsi que l'année passée, il y eut, dans la Salle d'Harmonie, une distribution de cadeaux pour les enfants. Dans la cour de l'école les enfants ont participé à toutes sortes de jeux.

Pour les petits, le Père Noël a fait la distribution des cadeaux dans le jardin Delafon. Pour les tout-petits la fête se passa au Jardin d'enfants.

Les adultes reçurent le message de la Mère dans la salle de méditation à l'Ashram :

 

"Nous voulons montrer au monde que l'homme peut être un vrai serviteur du Divin.

Qui veut collaborer en toute sincérité ?"

 

Le nouvel an 1973

 

À midi eut lieu la méditation au son de la musique de Sunil, et la Mère nous a donné le message suivante

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Mother gave a special Message which was distributed to the students of the Centre of Education :

 

"Let our effort of every day and all time be to know You better and to serve You better".

 

Education Physical

 

The fourth and last season of concentrated training was from i6th September to i5th October. During this season senior men had acquatics, ladies — gymnastics, juniors — games, elder children — athletics and the youngest ones had gymnastics.

 

Senior Men

 

The number of participants in acquatics was 55 out of which 40 were between the ages of 17 and 24 while 2 were above 40. The total number of events was 32, out of which 14 were standard Olympic swimming events (In World Olympics there are 15). 4 x 200 M. Free Style Relay and underwater swimming were introduced for the first time. 54.66 Metres was attained by the best under-water swimmer. This year 15 of the Ashram Records and 48 of the age-group records were improved. One member of F Group improved on 10 records, out of which 6 were Ashram records.

 

Senior Ladies

 

A total of 123 members participated, 59 from Group C, 63 from Group E and I from the Captain's Group. Out of these, 74 participated in Olympic Gymnastics, 17 in Gymnastic Tests and 104 in Mass Exercises for which ii teams were formed in two divisions. In all the competitions, the improvement of performance was quite good.

 

Juniors

 

All the 80 members were divided in sub-groups for each game. The games were Basket Ball, Volley Ball, Soft Ball, Hand Ball, Foot Ball, Hockey, Kabadi and Throw Ball.

"Quand vous devenez conscient du monde tout entier en même temps, alors vous êtes capable d'être conscient du Divin."

 

La Mère a également donné un message spécial aux étudiants du Centre d'éducation :

 

"Que notre effort de chaque jour et de tout le temps soit pour Te mieux connaître et Te mieux servir."

 

Éducation physique

 

La quatrième période d'entraînement intense s'étendit du 16 septembre au 15 octobre : sports aquatiques pour les hommes, gymnastique pour les dames, jeux pour les juniors, athlétisme pour les enfants et gymnastique pour les plus petits.

 

Les hommes

 

Le nombre des participants en sports aquatiques s'éleva à 55 dont 40 âgés de 17 à 24 ans et 2 au-dessus de 40. Il y eut en tout 32 épreuves dont 14 d'un niveau olympique (.les jeux olympiques en comportent 15).

Pour la première fois ont été disputées des courses de relais 4 x 200 m nage libre et des épreuves de natation sous l'eau. Le meilleur nageur sous l'eau a atteint une distance de 54,66 mètres. Cette année 15 records de l'Ashram et 48 records de groupes d'âge ont été améliorés. Un membre du groupe F a amélioré 10 records dont 6 records de l'Ashram.

 

Les dames

 

En tout, 123 membres ont participé : 59 du groupe C, 63 du groupe E et i du groupe des Capitaines. 74 ont pris part à la gymnastique olympique, 17 aux exercices de gymnastique et 104 aux exercices d'ensemble pour lesquels il équipes ont été formées en deux divisions. Pour toutes les compétitions on put noter une amélioration générale.

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Bigger Children (Groups A 1 and A 2)

 

The 86 children were sub-divided in 9 groups and were given fixed figures to suit them, especially in the events of the Vaulting Box, Beam and Agility. They held the competitions from 25th to 30th September. On 17th October they gave a special demonstration which was very good.

 

2nd December Demonstration

 

The fourth season concluded on i5th October, 15 days earlier than usual, allowing these days for practice for the special demonstration of 2nd December. This year being the Birth Centenary of Sri Aurobindo, there was a special programme in which was shown physical activities along with a commentary, quoting relevant passages from the writings of Sri Aurobindo and The Mother. This year the number of participants also was bigger, 540 in all, out of which 431 took part in the Mass Exercises which were so performed to bring out the significance of Sri Aurobindo's symbol through physical movements and formations. In all there were 15 items covering the all round programme of physical education that we are following here in the Ashram. As there was a cut in the electric supply this year, we had practised and performed the whole programme during the daylight hours only. A supplement on the programme of the Demonstration of 2nd December is being published along with this copy of the Bulletin.

 

Outings and Vacation Tournaments

 

As in previous years, after the 2nd December we had our annual outings along with the usual vacation tournaments. The entries drawn were, for Carom 73, Table Foot Ball 50, Chess 49, Wrist Wrestling 36, Chinese Checkers 45, Scrabbles 24, Bagatelle 59, Drawing and Painting 29, Embroidery 27 and Story Writing 14. The entrants were sub-divided into the necessary groups. The tournaments lasted from 3rd to 25th December and prizes were distributed on 3ist December.

There were 31 trainees for Jiu-jitsu from Groups D, F, H, Non Group and Captains. There were 83 trainees for Judo as the main subject with

Les juniors

 

Pour chaque jeu, les 80 membres furent divisés en sous-groupes. Voici les jeux : basket-bail, volley-ball, soft-ball, hand-ball, football, kabaddi et throw-ball.

 

Les grands enfants du groupe Al et A2

 

86 enfants furent divisés en 9 groupes. Ils avaient à accomplir des figures imposées, spécialement dans les épreuves de voltige, de poutre et d'agilité. Leurs compétitions allèrent du 25 au 30 septembre. Le 17 octobre ils présentèrent une très belle démonstration.

 

La démonstration sportive annuelle du 2 décembre

 

La quatrième saison se termina le 15 octobre, 15 jours plus tôt que d'habitude, permettant de consacrer ces deux semaines à l'entraînement en vue de la démonstration du 2 décembre. Pour marquer le centenaire de la naissance de Sri Aurobindo, on établit un programme spécial. Les activités sportives furent accompagnées d'un commentaire citant des passages appropriés de Sri Aurobindo et de la Mère. Cette année le nombre des participants fut plus important, 540 en tout dont 431 prirent part aux exercices d'ensemble, exercices démontrant par différents mouvements et différentes formations la signification du symbole de Sri Aurobindo. Il y eut en tout 15 genres d'exercices représentant le programme complet d'éducation physique que nous poursuivons à profitablement En raison du manque d'électricité, nous n'avons travaillé que le jour. Une publication supplémentaire sur le programme de la démonstration du 2 décembre accompagnera ce bulletin.

 

Sorties et tournois de vacances

 

Après le 2 décembre nous avons eu nos sorties et tournois habituels. Nombre d'inscrits pour ces tournois : carom 73, football de table 50, échecs 49, wrist wrestling 36, chinese checkers 45, scrabbles 24, bagatelle 27, rédaction d'histoires 14.

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lessons in Jiu-jitsu and for some, lessons in Aikido. The trainees were from Groups Ai, B and C in addition to the other groups mentioned above.

 

Entertainments — Educational and Cultural

 

On 29.10.72, Shrimati Padmaja Bhabhade of All-India Radio, Poona, gave a recital of devotional songs and Hindusthani Classical music.

On 31.10.72, children of our Dancing Section staged a dance-drama on a Shri Krishna episode.

On 12.11.72, our children presented a programme of dance, recitations and playlets in Sanskrit.

On the 1st and 2nd December, we celebrated the twenty-ninth anniversary of the Ashram School. On the 1st, our Dramatics Section presented a vocal representation of Canto One, Book Eleven of Sri Aurobindo's epic Savitri with the Mother's recorded readings from the text and Sunil's music. On the i5th December there was a repeat show for the Ashram members.

On the 2nd December, there was a Physical Demonstration, particularly oriented to Sri Aurobindo's Centenary.

On the 2nd December morning, students of the Mother's International School at Delhi, who were here on a visit, presented a variety programme of songs, music and playlets.

On 19.12.72, students of our Vocal Music Section presented a programme of Sanskrit hymns, Bengali songs and readings from a life-sketch of Sri Aurobindo, written by Satadal of Auroville.

On 25.12.72, Sri Aurobindo Library played the recorded Oratorio of Handel's "The Messiah".

On 29.12.72, Shrimati Lalita Ubhayakar of All-India Radio, Bangalore, gave a recital of devotional songs.

During the quarter our Art Room displayed some recent paintings of Dhanvanti, one of our Art teachers, and Sri Aurobindo Library, some paintings on Sri Aurobindo by Vasant Akki, Principal of Vojaya Art Institute, Gadag.

Among the films we saw during the quarter were : Documentary on Sri Aurobindo Ashram, and the Centre of Education, Ben Hur, Kanna Thalli (Telegu), The Funniest Man in the World.

Les participants furent divisés en groupes. Les tournois se tinrent du 3 au 25 décembre et les prix furent distribués le 31 décembre.

Ont opté pour l'entraînement en jiu-jitsu, 31 membres des groupes D, F, H, Sans-groupe et Capitaines. Le nombre des élèves de judo s'éleva à 83; ces élèves reçurent également plusieurs leçons de jiu-jitsu, et, quelques-uns, d'aïkido. Les élèves appartenaient aux groupes Ai, B et C en plus des autres groupes mentionnés plus haut.

 

Divertissements éducatifs et culturels

 

Le 29 octobre Padmaja Bhadbhade de All India Radio, Poona, a donné un récital de chants dévotionnels et de musique classique hindoustani.

Le 31 octobre nos enfants ont dansé une scène de la vie de Krishna.

Le 12 novembre nos enfants ont présenté un programme de danse, de récitations et de petites pièces en sanskrit.

Le Ier et le 2 décembre nous avons célébré le 29e anniversaire de l'École de profitablement Le Ier notre section dramatique a présenté une mise en scène du chant 1 du livre XI de Savitri avec les enregistrements de la Mère et la musique de Sunil. Le 15 décembre on redonna une représentation pour les membres de profitablement

Le 2 décembre eut lieu une démonstration de culture physique sous le signe du Centenaire de Sri Aurobindo.

Également le 2 décembre, au matin, les étudiants de l'École internationale de la Mère à Delhi, en visite à profitablement, nous ont offert un programme varié de chants, de musique et de petites pièces.

Le 19 décembre les élèves de notre section de musique vocale chantèrent des hymnes en sanskrit, des chants en bengali et ils lurent un sketch sur la vie de Sri Aurobindo, écrit par Satadal d'Auroville.

Le 25 décembre le Messie, de Haendel, fut diffusé à la Bibliothèque Sri Aurobindo.

Le 29 décembre Lalita Ubhayakar, de All India Radio, Bangalore, donna un récital de chants dévotionnels.

A la Galerie d'art furent exposées pendant ce trimestre quelques peintures récentes de Dhanavanti, un de nos professeurs d'art. La Bibliothèque exposa quelques peintures de Sri Aurobindo par Vasant Akki, Directeur du Vojaya Art Institute, Gadag.

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General

 

"The best homage we can pay to Sri Aurobindo is to prepare  for the supramental transformation."

 

The Mother gave the above Message to the International Seminar on "Sri Aurobindo and Human Unity". The Seminar, organised by the Government of India's National Committee for Sri Aurobindo Centenary, was held at New Delhi from 5th to 7th December, 1972. The inauguration was presided over by Shrimati Indira Gandhi, Prime Minister of India, and the inaugural address was delivered by Dr. Karan Singh, Union Minister of Tourism and Civil Aviation. Over fifty people from twenty countries in four continents took part in the Seminar, the Director of which was Arindam Basu.

The Government of India has endowed Sri Aurobindo Memorial Annual Lectures to be given at some Universities in India. The University Grants Commission will organise the lectures. Arindam Basu delivered the first series at the Delhi University on 24, 25 and 28th August, 1972. His subject was "Yoga and Evolution".

"Think rather of the future than of the past".

 

The Mother gave the above Message for our Annual General Meeting of teachers which was held on i5th December, 1972.

After the annual recess, the Centre of Education re-opened on i6th December, 1972.

Professor Manoj Das was the recipient of the 1972 Sahitya Academy Award for his book of short stories in Oriya.

 

Visitors

 

A party of 46 Italians, most of whom are devotees of the Mother and Sri Aurobindo, visited the Ashram during Christmas. Our Dancing Section entertained them with Indian music and dancing.

On 18.1.73 the Dalai Lama paid a visit to the Ashram and Auroville. After calling on the Mother, he went round the Centre of Education and spoke a few words to the students. He also visited the centre where Tibetan children are housed.

Parmi les films que nous avons vus durant ce trimestre citons : des documentaires sur Sri Aurobindo Ashram et le Centre d'éducation, Ben Hur, Kanna Thalli (en télougou). The funniest man in the world.

 

Généralités

 

"Le meilleur hommage que nous puissions rendre à Sri Aurobindo est de nous préparer à la transformation supramentale."

 

Tel est le message que la Mère a donné pour le Séminaire international sur Sri Aurobindo et l'Unité humaine. Ce séminaire fut organisé par le Comité national de l'Inde pour le centenaire de Sri Aurobindo et se tint à Delhi du 5 au 7 décembre 1972.

L'inauguration fut présidée par madame Indira Gandhi, Premier Ministre de l'Inde et le discours inaugural fut prononcé par Karan Singh, Ministre de l'Union pour l'Aviation civile et le Tourisme. Plus de cinquante personnes de vingt pays prirent part au Séminaire dont la direction était confiée à Al Basu.

Le gouvernement de l'Inde a assuré le financement de conférences annuelles commémoratives sur Sri Aurobindo dans quelques universités de l'Inde. La Commission des subventions universitaires se charge de l'organisation de ces conférences. Al Basu a commencé par une série de conférences sur le yoga et l'évolution à l'Université de Delhi, les 24, 25 et 28 août 1972.

 

"Pensez plutôt à l'avenir qu'au passé.

 

La Mère a donné ce message le 15 décembre 1972 à l'occasion de la réunion annuelle des professeurs.

Après les vacances annuelles, le Centre d'éducation rouvrit ses portes le 16 décembre 1972.

Le professeur Manoj Das reçut le prix de l'année 1972, décerné par la Sahitya Academy, pour son livre d'histoires courtes en oriya.

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Visiteurs

 

Un groupe de 46 Italiens, pour la plupart des disciples de la Mère et de Sri Aurobindo, ont visité l'Ashram au moment de Noël. Notre section de danse leur présenta un programme de musique et de danses indiennes.

Le 18 janvier 1973, le Dalaï Lama a visité l'Ashram et Auroville. Après son entrevue avec la Mère, il visita le Centre d'éducation et adressa quelques mots aux étudiants. Il se rendit également au centre où habitent les enfants tibétains.

 

Nouvelles publications

 

Sri AurobindoConversations avec Pavitra

Top

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Illustrations

 

 

Sri Aurobindo's Relics

being taken to Baroda

Les reliques de Sri Aurobindo

avant leur départ pour Baroda

 

 

Darshan-day decoration in Mother's Playground room

Décoration pour le jour du Darshan dans la pièce de Mère au Terrain de Jeux

 

Page – I


 

New Hair-cutting Saloon

Notre nouveau salon de coiffure

 

 

A Mouth-organ Class

Une classe d'harmonica

 

Page – II


 

Indoor Games Competition

during the Vacation

Compétition de jeux d'intérieur

pendant les vacances

 

 

Embroidery Competition during the Vacation

Concours de broderie pendant les vacances

 

Page – III


 

Annual School Programme: Savitri"

Représentation annuelle: "Savitri"

 

Page – IV


 

Annual Picnic to Ginjee

Pique-nique annuel à Ginji

 

Page – V


 

Annual Picnic to Mahabalipuram

Pique-nique annuel à Mahâbalipuram

 

Page – VI


 

Sports-star of the year 1972

L'"étoile des sports"

pour l'année 1972

Christmas Function

for Children

Cadeaux de Noël aux enfants

 

Page – VII


 

Around Sri Aurobindo's Samadhi

December 9, 1972

Autour du Samâdhi de Sri Aurobindo,

le 9 décembre 1972

 

Page – VIII


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